Conduite accompagnée : les ados et leur parents l'adorent Pour les adolescents, l'indépendance qui découle de l'obtention du permis de conduire est pleine de promesses. Côté parents, le cap est parfois plus difficile à franchir. Plus que l'indépendance, ce sont les dangers de la route qui font peur. Depuis sa création en 1990, l'Apprentissage Anticipé de la Conduite (AAC) est une alternative rassurante qui mise sur une formation encadrée et progressive. C'est à l'évidence un moyen efficace afin de négocier en douceur ce virage important de la vie de famille

La conduite accompagnée permet au jeune de devenir autonome grâce à un accompagnement de qualité et à l'encadrement des professionnels de l'enseignement de la conduite. crédit photo : collection Alfred Cazeneuve

Une voiture sinon rien ?

La voiture est omniprésente dans la vie quotidienne des 18-24 ans: 47% l'utilisent pour se rendre au lycée, à l'université ou sur leur lieu de travail, 63% pour leurs loisirs et 75 % pour leurs sorties nocturnes. Autant dire que le permis devient rapidement indispensable, qui plus est en zone rurale.

Les bons points de la conduite accompagnée

La route est la première cause de mortalité chez les jeunes de 18 à 24 ans et 20 % des conducteurs victimes sont des jeunes titulaires du permis depuis moins de deux ans. Des chiffres alarmants qu'il convient de rappeler pour comprendre le bien-fondé de la con-duite accompagnée qui tend à réduire les risques d'accidents de 4 à 5 fois par rapport à la filière dite classique. L'AAC mise en effet sur l'expérience acquise par l'apprenant et un programme de sensibilisation aux situations et comportements à risque.
Par ailleurs, le jeune conducteur peut bénéficier d’avantages spécifiques. Certains groupes refusent d'assurer les jeunes conducteurs, et lorsqu'elles l'acceptent, elles appliquent une surprime pouvant atteindre jusqu’à 100 % sur les tarifs de base. Ces conditions durent, en fonction des assurances pendant deux ou trois ans. Le jeune conducteur qui a suivi le dispositif de la conduite accompagnée se voit proposer des tarifs beaucoup plus avantageux consistant généralement en une baisse de 50 % de la « surprime conducteur novice ». Certaines compagnies vont jusqu'à la supprimer après réussite au permis ou en l'absence d'accident, dès la seconde année de conduite. L'économie réalisée en matière d'assurances est réelle et peut, au final, financer tout ou partie du permis de conduire.
Enfin, rappelons que le jeune conducteur ne détient que six points au lieu de douze pendant trois ans. Cette période probatoire, que le jeune conducteur est obligé de signaler en apposant le macaron A à l'arrière gauche de son véhicule, est ramenée à deux ans pour tous ceux qui ont choisi la conduite accompagnée.

En bref : quelques chiffres clé - les conducteurs ayant bénéficié de l'AAC ont 4 à 5 fois moins d'accidents - leur taux de réussite au permis est de 73% contre 49% dans la filière classique - l'élève doit avoir minimum 16 ans - il doit parcourir minimum 3 000 km

Pour qui et sous quelles conditions ?

L'apprenti conducteur doit être inscrit en formation « AAC » dans une auto-école agréée par la préfecture; il doit également être titulaire d’un livret d’apprentissage validé par le préfet. La conduite accompagnée est accessible à compter de 16 ans, puis au-delà, sans limite d'âge. Chaque année, ce sont 200 000 jeunes qui optent pour l'AAC, c'est dire le succès de ce mode d'apprentissage.

crédit photo : Coleur Média

L'adolescent a appris à se déplacer sur des parcours connus. Avec l'aide du tuteur, il va accroître son expérience dans des circonstances et des lieux plus variés.

L'apprenti peut désigner plusieurs tuteurs ou accompagnateurs au minimum âgés de 28 ans et titulaires du permis B depuis au moins 3 ans. Leur candidature au contrat de formation les liant à l’auto-école et à l'apprenant sera rejetée s'ils se sont rendus coupables de certains délits tels que la conduite en état d'ivresse ou le délit de fuite. Enfin, le véhicule doit lui-même répondre à certaines exigences comme être équipé de deux rétroviseurs latéraux (à droite et à gauche) ou encore afficher un macaron à l’arrière (cf.ci-dessous).

