accueil
Couleur Lauragais : les journaux

Histoire des mots...

" Les noms de lieux en Lauragais "

La toponymie est la science qui étudie les noms des lieux, de villages ; l'onomastique s'intéresse aux noms de personnes. La toponymie lauragaise est le reflet de la langue parlée dont elle est issue : le languedocien


Les Romains ont introduit en Gaule leur langue, le latin, qui peu à peu, au cours des siècles, a fait disparaître les diverses langues gauloises ( sauf en Bretagne ) ; c'est l'aspect le plus spectaculaire de la romanisation : les Gallo-romains parlaient et écrivaient le latin. Puis très lentement ce latin évolue, et vers l'An 1000 la France actuelle se divise en deux zones; au Nord, autour de Paris, les langues d'oïl, le français ; au Sud, les langues d'oc. Les villes actuelles, et importantes, qui bordent la frontière linguistique sont du côté occitan : Bordeaux, Périgueux, Limoges, Clermont Ferrand, le Puy, Valence, Die, Briançon. Ensuite le domaine d'oc se divise en dialectes : le gascon, le limousin, l'auvergnat, le provençal, le languedocien. La langue parlée en Lauragais est le languedocien. Certains le qualifient de patois, terme péjoratif signifiant une langue non écrite utilisée seulement par quelques paysans attardés ; je leur réponds seulement que le languedocien est la langue des troubadours et que Frédéric Mistral a été prix Nobel de littérature en 1904 pour son oeuvre en provençal.

LE "EN" HONORIFIQUE : monsieur

Le languedocien se reflète dans la toponymie qui compte fort peu de termes, noms de communes, lieux dits, tirés du français : 1% seulement ; ce dernier apparaît tardivement après le traité de Paris (1225), qui introduit les officiers du Roi et la langue de Paris dans l'administration des régions de Beaucaire, Béziers et Carcassonne annexées au domaine royal ; ces mêmes officiers royaux font pénétrer le français après 1271 (disparition du comté de Toulouse) dans les régions d'Agen, Albi et Toulouse. Une originalité de la toponymie lauragaise est de faire entrer des particules honorifiques "en" qui signifient monsieur, et "na" pour madame, dans les noms des lieux. Le "na" de madame semble avoir complètement disparu, par contre "en" subsiste en 2 aires. en boyer, en mauran La première aire se situe à l'est de Toulouse, en Lauragais et en Vaurais (région de Lavaur), soit les canton de Lavaur, Cuq Toulza, St Paul Cap de Joux, Puylaurens, Revel, Caraman, vers Avignonet, Castenaudary Nord ; dans ce réduit conservateur, les paysans, quand ils parlent occitan, désignent un chef de famille, à la 3ème personne seulement, par son nom de famille précédé de "en". La deuxième aire conservatrice se trouve dans le Sud Ouest du département de l'Aude : cantons de Chalabre, Belcaire, Couiza, Quillan et St Paul de Fenouillet, Tuchan. Elle continue en domaine catalan.

LE "EN" TOPONYMIQUE : CHEZ MONSIEUR

Les noms de lieux sont constitués par un simple nom de personne, précédé des particules en ou na. Ces noms foisonnent par centaines dans 2 aires distinctes :
a) en pays gascon, le centre et l'Est du département du Gers,
b) une aire dans le Lauragais et le Vaurais, soit les cantons de Lanta, Caraman, Montgiscard, Villefranche, Nailloux, Revel, Castenaudary, Fanjeaux. Dans la partie Sud de l'aire lauragaise, "en" est prononcé an. Dans la région de Caraman et de Castelnaudary on distingue, par la prononciation, en, particule honorifique, et an, des noms de lieux (que l'on écrit cependant en) en cassan.


J. ODOL


Dans l'occitan, si l'on a affaire à un en honorifique on prononce in ; si la particule est toponymique on prononce an.


Couleur Lauragais N°11 - Avril 1999