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Couleur Lauragais : les journaux

Nature en Lauragais

Orchidées du Lauragais et d’ailleurs

Pierre Salvador RexachPierre Salvador Rexach, orchidophile passionné

Fin 2006, deux événements importants ont marqué le monde de la botanique et plus particulièrement celui de l’orchidophilie.
Le premier a eu lieu à l’Union, en région toulousaine et a consisté en une exposition-vente d’Orchidées exotiques organisée par le groupement Midi-Pyrénées des amateurs d’Or-chidées.
Le deuxième, appelé “Floralies Nationale de Pau”, a regroupé autour de la collection des serres du Sénat, les meilleurs producteurs d’Orchidées tropicales venus des quatre coins de l’hexagone pour présenter leurs mer-veilleuses créations. Dans la capitale du Béarn, cette manifestation a suscité un engouement extraordinaire.
Près de 60 000 visiteurs, en 5 jours, ont admiré ces plantes, un peu mystérieuses qui intéressent un nombre toujours croissant d’amateurs.

Certains ont profité de l’occasion pour se familiariser avec des variétés dont ils ignoraient même le nom : Cattleya, Bulbo-phyllum, Vanda, Cymbidiella, Epidendrum, Laelia, Paphiopedilum, Miltonia, Phalaenopsis et tant d’autres.

Mais d’où viennent toutes ces orchidées?
Lorsque les premières plantes à fleurs sont apparues sur la terre, bien avant les premiers hommes, quelques orchidées se sont probablement mêlées à cette végétation originelle. Puis est venu le temps de l’évolution des espèces et la nature a voulu que les orchidées deviennent les plantes les plus belles et les plus complexes de la création. La plupart d’entre elles (20 000 approximativement) ont choisi de vivre dans des régions chaudes et humides comme il en existe dans certains pays d’Extrême-Orient, d’Afrique ou d’Amérique du sud. Introduites en Europe par les grands navigateurs des XVIe et XVIIe siècles, ces orchidées dites exotiques n’ont pas tardé à être étudiées par les botanistes de l’époque qui, en hybridant certaines espèces en ont obtenu de nouvelles, toujours plus fascinantes.

Aujourd’hui, grâce aux progrès de la science horticole, de nouvelles orchidées apparaissent fréquemment sur les marchés et la multiplication de leur nombre les rend accessibles à tous. Les Floralies de Pau en ont apporté la meilleure preuve.

Nos orchidées indigènes, par contre, ne peuvent jamais être cultivées artificiellement et, à l’époque des Floralies, il n’en restait plus aucune sur le terrain. Sous l’égide de la Société française d’Orchidophilie, quelques spécialistes béarnais, bigourdais, ou landais, ont décidé de présenter, sous forme de photographies, l’essentiel des Orchidées du Grand Sud-Ouest. Leur stand s’est donc vu décorer d’une centaine de spécimens différents et les visiteurs ont pu admirer à loisir cette flore si particulière et pourtant si méconnue.

Orchidée exotique

Orchidée exotique, genre paphiopedilum un cousin éloigné de notre "sabot de Vénus" sauvage

Outre leurs incontestables qualités décoratives, quelques orchidées sont aussi utilisées à des fins plus pratiques. Ainsi, la plus utilisée en cuisine est la Vanille. C'est en Australie et à Madagascar qu'on la consomme le plus. Mais on la cultive aujourd'hui dans de nombreux pays : à Madagascar, en Indonésie, dans les îles Comores, en Ugunda, au Mexique, aux Seychelles et à la Réunion.

Caractéristiques des Orchidées
Rares, en effet, sont les promeneurs ou les randonneurs qui, dès les premiers jours du printemps, prêtent attention à ces fleurs, parfois minuscules et souvent difficiles à discerner. Quelques espèces, cependant, crèvent les yeux et il est dommage de passer devant tant de beauté et de délicatesse, sans interrompre sa marche, ne serait-ce qu’un instant. L’examen rapproché est surprenant. L’idéal consiste même à se munir d’une loupe pour observer les différentes parties de la plante.

Les orchis, par exemple, présentent généralement une hampe florale plus ou moins garnie de petites fleurs aux dessins ravissants. Les Ophrys, eux, possèdent des fleurs assez grandes et, leur labelle (3ème pétale), pour ne parler que de lui, est couvert de dessins extrêmement variés et d’une pilosité parfois abondante.
Souvent, ces formes et ces taches rappellent un insecte d’où le nom qui a été donné par les premiers botanistes à bon nombre de ces plantes : Ophrys mouche ou moucheron, Ophrys abeille, Ophrys frelon, Ophrys bécasse, Ophrys araignée…
Soulignons aussi la subtilité des parfums ou phéromones émis par la plupart des Orchidées pour attirer les insectes pollinisateurs et permettre ainsi la survie de l’espèce.

