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Couleur Lauragais : les journaux

SPÉCIAL NOËL

L'adoration des mages a inspiré de nombreux miniaturistes, enlumineurs et peintres au fil des siècles
L'adoration des mages a inspiré de nombreux miniaturistes, enlumineurs et peintres au fil des siècles. les frères de Limbourg
en ont donné leur représentation au tout début du XVe siècle,
dans les Très Riches Heures du duc de Berry.

Noël d'ici et d'ailleurs

Noël passe sans doute pour une fête presque universelle mais on ne le célèbre pas partout de la même façon, ni forcément aux mêmes dates. Certains pays différencient même nettement la fête païenne de l'abondance et des cadeaux de la fête religieuse de la Nativité. Ainsi, saint Nicolas, le Père Noël ou la petite chèvre finlandaise passent-ils parfois en avance, alors que d'autres attendent les rois mages et l'Epiphanie. Parfois, quand les dates et les traditions coïncident, certaines coutumes locales apportent leur note d'originalité à la fête.


Aux origines du sapin de Noël
Cette préoccupation ne date pas d'hier puisque les premières descriptions d'arbres de Noël en tant que tels datent des années 1600 et se réfèreraient à une coutume alsacienne. A Strasbourg, on installait un sapin dans la pièce principale de la maison et on y suspendait des roses en papier, des pommes et des sucreries. La pomme rouge serait ainsi l'ancêtre de la boule de Noël accrochée au sapin. On dit que par la suite l'arbre de Noël aurait été introduit en Allemagne par des marchands se rendant de la foire de Strasbourg à celle de Nuremberg.
Cependant, l'Allemagne se targue aussi d'avoir inventé le sapin de Noël puisque celui-ci apparait dans le théâtre primitif allemand, chargé de pommes dorées et illuminé de chandelles dont l'éclat évoquait le jardin de l'Eden. Il est certain que les pays germaniques accordaient des pouvoirs surnaturels au roi de leurs forêts.

Quoi qu'il en soit, c'est Marie Leszczynska, femme de Louis XV et reine de France, qui officialise la coutume en 1738 en faisant dresser un immense sapin au château de Versailles. Son initiative aurait ga-gné l'aristocratie puis la bourgeoisie pour parvenir aux campagnes à la fin du siècle dernier.
La tradition est présente aujourd'hui, à des degrés divers, dans la presque totalité des foyers et le marché des décorations est en pleine expansion.
Les pays latins
Au Portugal, la nuit de Noël, de grands feux de joie sont allumés devant les églises. On y brûle des genévriers arborescents coupés dans la montagne et descendus en char à boeufs. Une procession précédée par deux bergères et un ange apporte un bouquet fait de petits pains, de confiseries et de rubans. Ce bouquet est vendu aux enchères sur le parvis tandis que l'ange annonce la naissance de Jésus dans l'église. La légende prétend que c'est à cet instant précis que tous les arbres fruitiers sont fécondés.

En Espagne, on attend avec dévotion la messe de minuit après laquelle ont lieu de plantureux festins. Mais, c'est en principe à l'Epiphanie que la coutume recommande d'accrocher aux fenêtres de petits souliers remplis de paille. Ce fourrage est destiné aux chameaux des rois mages. Les souliers seront, en échange, remplis de friandises.
Pasteis de Belèm
Pasteis de Belèm : la recette de ces douceurs portugaises est bien gardée,
seuls les maîtres pâtissiers du monastère de Belèm la connaissent
et se la transmettent depuis le XIXe siècle.
L'Epiphanie tient également un grand rôle en Italie où l'on n'attend pas tant les rois mages que la fameuse Befana (L'origine du mot vient d'une déformation du mot épiphanie). Cette figure typique, souvent représentée sous les traits d'une sorcière, distribue des sucreries aux enfants sages et du charbon à ceux qui ne le sont pas. La tradition veut que la vieille femme ait été trop occupée pour offrir l'hospitalité aux rois mages et s'en soit repentie plus tard.
Toutefois, dans d'autres régions d'Italie, comme à Vérone, on ignore la Befana pour lui préférer sainte Lucie, vénérée également par les suédois. Peut-être parce qu'elle passe plus tôt... le 13 décembre.
De magnifiques crêches rivalisent de perfection dans les églises italiennes, tandis que dans les maisons, les enfants confectionnent des figurines d'argile. Feux de joie et processions se poursuivent jusqu'au 6 janvier. Le marché de l'Epiphanie est, en outre, une date importante à Rome.
A l'origine, Jésus, nouveau-né, aurait été déposé dans la mangeoire de l'étable qui accueillit Marie et Joseph. Le francique krippia a ensuite été déformé en crèche, terme qui désigne toujours aujourd'hui la mangeoire des moutons.
A l'origine, Jésus, nouveau-né, aurait été déposé dans la mangeoire de l'étable qui accueillit Marie et Joseph.
Le francique krippia a ensuite été déformé en crèche, terme qui désigne toujours aujourd'hui la mangeoire des moutons.

