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Couleur Lauragais : les journaux

Au fil de l'eau

Promenade le long des écluses du Canal du Midi

Nous vous proposons, dans ce numéro, la suite de la balade le long des écluses du Canal du Midi (voir Couleur Lauragais n° 33), cette fois dans sa partie audoise, toujours en Pays Lauragais.


Castelnaudary - le port
(Crédit photo : Collection Feuilhes)

Vous emprunterez le chemin de halage, à pied ou en vélo, vous la ferez en bateau ou même en auto, par la route N 113 qui longe la voie d'eau, pour y découvrir de part et d'autre notre patrimoine régional (Voir CL n°4).

Le partage des eaux
De Port Lauragais, notre dernière halte, nous devons parcourir 2 km pour arriver au pont et à l'écluse simple de l'Océan. Là nous atteignons le bief de partage des eaux, la partie la plus élevée du Canal, à 189 mètres d'altitude. Nous sommes à Naurouze, lieu géographique, historique et mythique. Les eaux arrivant de la Montagne Noire et du barrage-réservoir de Saint-Ferréol, par la Rigole se déversent naturellement dans le lit du Canal, sur son versant Atlantique vers Toulouse et sur son versant Méditerranéen vers Carcassonne (voir CL n° 11, 13, 15).


Obélisque de Naurouze
(Crédit photo : Michèle Sandre-Pradel)

Sur le site même, profitez du cadre naturel et artificiel, eau, verdure, ombre, calme et histoire vous y attendent. A voir notamment le monument érigé à la mémoire de Pierre Paul Riquet, par ses descendants en 1825, l'Obélisque (20 m de haut) juché sur les légendaires pierres de Naurouze. La " Maison de l'Ingénieur " où fut signé le 18 avril 1814 le traité de paix entre le Duc de Wellington et le Maréchal Soult, après la bataille de Toulouse. Autour de l'ancien bassin octogonal, un arborétum où de nombreuses espèces de végétaux et d'arbres font de ce lieu, une halte emplie de fraîcheur.

Environ 2 km vers le nord, perché sur un promontoire, en traversant la route N-113, visitons le village de Montferrand. Au pied de celui-ci, à côté de l'église et ses stèles discoïdales, des vestiges historiques du très ancien relais (époque gallo-romaine) sur la " via aquitania " : Elusiodunum (thermes-nécropole). En haut, dominant la plaine lauragaise, les restes d'une très vieille place forte avec château, remparts et église. Une tour de Chappe et le " phare aéronautique ", témoin de la ligne des avions de l'Aéropostale, dans les années 1920-30, qui a vu passer les célèbres pilotes tels que : Mermoz, Saint Exupéry, Guillaumet

Redescendons sur les bords du canal pour rejoindre l'écluse simple de la Méditerranée à 5 km de la précédente.

Argiles et terres cuites
Après Naurouze à 2,5 km, le pont et le port du Ségala, hameau sur la rive droite du canal, avec une importante usine de tuileries. En empruntant la route D 217 à droite, elle nous conduira au bout de 2 km au petit village de Baraigne. Une très belle église romane, un château du XVIème siècle et un vieux moulin à vent sont les monuments à voir. Revenons sur le pont toujours sur la même route, mais à gauche et à 1,8 km, voici le gros bourg de Labastide d'Anjou. Une ancienne bastide du XIVème siècle, avec église et maisons de la même époque. En arrivant à l'écluse simple de la Méditerranée, fin du bief de partage, c'est la Poterie des Frères Not qui va nous accueillir. Célèbres dans tout le midi, ces potiers artisans-artistes fabriquent avec les méthodes anciennes, dont un four à bois, des ustensiles de cuisine et autres terres cuites. A moins d'1 km de la précédente nous trouvons la double-écluse du Roc, puis à 1,2 km le pont et la triple-écluse de Laurens. De là en empruntant la route D 218 et à 2 km sur la droite, nous arrivons au village de Mas Saintes Puelles. Ancienne place forte détruite par Louis VIII pendant la croisade contre les Albigeois (cathares), nous y trouvons des vestiges d'un mur d'enceinte avec donjon, des ruines d'un couvent et une église avec la nef du XVIIIème siècle. De retour sur les berges du canal, nous atteindrons à 1 km l'écluse simple de la Doumergue, 1,3 km plus loin celle de la Planque avec le pont construit en basalte au XVIIIème siècle.

