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Couleur Lauragais : les journaux

Nature et Jardin

Les plantes et l’évolution :
Le fabuleux destin de l’orchidée

Les Orchidées représentent la famille de plantes à fleurs la plus importante dans le monde (environ 20000 espèces). Elles sont parvenues à un stade d’évolution qui se traduit par des modes d’adaptation étonnants. La plupart poussent sous les tropiques, le plus souvent sur les arbres. Les fleurs sont de grande taille et ont un aspect étrange. La vanille est la gousse fermentée d’une Orchidacée originaire d’Amérique tropicale. Le sud-ouest de la France est particulièrement riche en "orchidées" et le Lauragais ne déroge pas à cette règle. Il s’agit alors de plantes à petites fleurs, à souche charnue rampante ou à deux tubercules, qui croissent dans la terre, contrairement à leurs cousines des tropiques. Beaucoup sont protégées : il ne faut donc pas les ramasser.

Le fruit, appelé capsule, renferme de nombreuses graines minuscules dont l’embryon est dépourvu de réserves : la germination nécessite une symbiose (échange dont chacun tire profit) avec un champignon fixé au niveau des racines.
Certaines, au contraire, sont munies d’un tubercule dont la forme est à l’origine du nom de genre (orchis = testicule). D’autres, dont les feuilles sont réduites à des écailles, vivent sur de la matière organique en décomposition, comme le font de nombreux champignons.
En se promenant, au printemps, sur les coteaux ou à la lisière de certains bois, il n’est pas rare de rencontrer une de ces fleurs, souvent d’une grande beauté et aussi, parfois, étranges : céphalanthère, orchis pourpre, pyramidal ou bouc (à cause de l’odeur qu’il exhale), ophrys jaune, sérapias... la liste est longue.
Plantes vivaces à tubercule entier, à tige dressée et feuilles ovales, les Ophrys fréquentent les prairies, les pelouses sèches bien exposées sur sol calcaire ou les bois clairs ensoleillés. Ils possèdent une merveilleuse aptitude : le mimétisme. En effet, toutes les orchidées du genre ophrys prennent l’apparence d’un insecte. L’un des pétales appelé labelle ("lèvre") d’aspect le plus souvent velouté ressemble fortement à un insecte, les autres pétales simulant une fleur sur laquelle se serait posé cet insecte. Dans le cas d’un Ophrys bourdon, le "leurre" représente une femelle bourdon. La fleur émet la phéromone de l’insecte femelle dans un rayon d’une centaine de mètres. Le bourdon mâle, attiré par la phéromone, va tenter un accouplement avec la fleur : il peut rester ainsi jusqu’à une vingtaine de minutes avant de se rendre compte de sa méprise. Pendant ce temps, sa tête, qui est entrée en contact avec l’extrémité des étamines, va se charger de grains de pollen qui sont astucieusement munis de ventouses.
Ce procédé de pollinisation montre à l’évidence que certaines orchidées sont parvenues à un stade d’évolution très élevé.

Usages divers
Les tubercules de certaines espèces sont consommés depuis des siècles au sud de l’Europe et en Asie. Comestibles crus ou cuits, ils ont été employés dans la fabrication d’une substance comestible appelée "salep" (Orchis pyramidal).

Michel LITHA
Ethnobotaniste
Ramonville Saint Agne



Couleur Lauragais N°52 - Mai 2003