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Couleur Lauragais : les journaux
"Balade à ISSEL - Circulade castrale"

Le promeneur ou le touriste qui se balade à Castelnaudary et y admire, avec juste raison bien des choses, ne pense pas forcément aux petits villages qui entourent cette cité. Il en est cependant un, entre autres, qui est digne d'intérêt : c'est le pays des premiers potiers et des célèbres cassoles. Une visite s'impose. Entre Castelnaudary et Revel, une bifurcation à droite ou à gauche selon l'endroit d'où on arrive, 2 kms environ et nous voilà au pied de ce village.


En arrivant à Issel, une pièce d'eau aux berges joliment fleuries, retient notre attention. Ce c'est pas seulement un simple bassin mais bien un vestige des douves entourant jadis le village fortifié. Ici, passé et présent sont indissolubles. C'est ce qui lui donne tant de charme. Entrez par la porte d'Aval. Fort bien restaurée, les projecteurs la mettent particulièrement en valeur la nuit venue et font surgir de l'ombre des gonds encore solides ainsi que des consoles ayant soutenu les mâchicoulis. Il est facile d'imaginer la lourde porte de bois bardée de fer qui protégeait les Isselois.

A droite, une demeure restaurée en 1970 : la conciergerie, cette bâtisse avait déjà connu des modifications en 1621 afin de loger le corps de garde. Et c'est Antoine Durand, paradier du village (maçon) qui y a travaillé 12 jours à 10 sol la journée.
Dirigez vous vers le centre du village, nous découvrons une place circulaire, l'Hort Grand. Contrairement à ce que ce nom indique, ce n'était pas un jardin, mais à l'origine, l'emplacement du château fort : Aymeric de Castronouo de Exilio y vécut et eut bien des soucis avec l'Inquisition. A-t-il ou non aidé ou protégé des cathares ?
Les siècles durant, cette place a connu de joyeuses animations. Vidal, le musicien d'Issel, à la fin du XIXème siècle a fait danser bien des isselois. Le café Lafayette dont on devine l'enseigne, pourrait nous raconter bien des histoires.

On danse encore sur l'Hort Grand lors des fêtes d'Issel pour la Pentecôte. D'autres festivités animent le village : la fête de la Musique, la foire de Noël et bien d'autres réjouissances.
En contrebas de la place, l'eau coule toujours dans le bassin. Longtemps, cette source prévalut sur l'eau du robinet. Elle donnait tout son moelleux au cassoulet.
Le clocher-mur de l'église n'a conservé qu'une seule cloche. Les autres ont disparu à la Révolution, fondues dans la tourmente.

La restauration toute récente de l'église a permis de retrouver les pierres d'antan. Plusieurs fois transformée au cours des siècles, on peut supposer que ce fut initialement la chapelle du château. A l'intérieur, il est à remarquer dans le chur, deux niches garnies de la coquille de Saint Jacques dont la couleur bleu pastel d'origine, rappelle le pays de cocagne.
Ne quittez pas le porche de l'église sans bien regarder l'horloge. Les chiffres y sont bien gravés ainsi que son origine : CastelnOdary. Pourquoi cet O ? étourderie du fabricant ? besoin d'originalité ? une manière de signature peut-être.
La rue des fours et la rue des potiers témoignent du riche passé de poterie d'Issel. La cassole d'où le cassoulet tire son nom est originaire d'Issel. Il faut le savoir !
La terre trouvée dans les collines fournissait une matière première particulièrement de qualité pour la fabrication des cassoles, grésales, houles, cruchons, apparatières, diables, et les potiers étaient particulièrement habiles. Leur renommée allait bien au delà des limites du département et même au delà des frontières. Les temps ont changé, les modes aussi, la poterie de culinaire est devenue décorative. Et les potiers s'en sont allés
Si vous cherchez bien, vous trouverez, dans la rue des fours, sur une porte de grange, une inscription à peine visible : fabrique de poterie.
Et si le cur vous en dit, partez dans les bois et découvrez au détour d'un chemin, une ancienne carrière et dégustez un grand bol d'air d'Issel à défaut de cassoulet.

Micheline ALAMELLE
Nicole LONGERAY

 


Couleur Lauragais N°20 - Mars 2000