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Couleur Lauragais : les journaux

Histoire

Une vierge noire en Lauragais : Notre Dame de Bassens

Un vacancier suisse la nommait avec poésie "La perle noire des champs"… il s'agit, de la vierge noire de Bassens qui, depuis la restauration de son sanctuaire a retrouvé sa place dans le petit vallon fertile et sauvage qui lui sert d'écrin à l'orée de la forêt, quelque part entre la Montagne Noire et les Pyrénées. En arrivant, passée la ferme, c'est l'inattendu au détour du chemin. Une chapelle toute neuve qui semble sortie de terre comme par l'un de ces miracles que l'on ne trouve que dans les récits du Moyen-Age. Pourtant, ce modeste sanctuaire est, depuis 2003, le site religieux de notre secteur le plus visité après l'abbaye de Saint Papoul. La dévotion qui s'y exprime en est bien la preuve. En voiture, VTT ou pour un jogging, à cheval, en famille pour le pique-nique et même, parfois, en groupe des pèlerins, de jeunes, de scouts… Bassens est le "petit salon de verdure" où la Mère de l'Église accueille ses enfants dans la simplicité.

Blason donné par le Dictionnaire Larousse de 1907
La Vierge noire de Notre Dame de Bassens
à laquelle on prête de nombreuses grâces.

Situation
Sur la commune de Saint-Martin-Lalande et à 2 km environ, au nord, se trouve le domaine de Bassens. Il est situé au nord ouest et à 400 mètres de la ferme du Fort. On y accède par un chemin qui débouche sur la route départementale 88, dite "La Lauragaise", et qui conduit à Saint Martin Lalande. Le site est distant de 5 km de Castelnaudary, sur les bords d'un petit cours d'eau nommé "Le Trastet". On le nommait déjà en 1610 : "le riou de Trestet" ou encore "ruisseau des Masquières" au XVIIIème siècle et "Trestet" en 1781. Sur la carte Dominique Cassini (1790), on lit "ND de Bassens" et, au sud, on voit "Le fort de Bassens" avec l'appellation du ruisseau "Trestet".



Deux vues d'ensemble du site dédié à ND de Bassens

Histoire
Dans les archives de la Haute-Garonne, des anciens documents, des pièces de toutes sortes de la Commanderie de Puissubran (Pexiora), en 1156, de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem ou de Malte, nous découvrons que Bassens s'appelait Sancta-Maria-de-Bacencs. On trouve aussi "Bacencs" à la même époque dans les archives de Puissubran, concernant Lasbordes. En 1680, dans les mêmes archives la dénomination avait légèrement changé, soit : "Bassenchis". En 1698, c'était Notre Dame du Bassin. Enfin sur une carte du Diocèse de Saint Papoul de 1781, nous pouvons déjà lire "Chapelle de Notre dame de Bassens". Dans le dictionnaire topographique de M. le Chanoine Sabarthes, il est noté que Bassens était un ancien décimaire (qui avait autour des propriétés, des fiefs où le clergé pouvait prélever des dîmes). C'était un ancien prieuré, sous le vocable de Notre Dame, uni à la Mense Episcopale et au chapitre de Saint-Papoul. Les documents sur Bassens se poursuivent en 1223 et 1293, en 1380, en 1435, en 1495 et 1496 (Inventaire des Archives Episcopales de Saint Papoul, Etat des biens de l'évêché, transaction entre l'évêque de Saint-Papoul, le chapitre de Saint papoul et celui de Castelnaudary)… le nom de Bassens s'y trouve surtout mentionné. Un peu plus tard, l'inventaire des papiers du Chapitre, des lettres et papiers du Monastère et l'état des affermes de Saint Papoul et de Bassens, ensuite la déclaration faite à la mairie le 9 février 1790 (Saint Martin Lalande) sur les biens des ecclésiastiques sont autant de témoignages du passé et de la vitalité du sanctuaire.

