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Couleur Lauragais : les journaux

Nature et Jardin

Comment réussir ses plantations…
Comment mieux choisir ses végétaux

Suite aux conséquences de la sécheresse 2003, il est apparu que la cause de mortalité des jeunes plantations d’arbres (de 1 à 5 ans) et les dessèchements de nombreux conifères en haies ou isolés soit dûs à la fois aux qualités particulières (texture et structure) des sols du Lauragais mais aussi à une très mauvaise préparation des plantations.
De même, la mauvaise gestion des soins nécessaires et obligatoires pour maintenir ces plantes en bonne santé a été fatale : arrosages trop tardifs et pas assez abondants notamment.
Contrairement à tout ce qui a été dit, la terre en profondeur était sèche depuis 3 à 4 ans… seulement 0,5 m à 1 m de profondeur de terre (voir beaucoup moins localement!) momentanément reverdie, a pu laisser entrevoir que tout était normal (gazons). Pourtant, visuellement, on pouvait constater que nos vieux arbres souffraient… le long des routes et chemins, la surface foliaire se réduisait d’année en année, et les jeunes rameaux finissaient par ne plus se développer. Sans apports d’eau, les jeunes plantations d’arbres et d’arbustes de nos jardins ne se développaient que très peu !
Alors, pour ne pas voir se répéter les arrachages d’arbres et de haies, il vaut mieux prendre beaucoup plus de précautions au moment de planter !…

Critères de sélection lors de l’achat
Après la plantation, les facteurs d’échec de croissance et de développement des végétaux sont multiples, et ne sont pas pour autant la seule responsabilité des acheteurs !…
Quand on parle de créer et d’aménager un terrain, ou de replanter des végétaux (par remplacement ou par restructuration), les responsabilités dans la réussite finale dépendent de la préparation du sol, mais aussi et surtout des critères minimum de qualité des plantes vendues…
Planter un arbre, un conifère… une plante est à la fois un "acte symbolique" d’appartenance individuelle, et une acquisition d’un nouvel espace de verdure. Ainsi pour la plupart, l’acte d’achat devient un investissement de base… qu’il faut voir grandir rapidement…
Le choix et le prix d’une plante vont donc dépendre de sa hauteur (exprimée en cm) et de la qualité de sa ramification et de son tronc, ainsi que de son conditionnement.


Liquidambar
Crédit photo : Couleur Média

Comment acheter un rapport qualité/prix avantageux ? …et pouvoir comparer ?
Par principe, pour un arbre d’ornement ou fruitier, on abaissera son coût moyen par le choix d’un sujet à racines nues, tandis que pour un conifère, le conditionnement en conteneur donnera de meilleurs résultats que la motte grillagée…
Sur un plan d’ensemble, visuellement, c’est avant tout l’esthétique globale et détaillée qui est à prendre en compte.
Ainsi, pour pouvoir comparer entre plusieurs achats d’un même végétal, il faudra prendre en considération plusieurs points clés de comparaison identifiables chez tous les professionnels.
3 critères sont essentiels :
1) le conditionnement des plantes est primordial car c’est lui qui détermine le volume et la qualité du système racinaire.
Pour une plante à racines nues l’importance du chevelu racinaire doit être proportionnelle au développement du sujet, et en nombre suffisant. On doit observer des grosses racines qui assurent les réserves nutritionnelles, ainsi que de nombreuses radicelles qui vont permettre la reprise rapide de l’arbre… Ce mode de culture est parfaitement adapté aux arbres d’ornement et fruitiers.
Pour les végétaux en conteneurs, le volume des racines âgées n’étant pas parfaitement visible, on insistera sur la qualité de développement des jeunes racines (présentent surtout sur la périphérie du pot) parfaitement visibles lors du dépotage. Ce mode de culture est parfaitement adapté aux conifères et aux plantes méditerranéennes.
Plus le conteneur sera important et plus la plante sera grande et parfaitement charpentée (ramifications nombreuses, feuilles ou aiguilles de qualité).
Pour les plantes dont le système racinaire est dans une motte grillagée, les jeunes racines comme les plus âgées n’étant que peu visibles, lors du choix il faudra privilégier une motte parfaitement stable, humide et entourée très solidement par son grillage… On réserve ce conditionnement aux gros sujets (conifères ou arbres)…


Feuilles de Ginkgo Biloba
Crédit photo : Couleur Média

2) Il faut regarder l’aspect et la qualité de la structure générale de la plante
La hauteur et le volume des ramifications de l’arbre est normalement un facteur d’âge pour les conifères. Elle est exprimée en centimètres et reste proportionnelle au volume du conteneur.
On trouvera par exemple : Ginkgo biloba C 30 - 175/200 soit Ginkgo biloba conditionné dans un conteneur de 30 litres et d’une hauteur comprise entre 175 et 200 cm.
Par contre pour les arbres d’ornement à racines nues, ce critère n’est pas suffisant, pour donner un âge à un arbre.

