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Couleur Lauragais : les journaux
Balade

" Balade estivale de Naurouze à Bram "

Dans ce numéro de Couleur Lauragais, vous pourrez rencontrer l'éclusière de l'Océan. À quelques mètres de l'écluse, côté Méditerranée se trouve Naurouze où commence la balade sur le canal que nous vous proposons aujourd'hui.


Notre balade commence à Naurouze où vous ne devez surtout pas manquer les Pierres de Naurouze, surmontées de l'obélisque élevé à la gloire du créateur du canal, Pierre Paul Riquet. Ces Pierres sont des poudingues résiduels d'une couche beaucoup plus vaste ; elles sont au point précis où les eaux de pluie se séparent en deux parties, l'une glissant vers l'est, côté mer Méditerranée, l'autre vers l'ouest et l'Océan Atlantique. Il faut voir aussi l'arrivée de la Rigole, ce petit canal dont les eaux captées sur les torrents de la Montagne Noire font fonctionner les écluses. Riquet avait prédit qu'elles pourraient, à Naurouze, faire fonctionner un moulin. On est stupéfait de la précision de ses calculs : le moulin a réellement fonctionné, il est d'ailleurs toujours là. A côté, l'ancien bassin aujourd'hui comblé, avec une fort belle allée de platanes géants.

Depuis les Pierres, on a la possibilité d'aller vers Avignonet et Montferrand. Avignonet est réputé pour ses remparts, la tour et le chevalier qui gardent l'une des portes. L'église est remarquable par ses dimensions, une vraie cathédrale du gothique méridional. À côté, la place Raimon d'Alfaro correspond à l'emplacement du château comtal du 13ème siècle dans lequel furent tragiquement massacrés les Inquisiteurs en mai 1242. À Montferrand, il faut admirer les thermes gallo-romains, la nécropole paléo-chrétienne du 4ème siècle et une quarantaine de sarcophages, l'église romane, une très belle collection de stèles discoïdales (elles ne sont pas cathares). Sur la colline les restes du château, le fort, un phare aéronautique de l'Aéropostale sur "la ligne " suivie par Jean Mermoz et Antoine de Saint Exupéry.



En glissant sur le canal après Naurouze, on aperçoit le Ségala et sa tuilerie. En face de l'écluse de la Méditerranée, les frères Not sont des potiers bien connus dans tout le Midi de la France, avec des procédés de fabrication demeurés très traditionnels. C'est chez eux que sont notamment réalisées les fameuses cassoles en terre cuite qui recevront le cassoulet (et dont le mot cassoulet est d'ailleurs issu).
Un peu plus loin, on croise Labastide d'Anjou, bastide de 1376. C'est un village créé de toutes pièces dans une nature vierge, une forêt généralement, fondée par le roi de France pour servir de point d'appui stratégique afin de contrôler le Lauragais, ce pays cathare qui a osé massacrer les Inquisiteurs en 1342.

Au Sud, Baraigne, la plus belle église romane du Lauragais, intacte, avec un portail très pur et des stèles discoïdales; un splendide château du pastel du 16ème siècle.

Nous continuons ensuite jusqu'à Castelnaudary. Capitale historique du Lauragais jusqu'en 1790, elle en est demeurée l'agglomération principale. Il faut voir le "grand bassin" qui était un "magasin d'eau", un réservoir. De là, on a une vue globale sur toute la ville. Tout en haut, nous trouvons la Collégiale St Michel, le Présidial construit par la Comtesse du Lauragais, Catherine de Médicis, en même temps Reine de France. La collégiale est remarquable par son style gothique méridional et sa voûte en lambris.

À 8 km d'ici, vers le Nord, ne manquez pas le joyau architectural du Lauragais : l'abbaye de Saint Papoul, son cloître avec ses colonnes de briques superposées, les toitures, l'architecture romane et préromane, les têtes archaïques, l'oeuvre sculptée du maître de Cabestany (voir article complet dans le numéro 2 de Couleur Lauragais).

(crédit photo : Nicols)

En reprenant le bateau, entre Castelnaudary et Saint Martin Lalande, à hauteur des écluses de Gay et du Vivier, vous passez tout près du lieu d'une bataille célèbre de la Croisade contre les cathares (1209-1229). L'initiative en revient aux comtes de Toulouse et de Foix qui passent, en 1211, à la contre offensive contre les Croisés dont le chef, Simon de Montfort, est enfermé dans le castrum de Castelnaudary (emplacement de l'actuel Présidial).
Des renforts croisés arrivent de Narbonne avec un convoi de vivres mais les Occitans et le comte de Foix attaquent le convoi et le pillent. Ce pillage permet à Simon de Montfort de sortir du château et de tailler en pièces les Occitans occupés à savourer les victuailles. Des historiens méridionaux ont déclaré que la bataille avait été perdue "pour s'emparer de quelques jambons ou pour vider quelques tonneaux de vin des Corbières".

Au Sud de Villepinte, vous apercevez Fanjeaux sur sa haute colline et Saint Dominique sur le Seignadou. Ce dernier vécut longuement ici (1206 à 1214) comme curé du village, parcourant chemins et sentiers du Lauragais pour ramener à la foi catholique des chrétiennes devenues cathares. Il faut voir la puissante église et sa poutre témoin du miracle du feu, la maison du Saint et le monastère qu'il créa en 1206 (Prouille).

A Bram le port au blé vous accueille. Il connut un intense trafic aux 18 et 19ème siècles. Sur la route qui conduit au bourg, un pigeonnier sur quatre piliers, lourd, massif, avec un dispositif bien apparent de lutte contre les rongeurs. Le bourg est une circulade construit autour de l'église centrale. " Eburamagus " est son nom latin, c'est une des plus anciennes agglomérations de la région avec un théâtre romain, des fours de potiers et des voies romaines et dans l'église du 14ème siècle une belle dalle funéraire.

De Naurouze à Bram, un itinéraire qui recèle une somme de petits joyaux touristiques à visiter. Prévoyez néanmoins plusieurs jours pour réaliser cette balade très complète.


J. ODOL


Couleur Lauragais N°4 - Juilet-Août 1998