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Couleur Lauragais : les journaux

Histoire

Gaston Phébus (1331-1391), Comte de Foix Béarn (Vicomte de Marsan et de Gabardan)

Figure mythique de l'histoire du Béarn, Gaston Phébus est à la fois un grand militaire, un politique, un bâtisseur et un littéraire. C'est un chevalier à la magnifique stature. Sa devise : "tòcas-i se gausas" (touches-y si tu oses), dénote son caractère bien trempé. Ce chevalier toujours prêt au combat, sait se montrer parfois violent. Il ira jusqu'à tuer son frère et son fils unique. Gaston, brillant Prince occitan à la "chevelure d'or", fut surnommé "Phœbus" ou "Phébus" (Dieu grec de la Lumière) et parfois "Lion des Pyrénées" pour son engagement au service de ses Etats...

Védrines pose son Morane Borel à Castelnaudary le 11 mars 1911

Sa généalogie
Gaston III de Foix Béarn naît à Orthez,au château de Moncade en 1331. Alors qu'il n'a que 12 ans, son père, Gaston II de Foix ou Gaston IX de Béarn, meurt à Séville en combattant les maures. Sa mère Aliénor de Comminges assure la Régence jusqu'à ce qu'il atteigne ses 14 ans.
En 1349, Gaston Phébus se marie à Paris avec la belle Agnès de Navarre. Elle est la fille de Philippe d'Evreux et de Jeanne de Navarre, proche parente du roi de France. Agnès lui donne un fils unique, Gaston de Foix-Béarn. Elle sera répudiée le lendemain de son accouchement.
Dans ses résidences de Foix, Mazères et Orthez en Béarn, Gaston Phébus entretient une cour fastueuse, animée par des conteurs, des chanteurs ou ménestrels. Il aura de nombreuses maîtresses et bâtards.
En 1380, Gaston Phébus rend visite à son fils unique qu'il a fait jeter en prison car il le soupçonne d'avoir participé à un complot contre lui. Dans un mouvement de colère, il lui porte un coup mortel à la gorge.
Il sera terrassé par une crise d'apoplexie le 1er août 1391 et ses biens reviendront aux Mathieu de Foix Castelbon.

sceau de Gaston Phébus
Gaston le valeureux chevalier
Vaillant au combat et fin stratège, il était un grand rassembleur de domaines. Le Béarn fut un florissant Royaume pyrénéen et occitan. Dans son souci de protection du patrimoine, ce béarnais n'hésite pas à rendre hommage, à la fois au Roi d'Angleterre (Edouard III) et au Roi de France (Philippe VI de Valois). Il participe à la Guerre de Cent Ans (1337-1453) ou Guerre des Anglais. Ce preux Chevalier du Midi rêve d'un Royaume d'Occitanie. Il n'hésite pas à s'engager pour défendre son pays. Il guerroie partout dans l'hexagone, tantôt au service des Anglais, tantôt pour le roi. Par sa neutralité, il préserve le Béarn des désastres de la guerre. A l'âge de 26 ans, ce valeureux occitan combat même en Prusse (1356) avec les chevaliers teutoniques. En 1358, il prend part à la Jacquerie contre les paysans révoltés. Les chroniqueurs de l'époque saluent sa bravoure. En 1360, il participe à la lutte contre les Armagnacs.
De 1345 à 1372, Gaston guerroie partout loin de ses fiefs. Défenseur de ses domaines, il fait élever des forteresses protectrices : Orthez, Pau, Foix, Mazères. En bon gestionnaire, il recense en 1385 les "feux" du Béarn et impose un impôt annuel par foyer : le "fouage".
Jehan Froissart (1337 - 1410) fait un séjour auprès du Comte de Foix. Ce chroniqueur du monde féodal et historien déclare au sujet de Gaston Phébus :
"J'ai vu bien des Chevaliers, des Rois, des Princes mais jamais je n'en vis qui fut de si magnifique stature et de si merveilleuse prestance… en toutes choses, il était parfait, mais, dans son courroux, nul n'avait pardon". Il refuse de rendre hommage au Roi Jean II le Bon qui le fait emprisonner au châtelet.