Assurance et conduite accompagnée

Pour être accompagnateur, il convient de solliciter l'accord préalable de sa compagnie d'assurance. Par avenant au contrat, elle procèdera à une extension de garantie au bénéfice de l'apprenant. En général, cela ne nécessite pas de cotisation supplémentaire.

Une formation théorique suivie de 3 000 km de pratique

La théorie est d'abord dispensée par une auto-école pendant minimum 20 heures de conduite. En fonction du niveau de l'élève, le professionnel peut augmenter ce forfait autant que nécessaire, la moyenne nationale est de 30 heures. L'attestation de fin de formation initiale délivrée par l'auto-école est suspendue à l'obtention du code. Il s'ensuit une à trois années maximum de pratique afin de parcourir pas moins de 3 000 km! Pendant cette période, l'apprenti continue de bénéficier d'un suivi pédagogique à travers deux rendez-vous. Le premier a lieu entre 4 et 6 mois après la fin de la formation initiale et le second une fois les 3 000 km parcourus. Ces rencontres sont destinées à identifier les apprentissages acquis et les difficultés rencontrées, c'est également l'occasion de transmettre à l'apprenti des principes de base en matière de prévention routière.
Durant cet apprentissage, le conducteur est tenu de respecter des vitesses inférieures aux vitesses maximales autorisées de droit commun: 80km/h sur les routes, 100 km/h sur les voies rapides et 110 km/h sur les autoroutes. Il lui est également interdit de conduire en dehors des frontières nationales et il doit toujours être muni de son livret d'apprentissage et de l'avenant de l'assureur.

Conseils de pro pour un apprentissage efficace

Le tuteur qui en-gage sa responsabilité se doit d'offrir un accompagnement de qualité. Pour cela, il se doit de :
- favoriser dès le départ l'autonomie de l'apprenti qui doit être seul en situation de conduite
- varier les trajets : de jour comme de nuit, en ville, sur des petites routes, sur l'autoroute, sur des courts et longs trajets, en toutes saisons
- être disponible pour parcourir les 3 000 km obligatoires à travers des trajets réguliers
- éviter de lui transmettre de mauvaises habitudes !
- être vigilant afin de décrypter la moindre erreur
- être pédagogue et prendre le temps d'expliquer les erreurs
- être calme et patient afin de mettre l'apprenti en confiance
- montrer l'exemple ! Même lorsque l'apprenant est en situation de passager, il doit pouvoir continuer son apprentissage en observant son tuteur. Il est donc conseillé de bannir le « fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais »...

Le "tuteur" (parent ou autre) doit être conscient de l'importance de son rôle pour aider l'adolescent à devenir un conducteur responsable

crédit photo : Coleur Média

Budget : le coup de pouce du permis à 1€ par jour

Le coût moyen de la conduite accompagnée est d'environ 1 000 € in-cluant les cours de Code, la présentation à l'examen du Code, la formation théorique (20 heures de conduite et deux rendez-vous pédagogiques) et la présentation à l'examen du permis. Cer-taines auto-écoles pratiquent le même prix que l'apprentissage classique en facturant en sus les rendez-vous pédagogiques. Pour ceux qui ont entre 16 et 25 ans, il existe une possibilité de financement très intéressante qui donne accès à un prêt à taux zéro. Pour introduire une demande de permis à 1€ par jour, il faut que l'auto-école soit agréée par le dispositif.

La liste de ces centres est disponible sur le site dédié (cf.contacts utiles). Pour l'apprenant, il doit également s'agir d'une première inscription. Au préalable, l'auto-école évalue le nombre d'heures de formation théorique nécessaires à l'élève et propose un devis global qu'il convient de soumettre à un établissement bancaire partenaire. Le prêt accordé s'élève à 600€, 800€, 1 000€ ou 1 200€, un montant directement versé à l'auto-école. L'apprenant s'acquitte dès le début de son apprentissage de 30€ par mois jusqu'au remboursement intégral du prêt. Attention! Ce dispositif n'octroie pas un droit au crédit, le dossier est examiné par la banque dans les conditions normales d'une demande de prêt, le fait d'avoir une caution ou d'obtenir le co-financement des parents seront donc deux points très positifs.

