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Couleur Lauragais : les journaux

Nature et jardin

L'Eglantier : pas seulement du poil à gratter…

Les premières gelées de Novembre ont un effet bénéfique sur les fruits de certaines rosacées : elles réduisent l’âpreté des prunelles, des nèfles, des alisés et des cernes en transformant en sucres les tanins que contiennent ces fruits.
Le pseudo-fruit de l’églantier demande aussi une baisse sensible de température pour que sa pulpe se ramollisse.

- Espèce avide de soleil, l’Eglantier (rosa canina) hante les clairières, les haies et les pelouses sèches du Lauragais. Il est l’ancêtre de tous les rosiers actuels et leur sert, pour cette raison, de porte-greffe.
Arbruisseau, buissonnant à aiguillons acérés, il ne résiste pas, cependant, à la gourmandise des chèvres qui broutent avec délectation ses pousses encore tendres.

- Ses fleurs, hermophrodites, rose pâle, répandent un parfum suave. Elles sont toniques et légèrement laxatives.

- Ses fruits, enfermés dans un receptacle floral épaissi, se présentent sous forme de graines à poils irritants qui leur ont valu le nom populaire de «gratte-cul». L’ensemble est appelé cynorrhodon (qui signifie rose de chien en grec : c’est pourtant la racine qui était autrefois considérée comme remède contre la rage).

- L’enveloppe charnue qui entoure les fruits, d’un beau rouge vif, possède un goût acidulé très agréable. Elle fournit la matière première pour une délicieuse confiture dont la préparation s’avère plutôt délicate, mais qui est très riche en Vitamine C (Jusqu’à dix fois plus que le citron ! ), en Vitamines A, B, K et P, en tanin (astringent) et en pectine, qui font du cynorrhodon un tonique astringent (diarrhées) et un épurateur de l’organisme.

- La «galle chevelue» de l’Eglantier, appelée Bédéguar, est due à une petite guêpe, le cynips rosae (hyméroptère) qui pique la plante pour pondre à l’aide de sa tarière. Protégée pendant son développement par la masse sécrétée par l’arbrisseau, la larve sort lorsque ses ailes sont formées, au stade adulte. La galle de l’Eglantier a été utilisée comme hémostatique et cicatrisant, en chirurgie.
A titre tout à fait anecdotique, elle a permis de pallier l’absence de tabac pendant certaines périodes de pénuries : après séchage et broyage, le Bédéguar, mis en pipe, partait en fumée !

Michel Litha
Ramonville

Couleur Lauragais N°37 - Novembre 2001