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Couleur Lauragais : les journaux

Nature en Lauragais

L’ORONGE (Amanite des Césars)

C’est la saison des champignons. Jusqu’à fin octobre, les gourmets peuvent savourer l’un des plus délicieux, et aussi l’un des plus beaux : l’oronge, appelée aussi “Amanite des Césars”.

Encore faut-il savoir reconnaître à coup sûr ce représentant de la famille des Amanites, qui compte de nombreuses espèces toxiques, voire mortelles. Aussi, la plus grande prudence est de mise ; en cas de doute, mieux vaut s’abstenir. Voici quelques conseils qui permettront d’identifier l’oronge, et de reconnaître sa dangereuse jumelle, l’Amanite tue-mouches.


Créatures étranges, de tous temps les champignons ont subjugué les hommes. Si les Grecs, à juste titre, considéraient les champignons comme dangereux, les Romains s’en délectaient lors de plantureux repas. L’oronge vraie, appelée également "Amanite des Césars" parce qu’elle était particulièrement appréciée des empereurs romains, était achetée à l’époque à des prix exorbitants. Les Romains, friands de champignons, étaient souvent victimes de leur gourmandise, succombant à des empoisonnements accidentels... ou prémédités. Le plus célèbre de ces empoisonnements fut celui de l’empereur Claude, en 54 après J.-C., sur l’ordre de sa seconde épouse Agrippine qui voulait garantir à son propre fils Néron l’accès au trône.

Un champignon remarquable
Sa taille, son élégance, ses couleurs vives, son odeur agréable font de l’Amanite des Césars l’un des champignons favoris des gastronomes et des mycologues.
Elle naît dans nos bois et forêts de chênes et châtaigniers entre fin août et fin octobre. Issu d’une sorte d’œuf blanc pur (appelé "voile général"), apparaît son chapeau rouge orangé dont le diamètre atteint 15 cm. Dans sa maturité, l’oronge vraie montre un pied et des lamelles jaune d’or. Enfin, la collerette (appelée voile partiel) qui orne son pied, délicate touche finale, fait d’elle l’un des plus beaux joyaux de nos sous-bois.

La fausse oronge, belle et dangereuse
Les cueilleurs inexpérimentés peuvent aisément confondre l’oronge vraie avec la dangereuse Amanite tue-mouches (ou fausse oronge), qui illustre souvent la couverture des livres d’enfants. Présentant un pied blanc et des lamelles blanches, ainsi qu’un chapeau rouge vif généralement parsemé de verrues blanches, l’Amanite tue-mouches est toxique. Le principe actif responsable de l’intoxication, concentré essentiellement dans le manteau rouge qui couvre le chapeau, était jadis utilisé comme insecticide, d’où son nom.
Une anecdote illustre le risque de confusion couru par les amateurs néophytes.
La scène se passe un mois d’octobre à l’orée d’une forêt de la Montagne Noire. Près de leur voiture, deux personnages exhibent volontiers leur cueillette de champignons. "Alléchés" par un tel butin, promeneurs et ramasseurs échangent leurs impressions, en quête de renseignements. Un moment amusé, je remarque un cageot rempli de champignons rouge vif. Interloqué, je demande quelle sera la destination de ces champignons. L’un des ramasseurs, avec un sourire complice, me glisse à l’oreille : "Ce sont des oronges". Surpris, je rétorque : "à condition qu’elles aient le pied ainsi que les lames jaunes ! Il me semble bien apercevoir des pieds blancs." Rappelons que cette couleur est caractéristique des Amanites tue-mouches. Nos deux mycophages avaient choisi, parmi les Amanites rencontrées, celles qui n’avaient pas de “point blanc”, seul critère à leurs yeux de différenciation entre l’oronge vraie et l’Amanite tue-mouches. Mais une simple pluie suffit à effacer les verrues blanches sur le chapeau des Amanites toxiques : nos deux imprudents l’ignoraient. Cette belle journée aurait pu mal se terminer !

Les Amanites, champignons dangereux
L’oronge vraie est l’un des seuls représentants comestibles du genre des Amanites. Il est aisé de la confondre avec l’Amanite tue-mouches qui, sans être mortelle, provoque néanmoins une intoxication grave pouvant nécessiter une hospitalisation. Les symptômes d’une telle intoxication, qui apparaissent de 30 minutes à 3 heures après l’ingestion, se traduisent par une période de forte agitation, pouvant aller jusqu’au délire. Après cette phase de désorientation, survient une période d’abattement ; le sujet plonge dans un sommeil profond. Dans les cas les plus graves, il peut sombrer dans le coma. Des troubles gastriques (nausées, vomissements, diarrhée) accompagnent parfois l’intoxication. Il n’existe pas d’antidote ; le traitement médical vise à atténuer les symptômes. Selon les cas, le patient récupère en 12 à 24 heures.
Le signe distinctif le plus sûr entre l’oronge vraie et l’amanite tue-mouche est la couleur du pied, et surtout des lamelles : jaunes pour l’oronge et blanches pour l’amanite tue-mouches. Les lamelles blanches sont signe de toxicité.
Un autre représentant célèbre de cette famille est responsable de plus de 90 % des empoisonnements mortels : il s’agit de l’Amanite phalloïde (Amanita phalloides).
Le danger que représentent de nombreux champignons de la famille des Amanites ne doit pas être sous-estimé ; dans le doute, mieux vaut ne pas ramasser le champignon, ou l’apporter chez un pharmacien ou à une association mycologique.

L’oronge
Amanita caesarea / Amanite des Césars


La fausse oronge
Amanita muscaria / Amanite tue-mouches


Chapeau : rouge orangé, généralement nu
Lames : jaune pâle à jaune d’or
Pied : jaune avec un anneau (collerette), entouré à sa base d’une volve blanche et persistante
Chair : Blanche à jaunâtre, odeur agréable
Habitat : Sous feuillus (chênes, châtaigniers)
Remarque : Excellent comestible.
Chapeau : rouge vif, généralement
couvert de verrues blanches
Lames : blanche
Pied : blanc avec un anneau, à sa base une volve bulbeuse déchirée en bourrelets concentriques
Chair : Blanche, odeur agréable
Habitat : Sous conifères et feuillus
Remarque : TOXIQUE.

Photos et texte : Pierre Cassan - Caraman



Infos pratiques

L’Amanite phalloïde, MORTELLE, est aussi issue d’une sorte d’œuf blanc (voile général). Il faut donc s’abstenir de ramasser les champignons qui ne sont pas arrivés à maturité, les formes juvéniles ne pouvant pas être différenciées. En cas d’intoxication, quel que soit le champignon, contacter le plus rapidement possible le :
Centre anti-poison
Hôpital de Purpan
Place du Docteur-Baylac
31059 Toulouse cedex

Tél. : 05 61 777 447

 

Couleur Lauragais n°76 - Octobre 2005