La démolition
En 1698, cette église était en mauvais état puisqu'une ordonnance du Vicaire Général de Saint-Papoul en prescrit la démolition après qu'elle eût été profanée et interdite quelques années auparavant ; "ayant appris" dit le Vicaire Général "que cette chapelle de Bassens tombait en ruines, que toute sorte de bétail y entrait, que les bergers ou autres y allumaient du feu et plusieurs libertins y avaient même assouvi leur passion brutale…". Il était devenu impossible d'en situer l'emplacement par la suite. les matériaux furent dispersés et pas une pierre ne témoignait de l'ancien emplacement. La démolition ne sera effective qu'en 1729.

Fouilles, recherches et premier monument
C'est en 1923 que M. l'Abbé Raucoule, aumônier de l'hôpital Saint Jacques de Castelnaudary, M. l'Abbé Esteve curé de Saint Martin Lalande et M. l'Abbé Cathala, encore séminariste, se donnèrent la tâche de rechercher et situer le champ de l'église où était jadis chapelle, monastère et cimetière. Durant ces fouilles, on parvint tant bien que mal à relever quelques ossements humains et des débris de tuiles. Tous les matériaux de la chapelle avaient servis ailleurs.
Vers 1930, il fut décidé pour commémorer le souvenir de ces lieux saints si fréquentés dans le passé, de placer une stèle sur l'emplacement encore mal déterminé. Il fut érigée et bénie le 12 juin 1932 une croix surmontant un piédestal élargi au centre duquel était aménagée une niche où fut déposée une réplique de la Vierge Noire de Bassens. Malheureusement, l'abbé Estève qui a beaucoup contribué à retrouver l'emplacement du sanctuaire est décédé peu de temps avant. L'abbé Uthéza, son successeur, organise le premier pèlerinage à Notre Dame de Bassens qui aura lieu le lendemain de la fête de la Pentecôte. Ces pèlerinages s'amplifièrent et ne devaient plus cesser !

Une fois retrouvé l'emplacement de l'église où étaient jadis la chapelle, le monastère et le cimetière, il fut décidé d'en commémorer le souvenir. On y érigea en 1932 une croix surmontant un piédestal élargi au centre duquel était aménagée une niche où fut déposée une réplique de la Vierge Noire de Bassens
Une fois retrouvé l'emplacement de l'église où étaient jadis la chapelle, le monastère et le cimetière,
il fut décidé d'en commémorer le souvenir. On y érigea en 1932 une croix surmontant un piédestal
élargi au centre duquel était aménagée une niche où fut déposée une réplique de la Vierge Noire de Bassens

Construction de l'oratoire actuel
Au cours d'un grand pélerinage à Bassens qui eut lieu le 17 mai 1948 sous la présidence de M. le Chanoine Escudie, archiprêtre de Castelnaudary, entouré de dix prêtres du diocèse, on procéda à la bénédiction de la première pierre du nouveau sanctuaire marial rétabli sur l'emplacement approximatif de la chapelle démolie en 1698.
Le dimanche 21 mai 1950, le 18ème pèlerinage régional à Notre Dame de Bassens était marqué par la bénédiction de l'aménagement intérieur et la consécration du maître autel par Monseigneur Rivière, entouré d'un important clergé.

La dévotion
Trois ou quatre fois par an et surtout désormais le samedi de l'ascension, c'est le "peuple chrétien" qui assiège les lieux… On n'ose pourtant pas imaginer le dévouement et la générosité qui se sont déployés là depuis le premier coup de pioche, le 18 novembre 2000. Création de l'association des "Amis", lancement de la souscription, construction du parvis, de la façade, création du portail central et des portes latérales, création du grand vitrail, aménagement de l'intérieur, construction de la sacristie, des sanitaires, de la terrasse latérale, du clocheton, aménagement du monument de 1932, aménagement du chemin d'accès, de la source… Ajouter à cela l'alimentation en eau potable et électricité, la réorganisation complète des massifs avec diverses plantations et, parallèlement, l'impressionnante édification de la réplique monumentale de la Grotte de Lourdes, sur les bords du ruisseau Trastet : œuvre financée à part et anonymement, réalisée par 6 bénévoles de nos villages. S'ajoutera à l'ensemble, en 2005 : la cloche, fondue par la Maison Granier Père et fils, d'Hérépian (34). Comme le veut la tradition séculaire, elle portera un nom choisi par sa marraine (en l'occurrence "Marie Clotilde") et sera bénie par Mgr Planet, évêque de Carcassonne, le 7 mai 2005. Autre aspect touchant de cette œuvre : le nombre et la diversité des donateurs, qui témoigne de l'attachement du Lauragais à ce lieu, trop longtemps demeuré oublié et où il fallait rendre à Marie sa juste place, en ces lieux et au sein d'une pastorale de plus en plus centrée sur des démarches de pèlerinage et des temps de ressourcement largement ouverts à tous. On dénombrait, en décembre 2004, 485 donateurs dont 281 du secteur Pastoral Lauragais Nord-Est, 156 de la ville de Castelnaudary et 48 provenant du reste du diocèse. Certains dons ont été importants mais un grand nombre demeurent plus modestes ce qui renforce plus encore la dimension ecclésiale et admirable de l'effort fourni. Le sanctuaire de Bassens est vraiment le bijou que le peuple chrétien a offert à sa Mère avec amour en même temps que la halte qu'il s'est donné pour la rencontre du Seigneur.


