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Services à domicile : le rôle essentiel des aidants

Dans une récente enquête, plus de trois-quarts des Français déclarent avoir dans leur entourage une personne en perte d'autonomie ayant décidé de rester à son domicile. Dans ce cas, le recours aux services à domicile est désormais courant, pourtant cette étape est parfois difficile à vivre pour les personnes concernées comme pour leurs proches.

   En France, près de 800 000 enfants de moins de 6 ans sont gardés par des assistants maternels. Au 1er janvier 2001 on comptait au plan national 338 100 agréments d’assistantes maternelles individuelles.
Pour les proches comme pour la personne en situation de dépendance, la mise en place d'une aide est une étape délicate qui nécessite beaucoup de patience, d'écoute et d'empathie. crédit photo : Fotolia©Martinan

Bien identifier les différentes catégories d'aidants - Lorsqu'un proche perd son autonomie, on peut d'abord se tourner vers un prestataire. Cet aidant professionnel intervient chez la personne quelques heures par semaine ou plusieurs heures par jour selon les besoins. L'aide à domicile effectue les tâches qui lui sont dévolues dans le cadre d'un contrat : ménage, repas, garde à domicile etc. Ce prestataire est employé par une association de services à domicile rémunérée par la famille ou directement par le bénéficiaire en tant que particulier-employeur.
Les aidants familiaux sont quant à eux désignés comme des « personnes non professionnelles qui viennent en aide à titre principal, pour partie ou totalement, à une personne dépendante de leur entourage, pour les activités de la vie quotidienne ». En France, ces aidants sont 4,3 millions de personnes dans la seule catégorie d'aide aux aînés.

Comment accompagner un proche dans l'acceptation d'une aide à domicile ?
Comprendre les raisons d'un refus
Il peut être motivé par de multiples raisons telles que le déni de la maladie ou de la dépendance, le refus d'être assisté, le besoin de revendiquer son autonomie de jugement, ou encore de défendre sa liberté au quotidien. En conséquence, il arrive que la personne concernée se renferme pour se protéger. Elle peut également se sentir menacée par l'incursion d'une personne étrangère chez elle, dans son quotidien.

Les clés pour débloquer la situation
Il faut d'abord être conscients du fait que, même lorsque l'aide n'est pas refusée en bloc, toutes ces situations demandent beaucoup de patience. Les proches doivent faire preuve d'empathie afin de ne pas rompre le dialogue et mettre en avant les avantages d'une aide à domicile : préserver l'autonomie de la personne, permettre à la personne de rester à son domicile, rompre l'isolement… L'entourage, comme l'aide à domicile, devra s'adapter dans un premier temps afin de respecter les habitudes de vie de la personne en situation de dépendance. Certaines missions, plus délicates, seront quant à elles intégrées petit à petit afin de laisser une marge de décision au bénéficiaire. Les proches, comme les personnes de références tels que les médecins ou infirmières, devront également tenir le même discours et collaborer dans le but d'aider le bénéficiaire à accepter la proposition d'aide. A ce titre, l'intervention d'une personne de confiance, extérieure à la famille, pourra également avoir un impact décisif dans ce type de situation.

L’aide doit se mettre en place en douceur… C’est à l’aidant à trouver le bon rythme et de s’adapter à la personne concernée afin de ne pas la heurter ni changer ses repères.
L'aide doit se mettre en place en douceur… C'est à l'aidant à trouver le bon rythme et de s'adapter
à la personne concernée afin de ne pas la heurter ni changer ses repères. crédit photo : Fotolia©auremar