Dans les départements du Tarn et de la Haute-Garonne, certaines aides peuvent être accordées plus spécifiquement aux jeunes munis d'une promesse d'embauche suite à l'obtention du permis ou aux bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active. L'aide qui s'applique, indifféremment, au permis de la filière classique et à la conduite accompagnée peut atteindre, sous certaines conditions de ressources, jusqu’à 600 €.

Le point de vue des parents

Véronique, tuteur de sa fille Marine, titulaire du permis depuis 4 ans.
Pourquoi avoir opté pour la conduite accompagnée ?
Véronique : « C'était une initiative de ma fille. Très indépendante, elle souhaitait apprendre à conduire le plus tôt possible. De notre côté, ce choix nous a permis d'échelonner le paiement du permis et de bénéficier d'avantages en matière d'assurance. »
C'est une situation qui n'est pas anodine, avez-vous eu des appréhensions ?
Véronique: « Bien-sûr! Les premiers kilomètres ont été un peu stressants mais Marine a rapidement gagné notre confiance. Nous avons constaté qu'elle avait reçu une formation initiale de qualité et qu'elle était plutôt sûre d'elle. En fait, à l'issue des cours, elle conduisait mieux que nous et nos mauvaises habitudes de conducteurs aguerris. Le rôle de l'auto-école est cependant essentiel. Le moniteur nous a par exemple recommandé de ne jamais communiquer notre stress. Mon époux, qui est plutôt nerveux au volant, a du prendre sur lui...»
Est-ce que cela demande une organisation particulière de parcourir les 3 000 km imposés ?
Véronique: « Non, en un an et demi, nous en avons eu largement le temps et cela s'est fait naturellement grâce aux trajets quotidiens, aux départs en vacances ...etc. Cependant, il me semble intéressant de désigner en plus des parents, un grand-parent comme tuteur. Plus disponible, il peut prendre le relais lorsque nous manquons de temps. L'année prochaine, nous renouvelons l'expérience avec notre fille cadette, sans appréhension cette fois-ci »

Le point de vue de l'apprenant - Simon, 18 ans, 1 an et demi de conduite accompagnée, 3 000 km

Qui a choisi la conduite accompagnée, vous ou vos parents ?
Simon : « C'est moi car j'avais très envie de conduire et pas vraiment l'envie d'attendre d'approcher de mes 18 ans pour débuter mon apprentissage. Et puis mon père est agriculteur, les engins motorisés font partie de mon environnement au quotidien. De leurs côtés, mes parents n'ont pas hésité : ils avaient déjà testé la formule avec ma soeur aînée et étaient convaincus de son intérêt ».
Comment cela s'est-il passé avec vos tuteurs ?
Simon : « Parfois les remar-ques des parents agacent mais globalement ça s'est très bien passé. Ma mère était plus tatillonne que mon père. Les rendez-vous pédagogiques sont cependant essentiels car on prend vite de mauvaises habitudes, garder la main sur le levier de vitesse par exemple, qui ne sont pas forcément relevées par les parents. »
A la veille de passer votre permis, dans quelles dispositions êtes-vous?
Simon : « Je compte reprendre quelques heures avec mon moniteur pour faire un dernier point et être au volant d'une voiture autre que celle de mes parents. Au final, je suis très serein, juste un peu impatient ! »

Isabelle BAREGES

	Contacts et sites utiles
	Le site de la prévention routière : www.preventionroutiere.asso.fr Le site de la Sécurité routière : www.securiteroutiere.equipement.gouv.fr Le site du Permis à 1€ par jour : www.permisauneuroparjour.fr Conseil Général de la Haute-Garonne : 1, Boulevard de la Marquette 31090 Toulouse Cedex 9 - Tél: 05 34 33 32 31 - www.cg31.fr Conseil Général du Tarn : 35, Lices Georges Pompidou 81013 Albi Cedex 09 - Tél: 05 63 45 64 64 - www.tarn.fr