La foule est toujours venue nombreuse à l'occasion du pèlerinage, ci-dessus des photos d'archive datant de 1952

A l'occasion du pèlerinage d'antan, on apportait à N.D. de Bassens les biens de la terre

La statue vénérée de Notre Dame de Bassens
La statue de Notre Dame de Bassens qui, durant plusieurs siècles, avaient été vénérée dans son église aurait pu disparaître dans la nuit de l'histoire… mais la piété et la fidélité des chrétiens du Lauragais ne pouvait la laisser ainsi à jamais oubliée en marge de ce culte si fervent que lui vouaient nos aïeux dans la foi. En voici un bref historique, essentiellement issu de la tradition orale et recueilli par Monseigneur Rivière. Cette histoire nous est fournie par Melle Marie-Louise Cathala, sœur de l'Abbé Cathala. C'est en effet dans sa famille que la précieuse statue trouva asile durant plusieurs décennies.
"La statue de Notre Dame de Bassens est une vierge noire ; elle avait sa chapelle au bord du ruisseau de Bassens, petit prieuré dépendant de l'abbaye puis de l'évêché de Saint Papoul. La chapelle détruite au XVIIIème siècle, n'a pas été relevée de ses ruines.
La vierge très abimée fut recueillie par les métayers de la propriété de Bassens qui la conservèrent dans la cuisine sur la cheminée. C'est là qu'elle se trouvait lorsque mon grand-père acheta la propriété. Ne voulant pas laisser cette statue ainsi à l'abandon, il fit faire une petite niche sur la façade de la métairie et y plaça la vierge.
Quelques temps après, et après avoir fait part de ce changement à Monseigneur Bilard, évêque de Carcassonne, il transporta Notre Dame de Bassens dans notre chapelle de la Gajeanne.
En 1906, après une très grande grâce obtenue par son intercession, mon père fit transférer notre petite chapelle dans une pièce un peu plus grande et la dédia à Notre Dame de Bassens. C'est là qu'elle est restée jusqu'en 1920. A ce moment là, la Gajeanne ayant été vendue, j'ai pris moi-même Notre Dame de Bassens et nous l'avons apportée à Castelnaudary où elle a continué à présider notre vie familiale. Lorsqu'en 1930 ma mère et moi avons quitté la maison pour suivre mon frère l'abbé Cathala, Notre Dame de Bassens nous a accompagnés à Labastide en Val et à Plaigne."