Rappel : Il ne faut pas oublier, qu’en pratique, plus un arbre possède une couronne et un système racinaire développé et plus il lui faut une préparation (trou de plantation, apports cailloux, sable, terreaux, engrais, pralinage, tuteurage) soignée et important, et plus ses besoins d’entretien en apports d’eau seront faibles (fréquences). Au contraire, les jeunes plantes (godets, boutures, petits conteneurs) auront besoin d’une préparation plus faible au départ mais de soins répétés en apports d’eau, désherbage, et engrais en cours de saison.

3) Il faut acheter des plantes parfaitement identifiables.
Nom et Variété de l’arbre / Hauteur et/ou diamètre du tronc / Conditionnement
Ex : Ginkgo biloba "Pendula" / tige 12/14 / C 30

La plantation
Maintenant achetée, il faut installer la nouvelle plante dans des conditions de sols et de climats qui lui sont les plus favorables, et surtout bien respecter ses besoins en développement et ses exigences de culture.
Pour cela, toutes les plantes méditerranéennes seront mis dans des préparations de sols très filtrantes (apports de sables + cailloux + pouzzolane = 50 à 70 % du volume du sol) où l’eau ne stagne pas… aux expositions les plus chaudes et ensoleillées, et plutôt sur des talus que sur des zones planes. Attention ce sont des plantes gourmandes en sels minéraux.
Pour les plantes dites de terre de bruyère, une exposition fraîche (apports de terre de bruyère + sable + pouzzolane ) et une exposition peu ensoleillée (soleil du "petit matin") sera parfaite. La mise en place de goutte à goutte et/ ou d’asperseurs sera obligatoire durant les mois où l’hygrométrie de l’air est faible.


Pin parasol en pot
Crédit photo : Couleur Média

De façon plus générale, pour toutes les plantes de nos jardins, plus la préparation du sol et plus leur entretien seront de qualité, et plus les résultats de floraison et de croissance seront importants…
Pour cela, lors de la plantation d’un arbre ou d’un conifère, qu’il soit racines nues, en conteneur ou en motte grillagée, un minimum de soins et de préparation est obligatoire (ou recommandé) pour réussir dès la premier année son développement.
Le trou de plantation doit être aussi large que profond : 1 m x 1 m x 1m . Si le sol est soit trop dur, pierreux ou trop argileux, il vaut mieux alors l’élargir et ne pas "casser un sous sol imperméable" qui deviendrait alors une cuvette d’eau stagnante permanente et asphyxiante pour les racines.
- Reboucher de moitié le trou en y apportant un mélange : pierres + sable + terre d’origine,
- Couper un morceau de drain de diamètre 63 mm (et de 4 m de long environ) et l’installer… le bloquer à son extrémité sur le fond du trou,
- Reboucher de moitié avec un mélange : pierres + sable + terre d’origine + terreau + engrais de fond,
- Tailler les extrémités des grosses racines et radicelles, installer l’arbre sur le fond du trou attaché solidement sur le tuteur mis en place,
NB : Attention de laisser "au raz du sol" le point de jonction entre la tige et le système racinaire = Collet
- Reboucher le tout (mélange : pierres + sable + terre d’origine + activateur biologique) en arrosant bien les racines,
- Veiller à faire tourner et remonter le drain autour de celles-ci,
- Pour les arbres d’ornement, rabattre sévèrement la couronne en choisissant les "futures charpentières" sur lesquelles 2 à 3 bourgeons les mieux orientés seront conservés,
- Tasser avec le pied et mettre en place la protection anti lapin (si nécessaire),
- Règler l’extrémité du drain en posant un adaptateur et un bouchon vissé,
La pose d’un drain permet d’apporter de l’eau ainsi que de l’oxygène directement aux racines.
- Arroser de nouveau l’ensemble…,
- Le tuteurage dans les situations venteuses pourra être double ou à croisillons pour les conifères et les arbres dont la prise au vent est importante. Ainsi, ne pas oublier de surveiller périodiquement l’attache des arbres, car les blessures et les étranglements sont fréquents.
- Surveiller périodiquement la plantation et arroser 60 à 100 Litres d’eau tous les 15 jours (pendant les 2 premiers mois qui suivent la plantation) selon les cumuls de pluies observés (pluviomètre).
NB : Il faut impérativement que chaque plante (conteneur / racines nues / motte grillagée) installée à l’automne ou au printemps soit suffisamment développée pour résister à son premier été.
Pour les plantations âgées ou celles qui ont souffert d’asphyxie ou de sécheresse, on peut pratiquer des forages à la tarrière à l’aplomb de la couronne.
Chaque trou devra être empli de matériaux poreux grossiers additionné d’engrais organique et d’amendements dynamiques.
Ces "cheminées" apporteront de l’oxygène et restimuleront l’activité racinaire…
La fréquence des "puits" et leur profondeur dépendront à la fois de la qualité du sol et des besoins de l’arbre traité.

