

Gens d'ici
En quête des sources d'eau du Lauragais
Maurice Anduze, âgé de 87 ans, a exercé toute sa vie le métier de maçon, mais c'est pour une autre de ses compétences que Couleur Lauragais l'a rencontré. En effet, il est également sourcier, c'est-à-dire qu'il a la capacité de trouver des sources d'eau, capacité qu'il a ponctuellement exercée suivant les besoins de ses voisins les plus proches. Il nous raconte aujourd'hui ce "don" peu banal.
Un don familial
    Ce peut être le hasard qui fait découvrir à quelqu'un 
    ses aptitudes à trouver l'eau. Maurice Anduze, lui, tient cette découverte 
    de son oncle. Celui-ci exerçait déjà ses talents de sourcier 
    au début du siècle dans le Lauragais. Un talent rare mais fort 
    utile aux agriculteurs pour trouver les points d'eau qui leur permettaient 
    d'irriguer leurs exploitations. En 1949, son oncle propose à Maurice 
    de tester ses capacités et découvre qu'il peut lui aussi trouver 
    des sources d'eau. Il lui apprend alors les techniques pour développer 
    ce don et devenir un véritable sourcier. Un talent que Maurice n'utilisera 
    que de manière très prudente, uniquement pour des proches (famille 
    ou amis), et sans jamais demander aucune contrepartie financière.
Le 
    don de sourcier
    Certains prétendent que l'on naît avec le "don", d'autres 
    qu'il ne peut s'acquérir que par exercices et expériences. Le 
    métier de sourcier reste en fait encore aujourd'hui bien mystérieux, 
    explique Maurice. Un sourcier, ce serait avant tout quelqu'un de "sensible 
    à son environnement". Il semble que cette sensibilité recouvre 
    l'aptitude à "repérer les perturbations du champs magnétique 
    terrestre, engendrées par l'émission d'ondes produites par certains 
    éléments naturels" (éléments dont l'eau fait 
    partie). La sourcellerie vise donc à découvrir l'eau emprisonnée 
    dans notre sous-sol. Même à faible débit, le frottement 
    des molécules d'eau entre elles et sur les parois provoquerait un champ 
    magnétique capable de rayonner en traversant des surfaces diverses. 
    Il faut remarquer que c'est une eau dynamique qui est détectée, 
    circulant dans des réseaux, ce qui impose une localisation très 
    précise pour être exploitée. Les sourciers auraient une 
    perception d'une précision extraordinaire (certains pourraient ainsi 
    repérer à huit mètres cinquante de profondeur un débit 
    de cinq litres par minute). La discussion reste bien sûr ouverte sur 
    la nature des forces qui agissent sur le sourcier. 
Baguette, 
    pendule ou montre
    Un sourcier utilise généralement un objet récepteur, 
    la détection se manifestant par des mouvements de cet objet. Sa nature 
    ne semble cependant pas déterminante mais correspondrait seulement 
    au choix de son utilisateur. Le sourcier peut ainsi utiliser plusieurs types 
    d'accessoires, choisis en fonction de leurs réceptivité et de 
    sa propre sensibilité. Le plus connu est certainement le pendule, constitué 
    d'un poids équilibré, pendu au bout d'un fil. D'autres utilisent 
    la baguette de coudrier, cette baguette en forme de Y, prise le plus souvent 
    dans le bois d'un noisetier. On trouve également aujourd'hui des baguettes 
    en matériaux composites, susceptibles de faire l'affaire. Maurice Anduze 
    conserve la technique qu'utilisait avant lui son oncle : il fait appel à 
    une simple montre ancienne pendue au bout d'une chaîne.
L'expérience 
    du puits
    Pour montrer de quelle façon se manifeste cette montre à proximité 
    d'une source enterrée, Maurice se place à cinq ou six mètres 
    d'un vieux puits. Il laisse pendre sa montre au bout de sa main et celle-ci, 
    insensiblement, se met à osciller en direction du point d'eau. Plus 
    il se rapproche et plus le balancement augmente en intensité. Arrivé 
    à la verticale du puits, la montre se met maintenant à tourner 
    en rond de plus en plus fort. 
    Les sceptiques pourraient affirmer que c'est le sourcier lui-même qui, 
    par un simple balancement de sa main, imprime à la montre le sens et 
    la force de son mouvement. Nous tentons alors une nouvelle expérience. 
    Quelqu'un de neutre prend la montre et se place à la verticale du puits. 
    On ne note ici aucun mouvement : la montre pend simplement au bout de la chaîne. 
    Mais si le sourcier serre fortement les mains du candide, et cela sans toucher 
    la chaîne, la montre se met alors à nouveau à osciller, 
    avec une force proportionnelle à la pression des mains.
Connaître 
    la profondeur de l'eau
    Maurice Anduze affirme également qu'il peut indiquer, de manière 
    relativement précise, la profondeur de l'eau. Pour cela, il se place 
    à la verticale du puits avec la montre en mouvement et pose une à 
    une, des petites pierres sur la main qui tient cette montre. À mesure 
    que les pierres sont posées, le mouvement devient de moins en moins 
    fort pour finir par s'arrêter complètement au bout de la 5ème 
    pierre. Le nombre de pierres, déclare Maurice, indique la profondeur 
    de la source : celle-ci se trouve aux environs des 5 mètres de profondeur 
    sous le sol. Cela est facile à vérifier aujourd'hui sur ce puits 
    déjà creusé mais sans doute plus difficile à affirmer 
    dans le cas d'une nouvelle découverte.
Éviter 
    les charlatans
    Ce don, Maurice ne se l'explique pas vraiment. L'eau, notamment en milieu 
    agricole, est la source d'enjeux importants et les charlatans ont souvent 
    prospéré sur la simple promesse de résultats. Mais lui 
    a toujours refusé de monnayer ce don. Il a découvert à 
    ce jour une vingtaine de sources et cela toujours gratuitement, pour des amis 
    ou des voisins proches qui lui demandaient de vérifier la présence 
    de l'eau sous leur terrain. 
    Et Maurice reste encore très circonspect sur certaines pratiques qu'il 
    a pu observer autour de lui. Certains sourciers déclarent par exemple 
    pouvoir faire abstraction du terrain et trouver une source uniquement sur 
    carte ou sur plan. Si Maurice avoue qu'il n'a jamais tenté l'expérience, 
    il reste cependant assez sceptique. Beaucoup affirment posséder le 
    don mais peu l'ont réellement. Maurice ne connaît à ce 
    jour que trois personnes en vie dans le Lauragais capables de trouver de l'eau 
    et constate que les vrais sourciers ne sont pas nombreux, alors que les besoins 
    en eau dans les années qui viennent risquent de constituer l'un des 
    enjeux majeurs du monde de demain.
Interview : Pascal RASSAT
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         Géobiologie, Radiesthésie et Sourcellerie La sourcellerie 
          fait partie des disciplines réunies au sein de la géobiologie. 
          Elle part du principe que la terre émet des champs magnétiques 
          naturels (alternatifs et continus) et des champs électriques 
          naturels alternatifs. Ces différents champs permettent notamment 
          à la boussole de retrouver le nord ou encore à certains 
          animaux (comme les baleines ou les pigeons) de tracer leurs routes sur 
          des centaines voire des milliers de kilomètres.  | 
    
Couleur Lauragais N°26 - octobre 2000