 


Naurouze : l'écluse de l'océan
(Crédit photo : Michèle Sandre-Pradel)

Gastronomie et Histoire
A moins de 5 km nous entrons dans la capitale historique du Lauragais, Castelnaudary (voir CL n°10, 14, 22).
Très ancienne et importante cité sur l'axe antique de Narbonne à Toulouse (les romains s'y étaient établis), elle est traversée par le Canal du Midi. Par le pont neuf du XVIIIème siècle nous entrons dans le port, qui connut aux siècles passés une activité très conséquente dans les transports fluviaux de marchandises. De nos jours, par le pont vieux du XVIIème siècle, nous arrivons sur le Grand Bassin, qui connaît une forte activité dans la navigation de plaisance. Cette immense réserve d'eau est utilisée pour le fonctionnement des quadruples écluses de Saint Roch, en aval au sortir de la ville. Splendide ouvrage, avec de chaque côté des anciens bâtiments d'un relais (hôtelerie, écuries, chapelle) et des moulins à eau, l'ensemble sous une voûte de verdure de platanes plus que centenaires. La gastronomie avec le célèbre Cassoulet, fait la renommée de la cité, qui avec ce plat régional a largement dépassé les frontières de notre pays. Nombreuses sont les fabriques de poteries associées à cet art culinaire. L'histoire riche en évènements depuis plus de 2000 ans, a façonné l'architecture de la ville, par la présence de beaux monuments : le Présidial du XVème siècle, la Collégiale des XIIIème et XIVème siècles, des hôtels particuliers et des moulins à vent. Des sièges militaires pendant la Croisade des Albigeois, aux chevauchées du Prince Noir, jusqu'à son élévation au rang de Capitale du Lauragais par Catherine de Médicis, reine de France en 1560, Castelnaudary à toujours su préserver sa vie politique (au passé), sa vie économique, sa vie spirituelle et sa vie gastronomique.

Reprenons notre balade en direction du canal et une succession d'écluses : la double du Gay à 1,5 km de celle de Saint Roch, poursuivons jusqu'à la triple du Vivier à 1,7 km, la simple de Guillermin à 0,5 km, puis celle de Saint-Sernin à 0,6 km et l'écluse simple et le pont de Guerre au bout de 0,9 km.

Par la route D 116, en traversant la N-113, nous atteignons Saint Martin Lalande, ancien petit village fortifié, avec l'église gothique du XVème siècle restaurée au XIXème. Poursuivons notre cheminement par les écluses simples de la Peyruque à 1,1 km ; celle de la Griminelle à 0,5 km, puis celle de Tréboul avec son pont à 1,4 km. Un fort dénivelé de terrain sur cette partie du canal oblige à avoir cette série d'écluses très rapprochées. Par la route D 71, sur la gauche rejoignons le village perché de Lasbordes à 2 km pour y voir une église gothique et les ruines d'un château seigneurial.

Par le pont de Tréboul, et toujours sur la route D 71, sur la droite à 2 km, le gros bourg de Pexiora, avec son église du XIVème siècle et ses moulins à vent. De retour sur le chemin de halage après 2,5 km, retrouvons le pont en béton, sur la route D 213, qui nous mènera au gros village de Villepinte à 1 km. Remarquez son église du XIIème et XIVème siècles et son ancienne chapelle romane.

Agriculture et catharisme
Du pont de Villepinte, nous trouvons successivement l'écluse simple du même nom à 1,7 km, puis celle de Sauzens avec le pont à 1,7 km et l'écluse simple de Bram pour arriver à 0,5 km plus loin au pont et port de Bram, terme de notre promenade en Pays Lauragais. Non sans avoir visité la typique bastide circulaire de Bram à 1,5 km par la route D 4. Petite ville très ancienne de l'époque gallo-romaine sur la voie d'Aquitaine (Eburomagus), vestiges des remparts du XVIème siècle, église gothique du XIVème siècle, imposant château du XVIIème siècle. Elle dû subir tragiquement la terreur de Simon de Montfort, dirigeant à travers tout le pays la Croisade contre les Albigeois en 1210.

Ce pays que nous traversons depuis la banlieue Toulousaine, terre de polycultures, lieux et sites historiques de part et d'autre de la voie d'eau royale, traversant le seuil du Lauragais, un pays auquel ses habitants sont profondément enracinés.

Jacques BATIGNE

Couleur Lauragais N°36 - Octobre 2001