Crédit photo : Couleur Média

Amérique centrale et du sud
Mais le Mexique est, sans doute un des champions de la fête à rallonge. Le 16 décembre marque, en effet, le coup d'envoi de neuf jours de "posadas" qui se déroulent jusqu'à la nuit de Noël. Ces cérémonies sont censées rappeler la longue quête de Marie et Joseph pour trouver un gîte. Chaque soir, une petite troupe formée d'amis ou de membres d'une même famille se met en route, deux d'entre eux symbolisant Marie et Joseph, frappant à chaque porte pour demander un abri. Celui-ci leur sera refusé jusqu'au neuvième jour mais chaque étape est l'occasion de dîner chez l'un ou chez l'autre membre de la troupe.
Quant aux brésiliens, ils commencent la fête par un carnaval en novembre et la terminent à Noël par une explosion de joie.

Chez nos voisins européens
En Allemagne, on commence aussi à penser très tôt à Noël : le premier dimanche de l'Avent selon la tradition lithurgique. L'attente est symbolisée par une couronne de feuillage piquée de quatre bougies rouges que l'on trouve chez les fleuristes mais que certaines familles confectionnent elles-mêmes. Le premier diman-che, on allume la première bougie. La dernière sera allumée le soir de Noël. Une autre coutume, que l'on rencontre d'ailleurs dans d'autres pays, veut que des individus masqués et bruyants, agitant des cloches et faisant claquer des fouets, frappent à toutes les portes et tendent une fourche que l'on remplit de cadeaux gourmands comme une épuisette.
En Bulgarie et Roumanie, c'est la première étoile qui donne le départ des festivités. Les enfants des écoles ont déjà reçu les bonbons en papillottes multicolores qui fleurissent également en Hongrie sur l'arbre de Noël.
En République tchèque, Noël est une fête empreinte de recueillement qui commence par un jeûne jusqu'à ce qu'apparaisse dans le ciel la première étoile. Le repas commence par le partage d'une galette, évocation d'une scène de la Nativité. La galette est distribuée aux convives présents, le reste est envoyé aux absents en guise de carte de voeux. Puis, on s'attaque à la carpe farcie traditionnelle. Le sol est souvent jonché de paille et une chaise vide attend le voyageur égaré, à l'instar de Marie et Joseph.

Traditionnelles dans le Noël allemand, les Zimtsterne (ou étoiles à la canelle) sont confectionnées avec des amandes, de la cannelle, du gingembre et un jus de citron. Le Christstollen (l'équivalent de notre bûche), le Lebkuchen (pain d'épices) ou les Vanillekiperl (petits croissants à la vanille) sont tout aussi indispensables. Traditionnelles dans le Noël allemand,
les Zimtsterne (ou étoiles à la canelle) sont confectionnées
avec des amandes, de la cannelle, du gingembre
et un jus de citron. Le Christstollen
(l'équivalent de notre bûche), le Lebkuchen (pain d'épices)
ou les Vanillekiperl (petits croissants à la vanille)
sont tout aussi indispensables.