Nos variétés régionales peuvent se répartir en 7 ou 8 familles principales :
Les Orchis, les Ophrys, les Dactylorhiza, les Epipactis, les Céphalanthères, les Sérapias, les Limodores, les Spiranthes.
Certaines de ces variétés affectionnent les pelouses rases et sèches sur sol calcaire, d’autres préfèrent les sous bois ou les zones humides, sur sol plus ou moins acide. En règle générale les Orchidées sauvages détestent les traitements chimiques ou la modification du substrat sur lequel elles ont l’habitude de se développer. Elles détestent aussi qu’on les cueille car elles n’ont pas été créées pour finir dans un vase.

La période de floraison varie en fonction des lieux ou du climat. Les départements proches de la Méditerranée (Aude, Hérault, Pyrénées Orientales) sont les premiers à voir fleurir certaines variétés. L’une des plus précoces et des plus remarquables par sa taille est l’Orchis géant (en latin Himantoglossum Robertianum) qui peut se manifester dès le mois de Février et atteindre 30 à 40 cm de hauteur. A peine un peu plus tard, apparaissent quelques petites Orchidées comme l’Ophrys en forme d’araignée, l’Ophrys jaune, l’Ophrys de Tenthrède ou l’Ophrys de Lupercales.

La plus précoce des orchidées sauvages est l'Orchis géant qui peut fleurir au mois de Février, les autres variétés fleurissent jusqu'en mai ou juin.
La spiranthe d'automne est la plus tardive et fleurit, comme son nom l'indique, en automne

Grâce aux progrès de l'agriculture, la culture des orchidées a été facilitée. Les hybrides que l'on trouve dans les jardineries dépassent en fait les 100 000 variétés enregistrées.

Les orchidées apprécient une hygrométrie souvent élevée et la compagnie d'autres plantes. Un bassinage régulier du feuillage plus une soucoupe remplie de gravier ou de billes d'argile humides sous le pot leur font le plus grand bien. Elles aiment bien aussi s'aérer dans un léger mouvement d'air, mais détestent les courants d'air froids susceptibles de faire tomber les boutons floraux. Elles supportent un maximum de lumière en hiver (rebord de fenêtre plein sud sans voilage), légèrement voilé à partir de mars-avril selon la latitude (fenêtre est ou nord selon l'espèce).

Le Lauragais est lui aussi, une terre bénie pour le développement d’un bon nombre d’Orchidées
Dans certains secteurs de la région, on peut dénombrer jusqu’à 20 ou 25 espèces différentes. Mais, à mon avis, l’Orchidée la plus exceptionnelle du Lauragais reste le Grand Orchis papillon (en latin, Anacamptis papilionacea, var.expansa) qui fleurit principalement du côté d’Avignonet. Lorsque, guidé par mon ami Michel Delpont, j’ai découvert cette merveilleuse plante, mon émotion a été grande.

Par la suite, j’ai continué à prospecter sur ces terres, jusqu’à pouvoir établir une liste, non exhaustive, des principales espèces rencontrées.
Orchis pyramidal, Orchis pourpre, Orchis bouffon, Orchis à fleurs lâches, Céphalanthère à grandes fleurs, Orchis incarnat, Orchis maculé, Homme pendu, Orchis bouc, Orchis militaire, Ophrys abeille, Ophrys en forme d’araignée, Ophrys mouche, Ophrys jaune, Ophrys bécasse, Ophrys de Lupercales, Ophrys frelon, sérapias à languette, sérapias à long labelle, spiranthe d’automne.
L’Ophrys à grandes fleurs (en latin magniflora) originaire des Corbières, a fait par moments une incursion dans le Lauragais, mais les rares populations apparues ont eu beaucoup de mal à se maintenir.

L’association ISATIS dont le siège social est à Pouze 31450, travaille intensément à la protection et à la découverte des Orchidées du pays.

Comme on peut le voir, le domaine est immense et passionnant. Tous ceux qui ont mis le doigt dans l’engrenage de l’Orchidophilie n’ont jamais pu le retirer et, croyez-moi, ils ne le regrettent pas.

Pierre Salvador REXACH
Crédit photos : P.S. Rexach

De tous temps, l'orchidée a été considérée comme le symbole de la femme et de sa beauté. Les noces d’orchidée symbolisent les 55 ans de mariage.

Pour en savoir plus :
isatis31.free.fr - www.sfo-asso.com

Il est vivement conseillé de ne pas arracher ou cueillir les orchidées. Cela pourraient compromettre toute une variété.

 

Ophrys en forme d'araignée
Ophrys en forme d'araignée

Ophrys abeilleOphrys abeille

Orchis boucOrchis bouc

Orchis pyramidalOrchis pyramidal

Orchis géantOrchis géant

Orchidées sauvagesOrchidée sauvage

Orchis papillon
Grand Orchis papillon

Orchis pourpreOrchis pourpre (avec labelle horizontal)

Orchis homme-penduOrchis homme-pendu


Couleur Lauragais n°90 - Mars 2007