Petit rappel : La plante pour vivre et se développer produit grâce à ses feuilles de l’énergie par le biais de la photosynthèse. Ces feuilles qui se forment et se développent permettent grâce à l’évapo transpiration d’aspirer et de faire monter l’eau + les sels minéraux puisés dans le sol par les jeunes radicelles. Mais ces jeunes racines ont besoins d’eau et d’oxygène pour fonctionner… Alors ! Pas d’oxygène dans les sols donc pas de croissance des racines ! Pas de croissance racinaire donc pas d’eau + sels minéraux fournis aux feuilles et pousses ! Pas d’eau fournie aux feuilles ! Pas de croissance des pousses et bourgeons ! Pas de croissance des pousses et bourgeons = dessèchement des jeunes rameaux, puis des plus vieux et si rien n’est fait, c’est la mort de la plante.

En conclusion, privilégier au maximum le bon développement des racines, c’est s’assurer une parfaite croissance de la partie aérienne de chaque plante…

PLANTATION des ARBRES en MOTTE GRILLAGÉE

Réception des végétaux et transport

Préparation de la plantation et mise en place

Plantation finale

 

L’arrosage
Après avoir réussi la plantation, le travail au quotidien est d’assurer et d’évaluer périodiquement, et selon la pluviométrie, les besoins en eau de chaque plante : comment arroser ?… Quand arroser ?… Combien d’eau apporter ?…
Au cours de la saison, et selon la pluviométrie, chaque plante aura des besoins en eau différents selon son propre développement . Pour cela, si on observe une faible à très faible reprise de la végétation, il faudra rapidement à la fois maintenir et renforcer les apports d’eau autour de chaque arbre par des arrosages copieux et répétés pour toucher progressivement les couches inférieures du sol.…
Les fréquences d’apports doivent être fonction du volume d’eau apporté.
Cela pourra être tous les 3 à 5 jours pour des jeunes plantations et 8 à 10 jours pour les plus âgées.
Pour un arrosage d’entretien la quantité d’eau sera de 15 à 30 litres d’eau / mètre carré.
Pour un arrosage "trop tardif ou de rattrapage" cet apport deviendra de 30 à 50 litres d’eau / mètre carré car le sol en absorbera une grande partie.
Important ! Il faut considérer que pour un apport réel : une partie va être "lessivée", une deuxième partie va s’évaporer rapidement au contact de la température du sol et de l’air, une troisième partie va être directement prélevée par le couvert végétal supérieur, puis une quatrième partie va permettre une ré-humidification du sol (texture et structure) et sous-sol. Enfin ! une cinquième partie sera disponible pour les jeunes radicelles de l’arbre…
De plus, en complément de l’eau ; amener en deux fois un apport d’engrais à dominante azotée de "type organique": Mi Mars / Mi Juin pour stimuler et soutenir la croissance et le développement des plantes.
Comme pour l’eau, de la quantité d’engrais de départ, quasiment rien n’ira directement aux arbres… Le but est d’activer, par la pousse et le développement des couches superficielles (gazon), les échanges d’air qui favoriseront une bonne qualité de sol dans les 15 à 50 premiers centimètres du sol.
Economiser l’eau : c’est mieux arroser tout en gérant les fréquences et le volume de chaque apport. Elle est la source de vie animale et végétale!… elle serait même présente sur la planète Mars !…

Le développement des plantations
Enfin, n’oubliez pas qu’une fois plantés et arrosés, les arbres d’ornement et les fruitiers ont besoins d’être guidés pour développer les formes ou les silhouettes souhaitées.
Durant les 3 à 5 premières années les jeunes plantations d’arbres d’ornement et plus particulièrement les arbres fruitiers ont besoin d’une taille de formation obligatoire de base, essentielle pour structurer et former durablement une ossature.
Afin de bien structurer les arbres d’ornement, il faut choisir 3 à 5 rameaux de base qui seront les points de départ de la ramification principale : ce sont les charpentières. Chaque année, elles seront prioritaires et ne devront en aucun cas être taillées… jusqu’à la hauteur souhaitée.
Sur chaque charpentière il faudra conserver tous les 30 à 50 centimètres (selon les essences) une ramification latérale appelée : sous charpentière.
Sur chaque sous charpentière, on conservera de nouveau des productions (dards, bouquets de mai, chiffonnes, bourses, brindilles couronnées) qui porteront les fruits
Pour les conifères aucune taille n’est à prévoir sauf pour les pins parasols ou la formation de la couronne doit se faire progressivement.
Chaque arbre doit avoir un port adapté à ses exigences naturelles et il réagira d’autant mieux aux soins s’il est capable de les supporter et de les bonifier.
Pour ne pas perdre de temps, il est donc préférable d’avoir dès le départ une plante de grande qualité…

