Bastide médiévale, Revel est située dans le Lauragais à 50 km à l'est de Toulouse sur l'ancienne route nationale 622 à l'intersection de trois départements : le Tarn, l'Aude et la Haute-Garonne. Au pied de la Montagne Noire, elle a gardé le tracé rectiligne et la silhouette des " villes neuves " du Moyen-Age depuis que Philippe VI de Valois en 1432 fonda au coeur d'une forêt une des dernières bastides du sud-ouest. C'était pour " faire disparaître les dangers de ce lieu, proie des brigands ". Au cours des guerres de religion, la bastide perdit ses fortifications et ses murailles, mais l'expression du " vieux Revel " persiste toujours dans l'ordonnancement de ses rues se coupant à angle droit. Elles aboutissent à la place centrale, berceau de la ville, coeur et joyau de Revel. Là, les arcades dessinent une admirable guirlande de vieilles demeures des XVII et XVIIIème siècles. Ces maisons conjuguent les beaux effets de la pierre, de la brique et des colombages.
Symbole du pouvoir royal, le Beffroi
occupe le centre de la bastide, point de départ
de la construction urbanistique de la ville.
crédit photo : Couleur Média
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REVEL
Revel, fait partie des 20 bastides lauragaises,
villages emblématiques de notre région.
crédit photo : Communauté de Communes Lauragais,
Revel et Sorézois
Symbole du pouvoir royal, le Beffroi occupe le centre de la bastide. La place a une fonction économique très importante, avec la halle qui protège les marchands de la pluie et du soleil, mais elle a aussi un rôle social. La place est le lieu où on se réunit, on discute. Il est un espace d'échange, d'information, de rencontre et de circulation obligé permettant ainsi un contrôle des trafics ! A l'époque il n'y avait pas de "tour de ville" (qui sera créé à la fin du XVIIIème siècle). Les personnes et le trafic devaient donc obligatoirement passer par la place permettant ainsi un contrôle et la levée de l'octroi (sorte de taxe de péage).
La symbolique du Beffroi est aussi primordiale. Elle est le symbole du pouvoir du roi (fondée par Philippe VI de Valois, Revel est une bastide royale).
Le clocher, qui surmonte le Beffroi, règle la vie des revélois. La cloche sonne les heures, permet d'appeler la population, d'informer en cas d'incendie ou de danger imminent (on sonne le tocsin). Dominant la ville et ses environs il sert de tour de guet, de poste stratégique. Le Beffroi a véritablement tous les attributs d'une "basilique antique" au "sens de basilique civile". Dans l'antiquité, la basilique (civile) se situait sur le forum, souvent au centre de la cité et avait des fonctions administratives et juridiques, c'était aussi originellement (à l'époque grecque puis romaine) un lieu de réunion civil ouvert au public, un bâtiment couvert. Dans l'antiquité grecque l'expression complète est "basilika oikia" qui signifie "salle royale". La place est à l'image du forum dans l'époque antique.
Aujourd'hui, Le Beffroi est le siège de l'Office de Tourisme de Revel, et représente aussi le Syndicat Intercommunal du Tourisme. La région est classée "Grand Site Midi Pyrénées" avec comme thématique "Aux sources du Canal du Midi". |
Divers autres labels désignent Revel comme une ville à visiter en priorité. Son urbanisme en fait une des plus belles bastides du Grand Sud-Ouest… Sous la halle, les mesures à grain sont présentées, aux étages on peut visiter un espace illustrant l'histoire de la région, découvrir une collection archéologique, géologique et paléontologique…
La terrasse permet de surplomber la ville, de découvrir l'environnement varié de son relief de plaine, de montagne, de collines. Quatre tables d'orientation historiques permettent de découvrir le passé riche et mouvementé de son histoire locale qui se confond et se mêle avec la grande histoire de la France. Sa vaste halle du XIVème siècle, 1342, (classée Monument Historique) couverte de milliers de tuiles roses, accueille chaque samedi matin le marché du terroir.
Avec ses multiples activités industrielles et commerciales, ses productions agro-alimentaires et diététiques, Revel a acquis une solide réputation dans le secteur économique. De plus, Revel mérite grandement le titre de " cité du meuble d'art " tant les œuvres en ébénisterie et marqueterie relèvent d'un savoir-faire unique en France et ce, depuis qu'en 1888 Alexandre Monoury, maître compagnon de Saint-Anne, s'arrêta ici où il devait former ses élèves. On prend conscience de l'importance du meuble dans ses ateliers, ses magasins, son Espace Art et Meuble et son Conservatoire des Métiers du Bois.