Monseigneur Rivière conclut alors cette lettre par une question et un vœu : "Peut-on espérer que Notre Dame de Bassens reprendra un jour possession de son domaine ? Que revenue de ses divers lieux de repli, elle pourra encore recevoir les hommages des populations demeurées fidèles à son souvenir ? En attendant cet heureux jour que chacun souhaite voir se lever, elles l'invoquent devant le monument qui perpétue, à Bassens, son auguste mémoire.
Nous confions cet espoir et ce vœu à Notre Dame elle-même et à ceux qui, la possédant, peuvent aider à leur réalisation. Ainsi seront comblés les désirs des prêtres qui se sont dévoués à la résurrection du culte de Notre Dame de Bassens, et aussi aux fidèles qui retrouveront avec bonheur une Madone, depuis tant de siècles, leur protectrice et leur patronne." Cette prière attendra 1972 pour être pleinement exaucée !
A partir de 1952, et sur la demande pressante de M. l'abbé Xavier Tardieu, la famille Cathala consent à ramener la statue authentique de Notre Dame de Bassens, une fois par an, lors du pèlerinage régional du Lauragais. Pourtant le vaillant promoteur du sanctuaire Saintmartinois, n'aura pas le bonheur de voir le retour définitif de la précieuse image. C'est M. l'abbé Jean Claret qui, en 1972, la recevra de l'héritier de Melle Cathala, M. René Cathala établi à Toulouse où la statue séjournera pour son ultime exil. Enchâssée dans une petite exposition vitrée et contenue dans une bourse en tissu… il ne reste qu'une "relique"… un fragment de la statue miraculeuse qui a perdu tête et membres… Sur ce "sac" sans proportions ni la moindre harmonie, une tête de femme en bois sombre a été ajoutée : relief provenant sans doute d'une stalle d'église.
En 1999, l'abbé Olivier d'Escafitt, encore diacre, entreprend avec l'aide de quelques personnes avisées, de démonter cet "assemblage". L'examen du "fragment", en meilleur état de conservation que prévu, révèle bien la facture d'une Vierge à l'Enfant du XIIème siècle environ, assise sur un faldistoire et présentant son fils Jésus sur ses genoux. Réaménagée depuis 2000 dans son "buste reliquaire" revêtu de nouvelles parures, l'antique statue, seul vestige sacré du sanctuaire primitif de Bassens, est conservée avec vénération dans sa chapelle à Bassens. Elle a été fixée dans un caisson capitonné que surmontent les têtes de la Mère et de l'Enfant qui, seulent apparaissent hors du beau manteau en drap d'or et qui recouvre l'ensemble. Il suffit de soulever la partie centrale de cet habit pour pouvoir contempler l'antique madone ainsi que quelques autres ex-voto anciens offerts par la reconnaissance.


