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Couleur Lauragais : les journaux

Un village en Lauragais

Escalquens porte du Lauragais

Couleur Lauragais vous propose ce mois-ci une balade au coeur d'Escalquens, petite commune du sud-est toulousain, membre de la Communauté d'agglomération du SICOVAL. Située aux portes du Lauragais, c'est une petite bourgade de 5800 habitants qui s'étend dans un vaste massif de collines.

Escalquens

Historique
Vers l'an 860, Escalquens était une commune faite de hameaux et couverte de bois. Son territoire était compris dans la Gallia Transalpina et les premiers habitants, dont on connaît les murs, se nommaient les Volques Tectosages.
Escalquens était une commune très rurale avec d'importantes fermes appelées en occitan "borda". C'est la raison pour laquelle des quartiers portent le nom de Borde Haute ou Grande Borde. D'autres domaines tels que Cap de Biau, La Grave, Cugnol, La Caprice, La Tour, La Mercadale prêtent aujourd'hui leur nom à certains quartiers.
La paroisse est fondée au XIème siècle. La famille Escalquens, qui compte plus de 30 capitouls du XIIème au XIVème siècle, possède cette seigneurie en entier : le domaine passe par la suite à l'archevêque de Toulouse avant d'être vendu par le chapitre de la cathédrale Saint Etienne en huit parts. La seigneurie change alors fréquemment de mains et sont notamment cités comme coseigneurs P. Canut, D. Montels, le président de Nupces de Blayes, le conseiller G. d'Agret, la famille Martin, le capitaine Duroux et enfin A. de Servolles en 1789.
La proximité de la métropole toulousaine va permettre le développement considérable que connaît la commune d'Escalquens depuis la seconde moitié du XXème siècle.
Dans les années 1950, le remembrement a permis aux propriétaires de disposer de grands lopins de terre, aménagés ensuite en lotissements.
Même si la majorité des Escalquinois se rend chaque jour vers Toulouse et ses grandes sociétés ou le vivier d'entreprises de Labège Innopole et du Parc Technologique du Canal, Escalquens accueille plusieurs sociétés génératrices d'emplois réparties sur trois zones artisanales (Bogues, La Grave et La Masquère). Ces activités sont complétées par trois pôles commerciaux situés avenue de Toulouse (Espace 61) et Avenue Borde Haute (La Bruyère et Place commerciale).

Un peu d'étymologie
Plusieurs hypothèses sont avancées concernant l'étymologie d'Escalquens :
- "escalis", celui qui se met à table, du latin Esca, aliment, interprétation qui se justifie si l'on pense que la Cousquille était un relais, un lieu grevé du droit d'Albergue (auberge) en faveur des comtes de Toulouse et qu'un hospice y était installé au Moyen-Age,
- "aesculus", chêne consacré au dieu Jupiter, "aesculetum", forêt de chênes,
- "escal" désignant en occitan coque de noix et "escalha" une coquille que l'on retrouve dans La Cousquille.
D'après le livre de Mr Ariès :
Commune de Haute-Garonne, Escalqueins 1269, nom d'origine obscure, il est généralement admis que ce toponyme vient du nom de personne germanique (wisigoth) Scalde ou Scaldiens (ska serviteur) avec le suffixe d'appartenance ou d'origine -ens. , hypothèse que ce nom vient du latin scala échelle ou de la forme élargie cal-c- de la racine pré-indoeuropéenne cal- pierre, caillou en relation avec la hauteur sur laquelle le village est situé, n'est pas à exclure.

Les édifices : le château et l'église

Mairie d'Escalquens
De 1568 à la Révolution, la famille des Delpuech occupe le château de père en fils pendant plus de 200 ans. Vers 1900, le château est la propriété de la famille de Pouzargues puis des Gauthier qui la vendent ensuite à la Commune.
Il s'agit d'un édifice classique toulousain de briques, quadrangulaire avec tours carrées aux angles, en encorbellement. La construction date de la fin XVIème, début XVIIème dans l'ensemble. Toutefois, une étude plus approfondie fait apparaître des traces d'un édifice plus ancien, probablement d'époque romane (XIème - XIIème siècles) puisque l'on peut voir un arc plein cintre, muré dans l'escalier et, à la base de la tour Est, un puissant arc à deux rouleaux plein cintre, large, ouvrant, au ras du sol, sur une voûte en berceau plein cintre qui se perd sous le château. Sans doute s'agit-il de l'existence d'un château primitif qui pourrait abriter les vestiges du château des Escalquens du XIIème au XIVème siècle, bases solides sur lesquelles les Delpech ont élevé leur propre château, dès la fin du XVIème.
De l'époque gothique (XVème, début XVIème siècle) apparaît sur la façade Nord Est un arc en "anse de panier", muré près de la très belle fenêtre à croisillons en pierre délicatement sculptée datant du XVIème siècle (Renaissance) et parfaitement conservée.
Du XVIIème (peut-être époque de Louis XIII) subsistent la corniche "à denticules" et le bel escalier aux balustres de bois.
L'ensemble, restauré en 1974 sous la direction de Serge Jacquet est devenu l'hôtel de ville de la commune. Cet édifice accueille en outre des expositions d'Art moderne.


