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Couleur Lauragais : les journaux

Balade

Balades du côté de Caraman et de Lanta

Lanta est entouré d’une dizaine de toutes petites communes dont l’ensemble forme le Lantarès ou Pays Lantarois (avant 1789) ; c’était une puissante et riche baronnie. Mêmes remarques pour Caraman avec un village important et une couronne de micros paroisses formant un "comté de Caraman" détaché du Languedoc en 1306 et qui ne reviendra dans cette province que quelques années avant la Révolution ; ce comté porte parfois le nom de Caramanès ou pays de Carmaing.



Le cadre naturel


Les pays de Lanta et Caraman sont constitués de douces collines drainées par des rivières nombreuses et surtout parallèles, orientées du Sud Est au Nord Ouest ; ainsi nous observons au Nord de l’Hers mort, la Marcaissonne, la Saune, la Seillonne, le Girou ; au Nord de Caraman : le Dagour, la Vendinelle. Les versants de ces vallées sont en pente très douce, subhorizontales, faciles à travailler avec des attelages de boeufs, aussi leur surface est entièrement cultivée ; les bois ont pratiquement tous disparus ; c’est la région la plus déboisée du Lauragais. Cela s’explique aussi par la richesse naturelle exceptionnelle des sols : les terreforts de Lanta et de Caraman sont parmi les plus fertiles du Pays des Mille Collines, d’où la richesse des grands propriétaires qui se traduit par les paysages humanisés par la densité étonnante des châteaux du pastel et des châteaux du froment.



Eglise de Lanta ( Crédit photo : couleur média )

La mutation démographique actuelle

Nous présentons brièvement un trait spécifique de la région de Lanta en 2003 (1) ; si la richesse agricole est toujours bien visible, le Lantarès connaît une explosion démographique, sans lien avec l’agriculture, mais d’une vigueur exceptionnelle : le témoignage le plus sensible est l’ouverture d’un collège très moderne à Saint Pierre de Lages en septembre 2002. Le Lauragais historique accueille aujourd’hui un puissant courant démographique mais c’est à Lanta que le phénomène est le plus spectaculaire ; si le canton de Castanet dépasse 35 000 habitants, celui de Montgiscard 25 000, c’est Lanta qui bat tous les records d’accroissement : en 10 ans, le canton a augmenté de 47,36% ; une commune, Sainte Foy d’Aigrefeuille, compte, en 2000, 1630 habitants, soit une augmentation de 139% par rapport à 1992 ; Aigrefeuille : plus 135%, Lauzerville : 115%. Cette population est dynamique et surtout très jeune : le collège de Saint Pierre de Lages dénombre plus de 400 élèves de 6ème et 5ème.


Château de Lanta ( Crédit photo : Couleur Média )

Un peu d’histoire

La région de Lanta est un haut lieu du catharisme (12-13ème siècles) et du protestantisme (16-17ème) ; la tête du catharisme repose sur la puissante famille hérétique des Hunaud de Lanta dont le château primitif était situé un peu au Nord de l’église actuelle. Les Hunaud sont célèbres dans l’histoire médiévale du Lauragais ; ils sont cathares convaincus et fidèles soutiens de Raimon VI et Raimon VII durant la Croisade contre les cathares déclenchée par l’Eglise catholique (1209-1229) ; plusieurs Hunaud ont participé à la victoire des Occitans à Baziège (1219). Une femme de la famille est en quelque sorte le symbole des femmes cathares du Lauragais qui ont joué un rôle décisif dans l’essor de la nouvelle religion des Bonnes Femmes ; elle s’appelait Marquésia de Fourquevaux où elle était née ; elle épouse un Hunaud de Lanta ; sa fille est Corba qui épouse Raimon de Péreille, seigneur et chef militaire de la citadelle cathare de Montségur ; sa petite fille est Esclarmonde. Les trois femmes, trois générations, montèrent et disparurent dans les flammes du bûcher du 16 mars 1244, après la chute du château entre les mains de l’armée royale. Les Hunaud seront ensuite les chefs du soulèvement protestant de mars 1562, à Toulouse.
Caraman et une vingtaine de villages des environs ont formé une vicomté, puis un comté autonome en 1484 ; ce comté fut de 1321 à 1670 sous la domination des descendants de Pierre Duèse frère du pape d’Avignon Jean XXII, puis de 1670 jusqu’à la Révolution de 1789, le comté appartient aux descendants de Pierre Paul Riquet, le créateur du canal du Midi, appelé alors le Canal Royal du Languedoc.
Sur la famille Duèse, c’est Pierre, frère du pape (né à Cahors) qui achète la vicomté de Caraman le 20 mai 1321 moyennant 35 000 "petites livres tournois" ; un descendant Paul d’Escoullan de Monluc de Foix vend le comté et la baronnie de Saint Félix le 5 août 1670 à Pierre Paul Riquet qui devient ainsi comte de Caraman ; son arrière petit fils Victor de Riquet épouse une Marie Anne d’Alsace Hénin-Liétard, princesse de Chimay, dont postérité jusqu’à nos jours. En 1981 une princesse de Chimay est venue à Caraman et Revel pour les cérémonies du Tricentenaire du Canal.
Les plus grandes familles de l’aristocratie méridionale se sont donc intéressées à ces terres si belles de Lanta et de Caraman, témoignage de leur richesse proverbiale.