Ci-dessus, l'autel de la chapelle, en marbre blanc

La réplique de la grotte de Lourdes
La source de Bassens, à l'origine de l'implantation d'un prieuré dont il est fait mention dès le XIIème siècle, source souvent évoquée dans la tradition orale pour ses vertus curatives et les grâces de guérison obtenues, par ses eaux, de la maternelle intercession de l'Immaculée, a été retrouvée et canalisée grâce aux travaux de Messieurs Aimé Contier, Maurice Sabatte, Hubert Bastouil, Bernard Régnier et Henri Loupiac dès janvier 2001. D'autres travaux plus importants furent entrepris au printemps 2001, un drain et une canalisation furent installés afin de permettre un débit plus régulier. Pourtant ces premiers aménagements avaient mis en danger le talus qui, sous l'effet des eaux pluviales, ne cessait de s'affaisser.
C'est alors que germa peu à peu l'idée de la construction d'un mur dans lequel serait pratiqué une niche abritant une statue de Notre Dame de Lourdes, au-dessus de la petite fontaine. Evocation éloquente, en ce lieu de pèlerinage marial où la source tient une place à la fois historique et spirituelle. Plusieurs vaillants ouvriers de la remise en valeur du site de Bassens furent consultés. Un simple mur convenait bien peu au magnifique site environnant. Il fallait une œuvre plus artistique, plus évocatrice de la maternelle protection de la Vierge… à l'image du rocher même où Sainte Bernadette avait été favorisée de dix-huit apparitions de Marie, en 1858.
On comparait les clichés de multiples reproductions de la grotte de Lourdes réalisées en France et dans le monde entier et c'est Hubert Bastouil (cf Couleur Lauragais n°123) qui, le premier, mit sa compétence et son talent au service d'une réalisation plus ambitieuse et de grande dimension. Une importante somme d'argent étant placée à la disposition de l'association "des Amis de Notre Dame de Bassens" et MM Hubert Bastouil, Aimé Contier (de Saint Martin) et Bernard Regnier (de Villepinte) déterminés à réaliser le projet, des plans plus précis furent établis. Pour répondre aux besoins, un réservoir de trois mètres de profondeur, destiné à contenir les eaux de la source et en réguler le débit serait aménagé sous la structure de la grotte ; structure qui abriterait aussi deux locaux, l'un destiné à faire fonction de sacristie pour les célébrations liturgiques, l'autre de placard de rangement pour les besoins de l'entretien du site. Le chantier débuta le 30 octobre 2001. Afin de produire l'œuvre le plus proche de l'original, les réalisateurs s'orientèrent vers une importante structure métallique recouverte de grillage et d'une épaisse couche de ciment fibré. Cette technique permettait de reproduire la roche pyrénéenne bien mieux qu'un amoncellement de pierres ou le style "rocaille" cher au début du XXème siècle. Une fois teintée, rendue étanche, recouvert de lierres et entourée de buissons, la structure en ciment s'intégrerait facilement au site.
Mais il ne suffisait pas de créer une grotte, encore fallait-il qu'une statue de ND de Lourdes convienne à cette noble réalisation surtout que les sanctuaires de Lourdes interdisent depuis de nombreuses années à toutes les maisons d'art religieux de reproduire cette statue de la grotte, réalisée selon les indications précises de Bernadette. Après une somme importante destinée à la réalisation des travaux de la chapelle, Mme La Baronne Duplessis de Pouzilhac châtelaine d'Armissan (village natal de l'abbé Escaffit) mis à la disposition de ce dernier une statue en terre cuite de ND de Lourdes provenant du château ; reproduction exacte de celle de la grotte et de taille très convenable. Cette statue, magnifique nettoyée et restaurée avec soin a été scellée dans sa niche le 8 mars 2002 et bénie lors de la première messe célébrée à la grotte par l'abbé Escaffit le 27 avril suivant. Afin de permettre la célébration de la messe dans la grotte, chaque fois que cela semblera opportun, un autel fixe fut placé au centre de l'espace faisant office de chœur. Assorti au piédestal de la Madone, il est aussi en granit gris du Sidobre. Là aussi le souci de conformité à Lourdes a présidé. Un don anonyme vit arriver une belle statue de la fidèle messagère de l'Immaculée : Sainte Bernadette Soubirous, commandée à un statuaire de Lourdes.
Le site de Bassens restant isolé et sauvage, ses concepteurs ont pensé à poser à son entrée une grille assez haute et assez solide pour empêcher des visites inopportunes, bien qu'il n'y ait rien de matériellement précieux à voler à l'intérieur. Hubert Bastouil se remit à l'œuvre. Il réalisa une réplique de la grille qui protégeait autrefois la vraie grotte. Ce travail de ferronnerie s'étend sur une longueur de 8 m. et une hauteur de 2 m. avec des barres verticales couronnées alternativement de croix et de fleurs de lis. Plusieurs plantations d'arbustes et de fleurs ont déjà été réalisées aux abords directs de la Grotte par les bénévoles "Amis de Bassens" pour contribuer à sa parfaite intégration dans le paysage, si propice au recueillement.
Combien sont déjà venus, et viendront encore, goûter le silence sacré de ces lieux, à peine troublé par le chant des oiseaux ou le murmure de l'eau coulant, limpide et fraîche, rappel de la sollicitude maternelle et fidèle de la Reine du ciel.


En ce lieu de pèlerinage marial, le projet de construction d'une réplique de la grotte de Lourdes s'est petit à petit imposé.
Elle est le fruit du travail d'une dizaine de bénévoles. Il comprend un autel en granit gris du Sidobre placé
au centre de l'espace et faisant office de chœur.