Aidants familiaux: de nouveaux droits
La Loi pour l'adaptation de la société au vieillissement du 28 décembre 2015 reconnaît le statut d'aidant familial et ouvre de nouveaux droits aux proches qui s'engagent auprès d'un parent malade, âgé ou handicapé. Mesure-phare, la loi instaure un «droit au répit» qui permet aux proches aidants de se reposer ou de dégager du temps. D'un montant maximum de 500 € par an, il est destiné à financer l'accueil de la personne aidée dans un accueil de jour ou de nuit, un hébergement temporaire en établissement, en accueil familial ou un relais à domicile. La loi prévoit également une aide financière ponctuelle en cas d'hospitalisation du proche aidant pour assurer la prise en charge de la personne aidée. Son montant pourra atteindre jusqu'à 992 €. Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2017, les aidants qui sont également salariés au sein d'une entreprise depuis au moins 1 an, peuvent bénéficier d'un «congé proche aidant». Ce congé sans solde, d'une durée de trois mois, est renouvelable sans pouvoir dépasser 1 an sur l'ensemble de la carrière du salarié. Il doit permettre aux salariés de concilier vie professionnelle et vie personnelle et familiale. A noter, ce nouveau droit concerne aussi les personnes aidantes sans lien de parenté avec la personne qu'ils aident et les aidants de personnes accueillies en établissement.

L'APA

En France, l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) concerne 1,25 million de bénéficiaires, à 60% à domicile et 40% en établissement. Les 740 000 allocataires de l'APA à domicile sont à 20% des personnes très dépendantes et à 80% des personnes en perte d'autonomie plus réduite. Cette aide permet aussi dans certains cas de salarier un proche : enfants, neveux ou nièces ou n'importe quel aidant familial à l'exception de l'époux, partenaire de PACS ou concubin. Le proche employé bénéficie alors de droits sociaux attachés à la qualité de salarié (sécurité sociale, congés payés notamment).

Témoignages
« J'ai recruté une aide culinaire pour que mes parents, déchargés du quotidien, restent ensemble le plus longtemps possible », Véronique, 54 ans

CL : A quel moment vous êtes-vous dit que vos parents devaient être aidés dans leur quotidien ?
Véronique : « Mes parents ont 83 et 84 ans, ma maman était très active et gérait de nombreuses tâches au quotidien, notamment les papiers administratifs et la cuisine où elle a toujours passé beaucoup de temps. Du jour au lendemain, elle s'est détachée de cela et rencontrait des problèmes de mémoire. Au début mon père a fait un déni mais mon frère, ma sœur et moi-même constations que la situation se dégradait pour ce qui était du quotidien seulement. En effet, ma maman a par ailleurs conservé toute sa vivacité intellectuelle et continue de s'adonner notamment aux mots croisés. Nous avons mis ce désintérêt sur le compte d'une épreuve familiale qu'elle a eu du mal à traverser, après tout après 80 ans d'une vie bien remplie, elle a aussi le droit de se détourner de certaines tâches du quotidien ! »
CL : Avez-vous envisagé de les remplir vous-même ?
Véronique : « Non, car nous sommes encore tous en activité et cela n'était pas forcément souhaitable pour nous, nos familles et nos parents. Ils tiennent à leur indépendance, avoir leurs enfants dans les pattes en permanence, chez eux, ne leur aurait pas convenu sur le long terme. En revanche, ma sœur qui est comptable, a pris à sa charge la gestion administrative mais il nous fallait trouver une solution concernant les repas. »
CL : Quelle a été la réaction de vos parents quand vous leur avez proposé l'intervention d'une aide culinaire à domicile ?
Véronique : « Nous avons d'abord opté pour le portage des repas à domicile. Mon père a été tout de suite d'accord et ma mère ne semblait pas vraiment réaliser. Nous avons sollicité une association qui leur portait les repas du midi et du soir mais nous nous sommes aperçus au bout de quelques semaines qu'ils ne mangeaient que ce qui leur plaisait et complétaient leur repas d'aliments achetés lors de courses. Au final, leur alimentation n'était pas équilibrée et pas toujours compatible avec leurs problèmes de santé. Donc, nous avons opté pour une employée à domicile qui vient faire la cuisine chaque jour à leur domicile, ce qui a d'abord heurté ma mère. C'était difficile pour elle de voir une autre personne qu'elle dans sa cuisine. Elle râlait mais ne voulait pas, pour autant, recommencer à cuisiner, donc nous avons pris le temps de lui expliquer plusieurs fois la situation et elle a fini par l'accepter. »
CL : Ont-ils été associés à son recrutement ?
Véronique : « Oui, c'était un choix dès le départ, ils ont d'ailleurs été associés à toutes nos décisions, en toute transparence. Nos parents étaient présents lors des rendez-vous avec la responsable de l'association et la personne recrutée. Nous avons également associé leur médecin traitant qui a joué un rôle essentiel en appuyant le bien-fondé de notre démarche. »
CL : Quel est leur point de vue aujourd'hui ?
Véronique : « Ils sont satisfaits et apprécient cette personne. Nous avons de notre côté amélioré certaines choses. Par exemple, chaque samedi, nous les accompagnons au marché afin qu'ils choisissent eux-mêmes les produits qu'elle cuisinera dans la semaine. Ils sont actifs dans cette démarche et cela me semble important. »
CL : Quels seraient vos conseils à l'attention de tous ceux qui peinent à faire accepter cette aide à leur proche ?
Véronique : « Il faut beaucoup de patience, une démarche concertée dans laquelle ils sont acteurs et une vraie unité au sein de la fratrie. Il faut faire étape par étape et toujours mettre en avant les avantages du changement. Là, comme dans beaucoup de situations similaires, il s'agit de leur permettre de rester ensemble, chez eux, le plus longtemps possible. Lorsque l'initiative est cautionnée par une personne de référence, ça met les bénéficiaires en confiance. Enfin, je trouve cela plus simple de trouver un prestataire à proximité. »