Ce texte est issu des recherches de Maurice REICHARD
aux archives départementales de Haute-Garonne.

Les traditions et les festivités liées à la nativité varient, comme nous l'avons vu, en fonction des pays mais sont toutes ancrées sur un socle commun :
- Noël est l'occasion d'échanger des cadeaux (référence aux présents apportés par les rois mages à l'enfant Jésus) qui sont disposés pour les uns au pied du sapin, dans des souliers ou des chaussettes, près de la cheminée ou sur le rebord de la fenêtre pour d'autres.
- Inspiré par le saint Nicolas chrétien, le Père Noël si cher aux enfants est présent depuis le XIXe siècle sur tous les continents et conduit soit un traineau, soit une planche de surf en fonction de l'hémisphère dans lequel il fait sa distribution.
- La tradition des marchés de Noël traverse elle aussi les frontières. Celui de Strasbourg est, en France, le plus connu, mais nombreux sont les marchés de Noël lauragais qui méritent le détour et proposent des idées de décoration ou de cadeaux ainsi que des spécialités culinaires locales.

Choisi pour représenter l'arbre de vie du jardin d'Eden lors de spectacles donnés à l'occasion de Noël, le sapin s'orne tout d'abord de véritables pommes (référence au fruit défendu) puis, plus tard, de guirlandes et de boules multicolores.
Les marchés de Noël sont souvent  l'occasion d'animations festives.  Ici, le marché de Revel qui se déroule sous la halle et les arcades.
Les marchés de Noël sont souvent l'occasion d'animations festives.
Ici, le marché de Revel qui se déroule sous la halle et les arcades.
Crédit photo : Office de Tourisme de Revel
Choisi pour représenter l'arbre de vie du jardin d'Eden lors de spectacles
donnés à l'occasion de Noël, le sapin s'orne tout d'abord de véritables pommes (référence au fruit défendu) puis,
plus tard, de guirlandes et de boules multicolores.Crédit photo : Elena Elisseeva - Fotolia ©

Noël d'antan en Lauragais

Douze jours avant Noël, le carillonneur de village exécutait une sonnerie spéciale à l'aide de deux cloches et marquait ainsi le début du jeûne catholique qui durait jusqu'au 25 décembre.
Traditionnellement, la veillée de Noël est familiale : Per Nadal, cadun a soun ostal (pour Noël chacun chez soi), rappelle le dicton. La bûche brûlée ce soir-là dans l'âtre augurait de l'année à venir, l'idéal étant qu'elle puisse se consumer jusqu'à l'Epiphanie. Les bûches d'arbres fruitiers était censées garantir une bonne récolte ; la cendre, mélangée aux semences, les protégeait de la carie, un champignon parasite ; les charbons, placés sous les lits, protégeaient la maison de la foudre et assuraient que les accouchements se passent bien.
Avant la messe de minuit, vers 19 heures, on faisait un repas mêlant aliments gras (pieds de porc, haricots, millas) et aliments de jeûne (pommes de terre, morue, oeufs durs). Après la messe de minuit, se déroule le resopet ou revelhon qui ouvre la période des douze jours de bombance. L’abondance alimentaire y tient la place qu’ont pris aujourd’hui les cadeaux. On y retrouvait pioto de Nadal (la dinde de Noël), charcuteries (et, notamment, le fameux "jésus", ce gros saucisson confectionné avec le rectum du porc), pot-au-feu, oreillettes et pescajoux (les crêpes).
Pour plus d'informations sur la fête et le repas de Noël en Lauragais : voir les Couleur Lauragais n° 18, 43, 66 et 98 sur www.couleur-lauragais.fr.

Gravure de Thomas Nast parue dans le Harper's Illustrated Weekly en 1881. C'est cet auteur qui en 1885 établit la résidence du Père Noël au pôle nord.
Gravure de Thomas Nast parue dans
le Harper's Illustrated Weekly en 1881. C'est cet auteur qui en 1885 établit la résidence
du Père Noël au pôle nord.

Couleur Lauragais n°108 - Décembre 2008/Janvier 2009