Mme Albigot, Présidente de l'Association des Amis de Notre-Dame-de-Bassens nous apporte quelques précisions sur la Vierge Noire de Notre-Dame de Bassens et la dévotion qu'elle suscite depuis le XIIème siècle.
CL : Connaissons-nous l'origine de la Vierge Noire ?
M-S.Albigot : "Il faut pour cela se référer à la tradition orale puisque deux hypothèses sont parvenues jusqu'à nous. La première tend à considérer que la vierge a été façonnée dans un bois noir car il s'agissait du seul bois disponible. La seconde tend à supposer que la statue s'est noircie au contact de la fumée dégagée par les cierges des fidèles. A l'époque, les pare-fumées n'existaient pas, les pèlerins étaient nombreux et les œuvres se trouvaient davantage exposées."
CL : Lui attribue-t-on des miracles ?
M-S.Albigot : "Pas de ceux reconnus officiellement par l'église comme c'est le cas de ceux de Notre-Dame-de-Lourdes. En revanche, j'ai toujours entendu dire que la source du sanctuaire avait des vertus curatives pour les yeux. Cette croyance s'est transmise de génération en génération dans les familles des environs. On lui reconnaît également de nombreuses grâces, la première connue étant celle reçue par la famille qui avait recueilli la statue au début du XXème siècle. Les deux jeunes fils de cette famille nombreuse s'amusaient avec le pistolet de leur père lorsque le coup est parti en blessant grièvement l'un deux. Ce dernier est resté pendant plusieurs mois entre la vie et la mort avant de recouvrer la santé et de faire plus tard de brillantes études. La dévotion de la famille à Notre-Dame de Bassens  pendant cette épreuve a été si grande que ce rétablissement a été attribué aux bonnes grâce de la Vierge Noire."
CL : Pourquoi avoir choisi d'édifier une réplique de Notre-Dame de Lourdes ?
M-S.Albigot : "C'est une tradition très répandue en France comme à l'étranger, dans les jardins du Vatican par exemple. Cela rejoint le culte marial qui a cours à Notre-Dame de Bassens à travers la dévotion à notre Vierge Noire."
CL : Les pèlerins viennent-ils nombreux ?
M-S.Albigot : "Oui et c'est une tradition que nous avons cœur à transmettre chaque lundi de Pentecôte. Aujourd'hui, il s'agit d'une simple messe, suivie de la récitation du chapelet et d'une conférence mais il y a encore quelques années le culte était plus élaboré, organisé autour d'une journée entière de dévotion. Il y a un réel attachement à la Vierge Noire et à ce sanctuaire que nous avons eu cœur à réhabiliter tous ensemble."

Interview : Isabelle Barèges
Bibliographie : Albums souvenir du pèlerinage de Notre Dame de Bassens de 2001 à 2006
Crédit photos : Collection A. Albigot

Lexique

Décimaire : Etendue d'une région dans laquelle les dîmes étaient perçues. La dîme est une redevance en nature qui correspond à 1/10 de la récolte perçue par l'Eglise.
Mense Episcopale : La mense (du latin mensa, table, repas, d'où ce qui sert à nourrir) est le nom du revenu ecclésiastique attribué soit à l'évêque ou à l'abbé (mense épiscopale ou abbatiale), soit aux chanoines ou aux moines (mense capitulaire ou conventuelle). La mense est habituellement un patrimoine foncier dont les revenus servent à l'entretien de son ou de ses titulaires (évêque, abbé, chanoines, etc).
Afferme : location d'un bien rural contre paiement d'un fermage.
Sanctuaire marial : Sanctuaire dédié à Marie et le plus souvent matérialisé par une représentation de Marie (Vierge à l'Enfant, pietà, etc.). Il peut ou non avoir été le lieu d'une apparition mariale.
Faldistoire : Le mot francique faldistôl signifie originellement "siège pliant" ; il a donné en français le mot "fauteuil". Dans le langage liturgique, le faldistoire est le siège de l'évêque ; non pas sa cathèdre, mais le siège mobile que l'on déplace selon les nécessités des cérémonies ; souvent, il est placé devant l'autel. Destiné primitivement à être plié, il présente la forme d'un X plus ou moins stylisé.



Ci-dessus le nouveau sanctuaire marial rétabli sur l'emplacement approximatif de la chapelle démolie en 1698

Chaque lundi de Pentecôte, la messe est suivie de la récitation du chapelet et d'une conférence.
Les fidèles viennent toujours nombreux en pèlerinage comme en atteste la photo ci-dessous


Couleur Lauragais n°163 - Juin 2014