Pour les aidants familiaux, venir en aide à un proche en situation de dépendance est un véritable choix. Parce que cet aidant doit également souffler et se préserver autant que son entourage, la loi a crée un droit au répit.
Pour les aidants familiaux, venir en aide à un proche en situation de dépendance est un véritable choix. Parce que cet aidant doit également souffler et se préserver autant que son entourage, la loi a crée un droit au répit. crédit photo : Fotolia©mickyso

«Prendre soin de ma mère m'a ouvert une nouvelle voie professionnelle», Annie 58 ans

CL : Comment en êtes-vous arrivée à vous occuper de votre mère à temps plein ?
Annie : « A 68 ans, ma mère est tombée malade. Au départ, elle bénéficiait d'une aide à domicile quelques heures uniquement pour le ménage. Elle était toujours autonome pour faire la cuisine ou s'occuper d'elle. Mais avec le temps, elle perdait en autonomie et je n'étais jamais sereine, même sur mon lieu de travail. Dans le même temps, mon petit-fils est né et j'ai décidé de prendre un congé sabbatique de 6 mois pour être plus disponible pour tous les deux. Ma sœur me relayait également quand cela était nécessaire. »
CL : Pourquoi vous être engagée et selon quelles modalités ?
Annie : « Dans la mesure où l'accompagnement était de plus en plus important, je trouvais cela plus pratique et au plan personnel, j'ai souhaité m'occuper d'elle. Cela n'était envisageable que si nous trouvions une solution au plan matériel puisque j'avais arrêté de travailler. Nous avons conclu un contrat de gré à gré de 68h/mois. C'est ma mère, bénéficiaire d'une allocation du Conseil général, qui m'employait directement et j'étais rémunérée en Chèque Emploi Service Universel (CESU). »
CL : Quels ont été les côtés positifs et négatifs de cette expérience ?
Annie : « Comme c'est moi qui m'occupait d'elle, elle a pu profiter de ses arrière-petits-enfants qui étaient souvent avec nous. C'est moralement que cela a été plus difficile mais je suis contente de l'avoir fait. Cette organisation a convenu à tout le monde, y compris à notre entourage. »
CL : Cette situation vous a conduite à changer de situation professionnelle, quel a été votre cheminement ?
Annie : « Je me suis définitivement engagée dans l'aide à domicile. Aujourd'hui, je suis salariée par une association et continue d'intervenir auprès de personnes âgées. »

Isabelle Barèges

 

Couleur Lauragais n°189 - Février 2017