


Gens d'ici
Roger Petit, architecte du bois
Couleur Lauragais est allé à la rencontre de Roger Petit, artisan du bois depuis de longues années. Longtemps contremaître dans une entreprise revéloise de meubles dart, il est aujourdhui à la retraite. Roger est connu pour sa participation bénévole au sein dassociations revéloises et pour ses réalisations : de magnifiques maquettes représentant les monuments du Lauragais.

    La galerie du Midi 
    (Crédit photo : Couleur Média)
    
Premières 
    réalisations
    La passion de Roger pour le bois remonte à son enfance. Cest 
    son grand-père, sabotier dans la région de Lavaur qui, vers 
    lâge de 7 ou 8 ans, la lui communique. Il lui prête quelques 
    outils et laide à concevoir des jouets : chariot, traîneau, 
    
.
    Roger a déjà décidé dentamer une carrière 
    dans le secteur du bois. Il intègre le centre dapprentissage 
    de Castres où il obtient un CAP de Menuisier. Il commence à 
    travailler en 1951 dans une entreprise de Revel qui fabrique des meubles. 
    Un ancien, M. Fournier, le prend sous son aile. Il lui apprend les ficelles 
    du métier et lui transmet les petits tours de main nécessaires 
    à un bon professionnel. A lépoque, les ouvriers sont souvent 
    spécialisés sur lune des étapes de réalisation 
    des meubles. Mais Roger souhaite quant à lui devenir un artisan polyvalent. 
    Il est intéressé par toutes les étapes de conception 
    et apprendra tour à tour chacun de ces métiers.
Un 
    artisan polyvalent
    Les compétences nécessaires à la conception dun 
    meuble dart sont nombreuses. Le carcassier façonne dabord 
    le bois et réalise le meuble nu (la carcasse). Le marqueteur prépare 
    les finitions (la marqueterie) puis le plaqueur colle la marqueterie à 
    chaud sur le bois brut. Lintervention du vernisseur permet de poser 
    le vernis au tampon (remplacé aujourdhui par le pistolet). Tour 
    à tour, Roger va occuper chacun de ces postes et apprend à maîtriser 
    toutes les techniques. Cette polyvalence va lui permettre en 1963 dêtre 
    rapidement nommé contremaître de la société Daïdé 
    sur Revel.
Une 
    passion dévorante
    Le métier est passionnant et Roger peut à son tour former des 
    jeunes. Un bon ébéniste, explique-t-il, se forme dordinaire 
    en 7 ou 8 ans. Certains, peu doués, narriveront jamais à 
    un bon niveau mais il rencontre durant toute sa carrière plusieurs 
    phénomènes exceptionnellement maîtres de leur art et qui 
    deviennent en un ou deux ans des artisans de tout premier dordre. Certains 
    enseignent aujourdhui au lycée du bois de Revel, dautres 
    ont créé depuis leur propre entreprise.
    En dehors de ses heures de travail, Roger réalise déjà 
    une copie au 1/5ème du bureau de Marie-Antoinette, initialement conçu 
    par Reizener, (ébéniste de Louis XVI). Ce meuble, mondialement 
    connu, est une référence pour tous les artisans du bois. Roger 
    va travailler sur ce projet durant plusieurs centaines dheures, utilisant 
    différentes essences de bois (citronnier, ébène, acajou, 
    poirier, 
) comme lavait fait avant lui son illustre modèle. 
    Le résultat est exceptionnel aux dires même des professionnels.
Une 
    retraite active
    En 1996, Roger prend sa retraite mais il ne peut renoncer à cesser 
    toute activité. En 1997, il lit un ouvrage sur les pigeonniers et décide 
    de construire une maquette en bois sur la base des photos quil a pu 
    trouver. Ces premières réalisations lui permettent de tester 
    les techniques quil utilisera par la suite pour réaliser des 
    maquettes encore plus ambitieuses, toutes réalisées au 1/50ème 
    et entièrement en bois.
    Roger sintéresse essentiellement à larchitecturale 
    locale. Il sattaque dabord à la galerie du Midi à 
    Revel. Il prend dabord une série de plusieurs dizaines de photos 
    sous tous ses angles avec un gros plan sur les détails de larchitecture. 
    Il se rend ensuite sur place pour prendre les mesures. Ces plans constitueront 
    la base de sa maquette. A laide de contreplaqué et de chêne, 
    il réalise le "gros uvre" : murs, toits, vitrines, 
    
 Il sattaque ensuite aux détails : de la colle de carrelage 
    pour réaliser le crépi, des lampes de 12 volts pour léclairage. 
    Il va même jusquà utiliser des réductions des photos 
    de vitrines pour avoir une maquette la plus proche possible de la réalité. 
    Le résultat est stupéfiant.
    Fort de ce succès, Roger réalise ensuite plusieurs autres maquettes 
    : le bâtiment de la Caisse dEpargne de Revel, léglise 
    de Revel, le centre culturel GET, la chapelle Saint Pierre (route de Castelnaudary), 
    une douzaine de pigeonniers mais aussi des châteaux, des fermes, 
 
    

    Le 
    Beffroi en construction
    Crédit photo : Roger Petit 

    Le 
    Beffroi
    Crédit photo : Couleur Média 
Le 
    " clou " de sa collection : le Beffroi de Revel
    Sa plus belle pièce est sans doute le Beffroi de Revel. Cette maquette 
    a été réalisée à partir de 1600 pièces 
    de bois au 1/30ème et comprend tous les moindres détails du 
    bâtiment dorigine (les piliers ont notamment été 
    réaliséés dans du bois de chêne). Elle a demandé 
    près de 600 heures de travail dont une étude complète 
    sur limplantation précise de chaque élément architectural. 
    La maquette a été montée comme la construction : le socle 
    dabord, puis les piliers, la charpente et enfin la couverture. Roger 
    sest rendu tous les jours au Beffroi pour ajuster ses plans et son poste 
    de 1er vice-président de lOffice de Tourisme lui a permis une 
    parfaite connaissance du cur même de la structure.
    Ce que Roger apprécie par dessus tout cest de pouvoir relever 
    un défi technique. Le résultat est toujours à la hauteur 
    : ses maquettes ont récemment été exposées à 
    Revel lors des journées du Patrimoine où elles ont connu un 
    large succès. 
    Roger est toujours en quête de nouveaux modèles : il est prêt 
    à entendre toute nouvelle proposition pour réaliser quelques 
    beaux monuments proches de sa belle ville de Revel.
    
Interview : Pascal RASSAT
    
     
  
Couleur Lauragais N°37 - Novembre 2001