Découvrir Revel, c'est aussi emprunter le tour de ville, longue suite de boulevards jalonnés de platanes et de tilleuls.
source : Francis Pujol et Jean-Paul Calvet |
Construit pour alimenter le Canal du Midi, le réservoir de Saint-Ferréol est une prouesse technique au XVIIème siècle. Riquet avait eu d'abord l'idée de construire plusieurs barrages étagés dans la vallée du Laudot, puis, sous l'influence de Clerville, il construit un barrage unique, énorme, à Saint-Ferréol. La digue sera exhaussée sur les directives de Vauban (1686-87) ainsi que quelques aménagements.
Ce barrage-masse est composé d'une digue de près de 800 mètres de longueur, de 35 mètres de hauteur et de 120 mètres d'épaisseur, pour une capacité totale de 6 millions et demi de mètres cubes et une superficie de 67 hectares. Cette digue est elle-même composée de trois murs :
En contre-bas du barrage, couronné par
le mur aval (construit par Vauban vers 1686)
avec l'entrée des voûtes accessibles,
les belles cascades et la "superbe gerbe"
(jet d'eau) qui fonctionne naturellement,
par la pression de l'eau contenue dans le barrage.
crédit photo : Couleur Média
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REVEL / SAINT FERREOL
Le bassin de Saint-Ferréol attire de nombreux visiteurs pour des balades le
long de la digue ou pour des baignades dans le lac - crédit photo : Couleur Média
- Le mur amont, qui est immergé dans les eaux, de 19,50 mètres de haut et 3,90 mètres d'épaisseur, sur lequel est érigée une colonne appelée pyramide de 21 mètres de hauteur,
- le mur central ou grand mur, long de 786 mètres et mesurant 34,50 mètres de hauteur (au point le plus bas dans le lit de la rivière), avec une épaisseur de 10 mètres dans sa partie basse et de 1 mètre dans sa partie haute ; il est couronné par l'allée promenade actuelle,
- le mur aval ou mur des voûtes, haut de 29,25 mètres, et de 2,80 mètres d'épaisseur.
L'ensemble du réservoir est alimenté par le lit du Laudot, grossi des eaux du versant méditerranéen, elles-mêmes déversées aux Cammazes par le passage de la « voûte de Vauban » (aqueduc souterrain de 122 mètres de longueur et 3 mètres de largeur). Un petit canal appelé « Rigole de Ceinture », contourne par le sud-est le réservoir de Saint-Ferréol et permet de neutraliser l'entrée de l'eau dans celui-ci. L'ensemble se rejoint en aval du barrage et reprend la vallée du Laudot jusqu'à l'ancienne écluse des Thomasses. Cette dernière constitue le point de jonction avec la Rigole de la Plaine, venant de Revel et amenant les eaux du Sor par la dérivation du Pont-Crouzet. Le débit des eaux est quantifié et mesuré avant l'arrivée à Naurouze, point de partage, une trentaine de kilomètres plus loin. Ces eaux alimentent alors le canal, dont les besoins sont de 18 à 24 millions de mètres cubes annuels. |
Aujourd'hui, Le lac de Saint-Ferréol est un magnifique plan d'eau, où toutes les activités nautiques sont pratiquées (excepté les bateaux à moteur). Depuis 1997, le barrage est inscrit au titre des monuments historiques et fait partie des grands Sites de Midi-Pyrénées. Un musée construit à proximité du barrage permet de découvrir l'histoire de la construction du canal du Midi.
source : Jean Odol |
Situé au pied de la Montagne Noire, Sorèze est un haut lieu historique aux sources du savoir. Cette cité de caractère possède un patrimoine prestigieux avec son Abbaye Ecole Royale Militaire, ses maisons à pans de bans et à encorbellements, son Clocher Saint-Martin du XVème siècle et la renommée internationale de ses illustres élèves. Sur les hauteurs de Sorèze, on accède au lac de Saint-Ferréol, cet ouvrage de Pierre-Paul Riquet construit au XVIIème siècle pour alimenter le Canal du Midi et inscrit au patrimoine de l'UNESCO.
La prestigieuse école de Sorèze fut installée au sein de l'ancienne abbaye royale Notre Dame de la Sagne. Pillée et détruite par les envahisseurs Normands au Xème siècle, elle connut après sa reconstruction une période de prospérité, avant d'être rasée au XVIème siècle pendant les guerres de religion ; |
SOREZE
Au pied du vaste massif forestier de la Montagne Noire,
le village de Sorèze a grandi autour de son abbaye bénédictine
crédit photo : Abbaye-Ecole de Sorèze |
Notre Dame de la Paix sera son nouveau nom au XVIIème siècle… Dom Jacques de Hoddy en 1682 décida l'ouverture d'un séminaire destiné aux enfants de familles nobles peu argentées, et c'est en 1757 que l'école acquiert une belle notoriété sous la direction de Dom Victor de Fougeras qui fera du Français, chose rare, la langue d'enseignement… Toutes les matières sont enseignées ainsi que l'équitation, l'escrime, la natation et des cours de fortification. C'est en 1854 que le père dominicain Lacordaire en prend la direction et donne un nouveau souffle à l'institution. L'Abbaye-école telle qu'instituée par lui va perdurer jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Puis, dans les années 50, l'établissement devient sous contrat avec l'Etat, les dominicains en assureront la direction jusqu'en 1978. Par la suite l'Ecole deviendra mixte ; la fermeture définitive intervint en octobre 1991. Dès 1988, les bâtiments et le parc sont classés au titre des Monuments Historiques.
