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Couleur Lauragais : les journaux

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" Le vannier de Baziège "

Antonin Galaup vit à Baziège en Haute-Garonne. Aujourd'hui à la retraite, il continue comme autrefois, à tresser la paille et l'osier pour son plaisir, et réalise ainsi paniers, corbeilles et autres ustensiles. Couleur Lauragais l'a rencontré pour vous

C'est à l'âge de treize ans qu'Antonin a commencé à s'intéresser à la vannerie. Il se rend alors souvent chez un voisin vannier pour le regarder travailler et décide à son tour d'apprendre à tresser l'osier. En 1939, une longue période de pluie interdit le travail des champs et Antonin en profite pour se former au tressage des paniers. Il les fabrique alors essentiellement pour un usage à la ferme : des paniers fourre-tout qui servent selon les saisons à ramasser le maïs, les légumes ou encore le raisin. Lorsqu'Antonin atteint l'âge de travailler, il abandonne le tressage. D'abord agriculteur, il travaillera ensuite dans une coopérative ; ce n'est qu'au moment de la retraite qu'il reviendra à son ancienne passion, le tressage.

Le vannier a besoin d'un très petit nombre d'outils, explique-t-il. Un sécateur et un canif sont juste nécessaires. Il faut ensuite acquérir le coup de main. Un panier est réalisé avec des tiges d'osier. Ces rameaux commencent à pousser au mois d'avril sur les grosses souches d'arbres qui se trouvent au ras du sol et que l'on voit souvent le long des fossés. On coupe les branches au mois de novembre. On les trie ensuite par taille avant de les conserver, la base plongée dans l'eau. Il faut alors attendre que les branches bourgeonnent pour « peler la tige », c'est-à-dire enlever l'écorce et obtenir ainsi un matériau utilisable.

La couleur de l'osier est variable en fonction de sa variété ou de la période de sa récolte. L'osier de couleur marron / brun est plus solide mais moins souple et constitue souvent l'armature du panier. L'osier vert sert au garnissage tandis que l'osier jaune est surtout utilisé pour la décoration. Antonin travaille uniquement avec ces trois couleurs naturelles mais il est tout à fait possible, explique-t-il, de vernir les tiges et d'obtenir ainsi, artificiellement, toute autre couleur.

Il faut compter 32 branches de la même longueur pour constituer un panier de taille moyenne. Antonin en réalise de toutes sortes aux formes et aux tailles les plus variées : des paniers à champignons, des paniers pour le jardin, pour les cerises, pour porter les bûches mais aussi des corbeilles à linge, des plateaux de fromage, des paniers pour bonbonnes où le vin sera conservé à l'abri de la lumière et protégé des écarts trop importants de température.

Il y a sept ans, Antonin a ajouté une corde à son arc. En effet, il a appris à rempailler les chaises, à l'ancienne méthode. La paille (ou « sescas » en patois) constitue sa matière première. Il va la couper dans les nauzes, ces grands fossés creusés par l'homme, où elle pousse abondamment. La récolte se fait à la fin du mois de juin. Il faut couper la plante le plus près possible du pied, en dessous du niveau de l'eau. Antonin explique que plus la plante est coupée bas, plus la couleur naturelle (rose) ressort. On met ensuite les tiges à sécher durant 7 ou 8 jours. Pendant cette période, leur couleur évolue vers le verdâtre puis vers le blanc. Certaines tiges conservent cependant leur couleur rose et donneront ainsi une teinte plus agréable au rempaillage.

La veille de l'utilisation, on trempe souvent les tiges dans l'eau afin de les rendre plus souples et permettre ainsi un travail plus aisé. On sélectionne ensuite 3 ou 4 tiges de la même taille et on les tresse ensemble pour former un cordon. Celui-ci est ensuite savamment enroulé autour du siège de la chaise. Pour le profane, cette opération relève de la plus grande difficulté mais Antonin assure qu'il faut avant tout savoir faire jouer sa mémoire. Une fois la paille enroulée autour du siège, on « farçit » l'espace constitué par de la vieille paille qui constituera la garniture et assurera à l'utilisateur un support confortable. Antonin, le vannier de Baziège, a toujours tressé l'osier uniquement pour son plaisir. Aujourd'hui encore, il apprécie tout autant de perpétuer le geste du vannier artisanal et d'enseigner aux plus jeunes l'art de façonner l'osier.


Pascal RASSAT

Couleur Lauragais N°12 - Mai 1999