L'Eglise Saint Martin
L'édifice primitif, qui date probablement du XIVème siècle, est endommagé au moment des guerres de religion ; il est reconstruit une première fois au XVIIème siècle dans le style gothique comme l'indiquent les cinq ogives qui le décorent. C'est dans la seconde moitié du XIXème siècle que l'église est agrandie ; la nef est alors rehaussée, le bas côté nord est bâti et, en 1873, le clocher-mur est remplacé par une tour qui rappelle celle de l'abbatiale Saint Sernin à Toulouse, dans des proportions plus modestes, on la surnomme "Le petit Saint-Sernin". L'entrée est abritée sous un porche. Le portail de cette église de style roman dénote que cet édifice remonte au Xème, début XIème siècle.
Un petit bas relief en pierre friable (à gauche du grand portail façade ouest) représente la lapidation de Saint Etienne (XVIème siècle - pierre 30x40 cm) par deux personnages. C'est un vestige du sanctuaire primitif d'Escalquens, retrouvé dans des matériaux provenant de sa démolition. Il est replacé dans un mur de l'église paroissiale lorsque le curé Gaué fait édifier le bas-côté nord, en 1850.
On peut aussi y admirer la statue de Saint Exupère (XVIIème siècle - bois polychrome et doré). Ce saint est très populaire dans la région. Il est l'un des premiers évêques de Toulouse et achève l'église élevée par son prédécesseur à la gloire de Saint Saturnin. Sa statue monumentale, don de la famille Vialet, le représente avec les insignes de son ministère, la crosse et la mitre. Elle est placée en hauteur dans la nef, à l'aplomb d'un pilastre de brique qui a été rogné à cet effet.
eglise SAint MArtin à Escalquens
On y trouve également une Vierge à l'enfant (XVIIIème siècle - bois doré). En 1736, un rétable en bois doré est commandé à un sculpteur toulousain pour décorer la chapelle Notre Dame mais l'ensemble semble avoir disparu à la Révolution avec tout le mobilier de l'église, victime d'un autodafé. Cette vierge à l'Enfant est acquise par l'abbé Abéla à un marchand de Toulouse lors du rétablissement du culte en 1803.
Une croix en pierre de section hexagonale, sur un socle parallélépipédique qui permettrait de la voir de loin, est d'abord placée à un carrefour. Depuis la fin des guerres de religion, l'érection d'une croix a une haute valeur symbolique et marque un territoire de l'étendard de la foi catholique. A l'occasion de la restauration de l'église Saint Martin, cette croix est remontée dans le chœur du sanctuaire.

Le château et l'église, situés à 100 mètres l'un de l'autre, forment un site splendide qui, la nuit venue, est éclairé et illumine le coeur du village.

Quelques vestiges - La fontaine de la Fontasse (XVIIIème siècle - brique, avenue de la Fontasse) : cette construction est située au bord de la route, dans un lieu à l'écart du village et autrefois peu habité. L'eau de la fontaine est à l'origine recueillie dans un bassin et sert probablement à abreuver le bétail ou les animaux de trait. Une pierre, incluse dans la maçonnerie, est gravée d'une croix et porte l'indication : "restaurée en 1899". Le nom de fontasse, dérivé de fontaine en occitan, est péjoratif. L'eau ne coule pas mais monte par pression dans cette construction en brique, ces eaux étaient recherchées au XIXème siècle pour leurs propriétés digestives.
- Le pont de briques  : il enjambe l'Hers ; ses fondations datent de 1772 et la construction définitive de 1775/1776. Pour satisfaire aux normes de la circulation automobile et plutôt que d'élargir l'ancien pont sur l'Hers Mort, ce dernier est conservé en l'état tandis qu'un nouvel ouvrage, répondant mieux aux exigences de la sécurité routière, est construit à côté. L'ancien pont, mis en valeur par un environnement paysager, reste accessible aux promeneurs.

pont de briques à Escalquens

Le chemin du Pech vous conduit au château d'eau, point culminant de la commune avec le Cugnol (214 m d'altitude) qui vous offre une vue panoramique d'Escalquens et de ses environs digne d'intérêt. Le dimanche matin, par une belle journée ensoleillée, vous apprécierez l'animation du marché de plein vent devant la Mairie, lieu de rencontres pour les Escalquinois en promenade.

Bibliographie :
Gérard Costes - Couleur Lauragais N°31
Le patrimoine des communes de la Haute-Garonne - Editions Flohic
Lucien Ariès - Les noms de lieux du Lauragais aux editions A.R.B.R.E

crédit photos : Couleur Média


Couleur Lauragais n°175 - Septembre 2015