Critères de qualité
Pour savoir si lors d’un achat la plante est de qualité, voici quelques normes et critères essentiels de comparaison pour la plupart des arbres et conifères.
La taille : Elle est exprimée en centimètre, entre une hauteur minimale et une hauteur maximale : Ex : Cèdre de l’Atlas 250 / 300 ou Liquidambar commun175 / 200 ; ou pour certaines espèces et variétés d’arbre d’ornement, par rapport à un diamètre du tronc défini en centimètre à 1 mètre du sol : Ex : Liquidambar commun 12 / 14.
Pour justifier un développement, on associera un "mode de culture" et le consommateur trouvera ainsi 3 grands types de conditionnement : les racines nues (codé : R.N) où l’ensemble du système racinaire de la plante est parfaitement visible, le conteneur (codé : C) qui correspond à un pot dont la contenance est exprimée en litres, la motte grillagée (code : MG) associant un mode de culture en pépinière où l’arbre pousse provisoirement en pleine terre puis arraché à l’automne pour être vendu avec sa motte maintenue par un tissu et solidement serrée par un grillage.
Selon la taille et l’importance de la plante achetée, celle-ci peut avoir subi en pépinière des soins appropriés et alors bien apparent sur l’étiquette de vente, justifiant ainsi un coût supérieur : arbre contre-planté / arbre rabattu.
De même, certains végétaux demandent à être fabriqués depuis leur jeune âge… le pépiniériste utilisera le greffage .
L’emploi de porte-greffe "à la carte" conviendra aux exigences de chaque consommateur… L’acheteur trouvera des fruitiers, des rosiers, des arbres, des conifères, greffés en pied et/ou en tête.

NB : Une plante greffée est en fait l’association d’un système racinaire (le porte-greffe) qui n’appartient pas à l’origine à la variété désirée (le greffon), mais qui lui permet de vivre et de se développer harmonieusement quelques soient les sols et les situations climatiques…

Dans toutes les gammes d’arbres fruitiers, il existe des choix importants de porte-greffes qui déterminent le développement (grand ou petit) et les soins futurs (besoins en eau, tailles et traitements) pour chaque espèce ou pour une même variété…
Enfin, lors de l’achat vérifier la "structure générale" de la plante, en s’informant sur l’âge ou la forme variante du scion au baliveau, de la tige à la demi-tige .
Regarder tout aussi bien le point de greffe et sa soudure, l’uniformité du tronc et des ramifications, que l’état sanitaire…
N’oubliez pas, que tous les végétaux doivent posséder "une carte de reconnaissance" où doit apparaître le genre, l’espèce, la variété.
Plus le consommateur prendra en compte l’ensemble des critères : taille / conditionnement / qualité générale et plus les moyens de comparaison seront vrais !
Acheter une plante, aménager un jardin, c’est investir dans une optique de qualité et de traçabilité, et cela doit être réalisé grâce à l’aide de professionnels.

Alain BAERISWYL
Paysagiste / Technicien Arboricole


Les plaisirs du jardin
Nombre d’entre vous pensent déjà aux "coupes" d’arbustes, haies et autres arbres fruitiers ;
ATTENTION : sachez que dans le cadre d’une mitoyenneté, la moitié d’une haie (la partie sur votre propriété cadastrale) est à votre charge quant à l’entretien ainsi qu’en terme de responsabilité. L’autre moitié, située sur le terrain du voisin, sera à sa charge.
Autre exemple : un arbre planté chez vous et dont une branche passe chez le voisin, est sous votre responsabilité. Particulièrement si cette "maudite branche" occasionne des dégâts chez "ce cher voisin" !!!!
De même, si un arbre fruitier est planté chez vous et qu’une branche dépasse chez le voisin, il aura le droit de couper cette branche sans votre accord.
Enfin, s’il s’agit d’un arbre fruitier, il viendra certainement vous remercier car il pourra prendre les fruits des branches situées à l’intérieur de sa propriété.
La mitoyenneté est à considérer sérieusement pour éviter tous problèmes.
Bonne taille et bon voisinage !

Couleur Lauragais N°60 - Mars 2004