A la découverte d’une chapelle romane,
Notre Dame de Noumé-rens (Auriac sur Vendinelle)


A Auriac sur Vendinelle, à trois kilomètres environ, sur la route du Falga, se dresse une très belle chapelle romane des 11-12ème siècles ; complètement isolée au milieu des bois et des prés, loin de toute habitation, elle est toujours entourée d’un cimetière sur lequel elle veille : c’est le prototype des chapelles rurales du Moyen Age lauragais. Le beau clocher mur-pignon, à 3 baies campanaires, appartient au 13ème siècle, la porte ouvrant au Nord a été refaite au 14ème siècle en arc brisé ; on a déplacé vers la gauche un chrisme, document archéologique très rare en Lauragais ; je n’en connais que trois : dans l’église de Baziège, à Saint Papoul et à Noumérens ; un chrisme est le monogramme du Christ fait des lettres grecques X (ki) et P (ro) entrelacées, premières lettres du mot Christos ; il est souvent accompagné de l’alpha et de l’oméga, première et dernière lettre de l’alphabet grec.

Châteaux du Pastel

Le pastel a permis l’édification d’énormes fortunes par les grands propriétaires et les gros commerçants pasteliers, les princes du pastel ; la plante est cultivée en Lauragais dès la fin du 13ème siècle jusqu’au 17ème ; l’âge d’or se place entre 1460 (fin de la guerre de Cent Ans) et 1562 (début des guerres de religion entre catholiques et protestants).
Les châteaux du pastel sont nombreux vers Lanta : château de Roques à Bourg Saint Bernard ; à Préserville : Barthecave et la Boiserie ; à Saint Pierre de Lages : le Bousquet; à Saint Foy d’Aigrefeuille, une cloche du 16ème ; à Tarabel : le château du village, sans doute le plus typique, le mieux conservé, le plus beau du Lauragais. Vers Caraman, le château d’Albiac ; à Beauville, "la tour" était des 11-12ème siècles ; au Cabanial, la porte du château est du 12ème ; à Cambiac, bel ensemble pastelier ; à Caraman : le Crouzillat est composite, certaines parties sont du 15ème ; le Faget : belles bouches à feu ; Loubens : bel ensemble pastelier, voir les bouches à feu ; Maureville : des parties du 15ème, d’autres du 18ème ; Mourvilles Basses : Campoliac ; la Salvetat : 12-13ème, remanié au 15ème.


Chateau de Loubens (crédit photos : Jean Odol )

Châteaux du froment
Le froment (blé) est cultivé en Lauragais depuis 8 000 ans ; le premier âge d’or débute en 1681 avec l’ouverture du canal du Midi qui permet l’exportation massive du grain vers les ports de la Méditerranée ; il s’achève vers 1857 avec les chemins de fer ; le 2ème âge d’or du blé est contemporain : 1950-2003. Les principaux châteaux du froment sont à : Beauville (Montaussel) ; à Caragoudes : de Sauné ; à Caraman : une partie du Crouzillat ; le château de Mascarville ; à Mourvilles Basses : le château de la famille de Villèle, l’une des plus anciennes du Lauragais, remontant aux Croisades ; au 13ème siècle, les frères de Villèle sont seigneurs de Nailloux et cathares, et se font inhumer au cimetière hérétique de Montesquieu. Autres châteaux du froment : à Prunet, Saussens.

Circuits de découverte
Couleur Lauragais vous propose quelques circuits de découverte dans la région Lanta-Caraman.
Circuit 1 : A la recherche du pastel
Aller à Magrin, voir le musée du pastel, dans le Tarn, 15 km au Sud Est de Lavaur ; puis chercher les châteaux pasteliers : Roquevidal, Loubens (10km au Nord de Caraman), Auriac sur Vendinelle : voir l’église et son clocher, ancien donjon roman du château fort disparu ; faire un crochet par Noumérens, chapelle romane du 12ème , Tarabel : château splendide, dans le village, près de l’église ; pousser jusqu’à Montmaur.
Circuit 2 : Quelques villages du Lauragais
Lanta : voir l’église, surtout son clocher-mur, le château ; l’emplacement du château médiéval ; la vieille rue des Nobles ; à Caraman : l’église, le noyau urbain ancien ; le pigeonnier devant la mairie. Aller ensuite à Auriac et Noumérens, Cambiac : le château ; les Cassés : gagner le lieu dit le Fort, emplacement du bûcher collectif de 1211. Terminer par Saint Félix : une bastide : voir la place, la halle, la maison natale de Déodat de Séverac, l’église collégiale gothique, le château ; voir si possible Revel, la place.


Caraman : vue générale ( Crédit photo : Couleur Média)

Circuit 3 : autres villages
Caraman ; Lanta ; Verfeil : les portes, le château, l’église, toutes informations à l’Office du Tourisme ; Bourg St Bernard : l’église gothique, belles briques.
La région Lanta Caraman est parfois loin des grands axes touristiques et cependant que de joyaux architecturaux à découvrir ; allez voir les châteaux de Tarabel et de Loubens pour en être convaincus. Couleur Lauragais vous souhaite "bon vent de pastel".


Château de Tarabel
( crédit photos : Jean Odol )

Jean ODOL
Bibliographie
(1)Jean Odol : " Les communes du canton de Lanta" dans "le Patrimoine des communes de France", Editions Flohic 2002.
(2)Jean Odol : "Le Lauragais, pays des cathares et du pastel", Editions Privat

Couleur Lauragais N°51 - Avril 2003