Gaston artiste et mécène
Gaston "le brillant" était aussi un mécène. Il protége les Arts et Lettres. En 1380, il écrit un livre d'oraisons. Grand chasseur de loups et d'ours, il rédige également un Traîté de vénerie (livre de chasse).
Gaston Phébus compose un chant occitan qui a traversé les siècles, Sé Canto. C'est pour son épouse qu'il compose cette chanson si populaire. Les paroles sont en langue du pays d'Oc (où le oui se disait oc). Tout le midi du royaume (Gascogne, Limousin, Auvergne, Languedoc, Provence et Toulousain) utilise ce dialecte appelé en toulousain : "lengo moundina", c'est le "moundi" ou langue des troubadours utilisée dans leurs "leys d'Amor" (poèmes médiévaux - 1323/1356). "Moundino" est le dérivé de Raïmound en hommage aux 7 Raimond, comtes de Toulouse (comté créé par Charlemagne). Gaston Phébus sera l'un des lauréats du Concours organisé à son époque par le "consistoire du Gay Saber et de la Gayo sienço" installé à Toulouse. Il gagne la récompense suprême : las "Joyos del Gay Saber", prix attribué par les Jeux Floraux toulousains.

Gaston Phébus à la chasse
Traité de veneurs
Gaston Fébus enseignant aux veneurs, enluminure du XVe siècle (Livre de chasse, Paris, BnF, Ms. fr. 616, fol. 51v.)

"Sé Canto ou aqueros mountagnos" - La chanson Sé Canto se diversifie par ses paroles. Ces fantaisies sont le résultat du langage populaire de cette époque très lontaine. Remercions la tradition orale de nous avoir transmis ce chant de chez nous.

Refrain :
Sé canto qué canté
canto pas per yéou
canto per ma mìo
ques al près de you

Couplets :
Aquélos mountagnos
Qué tan naoutos soun
M'mpatchon dé bésé
Mas amours oun soun

Déjouts ma finestro
Ya un aousélou
Touto la neït canto
Canto sa cansou

Al founze de l'horto
Y a un ammelhié
Qué fa de flous blancos
Coumo de papié

D'aquelos flouretos
Ne sart d'ammelhous
Per rampli las pochos
Al miou amourous

Traduction
S'il chante qu'il chante
Il ne chante pas pour moi
Il chante pour ma mie
Qui est à mes côtés

Ces hautes montagnes (les Pyrénées)
Qui culminent si haut
M'empêchent de voir
Le lieu de mes amours

Sous ma fenêtre
Il y a un oiselet
Il chante toute la nuit
Il chante sa chanson

Au fond du jardin
Il y a un arbre
Qui fait des fleurs blanches
Comme du papier

De ces fleurettes
Il sort des pépins (amandes)
Destinés à garnir les poches
De mon amoureux

La tradition orale a modifié les paroles de ces chansons populaires de l'époque féodale et médiévale. C'est sur cet air que Maurice Bouchor a composé son hymne à la gloire de Toulouse :
Toulouse, oh Toulouse
Rouge fleur d'été
Tu rendrais jalouses
Toutes les cités

N'oublions pas que Tolosa était la capitale de la "Narbonnaise" - province romaine.

Odette Bedos
(source : trésor des plus belles mélodies par Delfolie Edsco Editeur)
Recherches et textes Odette Bedos.

Aujourd'hui…
Se canto, est aussi repris en cœur par les supporters du Toulouse FC en brandissant les écharpes lors de toutes les rencontres de ce dernier. À partir de la saison 2010-2011, le chant est également diffusé et chanté à l'entrée des joueurs sur la pelouse, devenant ainsi le véritable hymne du club toulousain.


Couleur Lauragais n°138 - Décembre 2011/Janvier 2012