Deux lieux emblématiques : La Cour des Rouges et la Salle des Illustres ou Salle des Bustes.
L'Abbaye-école se transforme au fil des ans en un véritable pôle culturel avec 150 000 visiteurs annuels. Au terme de près de 20 ans de réflexion, d'investissements et d'aménagements, ce site à vocation touristique accueille un public de touristes d'agrément attirés par l'histoire d'un site prestigieux ; La fourniture de prestations accessoires telles que la restauration et l'hôtellerie facilite la venue d'une clientèle d'affaires. Au plan culturel, l'offre s'est considérablement élargie au fil des ans. Le parcours muséographique retrace les principaux espaces témoins de l'histoire du site alors que la musique règne en maître dans ce cadre qui se prête aussi bien aux rendez-vous intimistes qu'à la venue d'orchestres symphoniques.
source : Isabelle Barèges et Michel Azens |
Fièrement campé sur le rebord d'un plateau, à 350 mètres d'altitude et 15 km au Nord de Revel, Puylaurens fait partie de la judicature du Lauragais créée vers 1250 par Alphonse de Poitiers, l'époux de Jeanne de Toulouse, fille du dernier comte Raimon VII. Ce gros village, avec son important marché, possède un passé d'une richesse prodigieuse : haut lieu du catharisme lauragais et place forte du protestantisme au XVIème siècle. On peut y admirer quelques belles maisons bourgeoises avec leurs colombages et au n°26 le Temple des Protestants édifié en 1818 (l'ancienne porte de l'Académie Protestante du XVIIème siècle est reconstituée là).
La célébration du bi-centenaire de la République en 1989 a permis de confirmer l'origine puylaurentaise du prénom de Marianne attribué à son emblème (publication de l'historien Maurice Agulhon). C'est Guillaume Lavabre, cordonnier de son état, et troubadour à ses heures, qui, en octobre 1792, donna en effet à la nouvelle République ce prénom féminin très répandu à ce moment-là dans la région. |
PUYLAURENS
On trouve à Puylaurens de belles maisons à colombages
crédit photo : Couleur Média |
Domicilié rue Foulimou depuis sa naissance, il composa en l'honneur de l'évènement une chanson intitulée " la Garisou de Marianna ", preuve que Puylaurens est bien le " Berceau de la Marianne républicaine " comme l'annoncent les panneaux placés aux entrées du bourg.
source : Jean Odol et Gisèle Taillefer |
Les côteaux de Caraman entre Saune et Girou sont depuis six ou sept millénaires intensément défrichés et cultivés par l'homme. L'occupation romaine du 1er siècle avant notre ère ne s'était pas trompée dans son choix : la trentaine de villas recensées sur le canton, pourvoyait à l'approvisionnement en blé pour les garnisons de Toulouse. C'est le commerce du sel qui a fait l'immense fortune des seigneurs de Caraman au XIème siècle (n'oublions pas que le sel est le "pétrole" de l'époque, d'ailleurs, déjà à cette époque, taxé et surtaxé). Cette voie d'Arles nous a amené depuis le XIIème siècle de nombreux pèlerins en route pour Saint Jacques de Compostelle, attirés par les trois jours de marché et les nombreuses foires annuelles. Caraman est devenue un castrum, un village castral entièrement fortifié. De cette période, il reste quelques murs d'enceinte, les portes de l'Aigle, de Montbel et de Toulouse, les lices (vaste passage circulaire au-dessus des murailles aujourd'hui occupés pour la plupart par des jardins). Le ravelin du XVème siècle, abritait une garnison à l'extérieur des portes (cet espace est occupé aujourd'hui par un jardin public et par le monument aux morts). Le XVIème siècle a fait de Caraman la capitale du pays de Cocagne au centre du "triangle du bleu" constitué par Albi, Toulouse et Carcassonne. Quelques fenêtres de style renaissance se trouvent à Auriac, Caraman et Loubens : les châteaux et églises en brique rouge témoignent de la prospérité de l'époque. |
CARAMAN
L'église de Caraman, et son clocher de près de 45 mètres.
crédit photo : Couleur Média |
source : Guy Salles |
Couleur Lauragais n°174 - Juillet-Août 2015 |