accueil
Couleur Lauragais : les journaux
Spécial Fêtes

Marchés et vide-greniers

Depuis au moins cinq millénaires, les marchés ont été des lieux d'échange privilégiés. Jusqu'au milieu du XIXème siècle, ils ont contribué à la fixation des prix par le jeu de l'offre et de la demande. En Lauragais, les rendez-vous hebdomadaires (le vendredi à Villefranche, le samedi à Revel, le lundi à Castelnaudary) connaissent encore de nos jours un grand engouement. Le vide-grenier est une forme de marché particulière. Il s'agit d'un marché aux puces ouvert aux exposants "amateurs". Cette pratique nouvelle née il y a une vingtaine d'années attire aussi beaucoup de personnes.

    Le lundi, échanges et affaires s’effectuaient à Castelnaudary, capitale du cassoulet et centre collecteur de céréales avec son bassin où accostaient les coches d’eau amenant négociants et courtiers et les barques de marchandises en partance pour le Pays Bas. Ici, place de la République un jour de foire.
Le lundi, échanges et affaires s’effectuaient à Castelnaudary,
capitale du cassoulet et centre collecteur de céréales avec
son bassin où accostaient les coches d’eau amenant négociants
et courtiers et les barques de marchandises en partance pour
le Pays Bas. Ici, place de la République un jour de foire.


Un peu d'histoire
D'où provient le terme "marché" ? Dans la Rome Antique, le "mercatus" correspondait aux rassemblements organisés une ou plusieurs fois par an. Aujourd'hui, nous les appelons "foire". "Mercatus" a donné en occitan "mercat". A Castelnaudary, on peut encore entendre : "Es dilus, cal ana al mercat" soit "C'est lundi, il faut aller au marché". Dans les territoires occupés par les celtes, le marché est le "magus". Il s'agissait de rencontres, à connotations religieuses, qui duraient plusieurs jours et donnaient lieu à des transactions commerciales. Ainsi "Eburomagus" c'est-à-dire Bram veut dire "marché au sanglier".
Les exposants du vide-grenier ne sont pas, en majorité, des professionnels. Ceux des marchés hebdomadaires sont les forains. Le mot provient du bas latin "foranus" qui a donné "defora" en occitan (dehors) et "forastero" en espagnol. Le forain est donc celui qui vient de l'extérieur.
Que l'on vienne de la "paroisse" ou de l'extérieur, il fallait, au Moyen Age, transporter la marchandise à dos d'homme ou à l'aide d'une bête de somme. Pendant longtemps, l'âne et le mulet ont été privilégiés. Dans la liste des péages médiévaux, l'équivalent poids de la charge du mulet est fixé à 400 livres. Un cheval pouvait porter le même poids, mais il représentait un "investissement" plus important à l'achat et à "l'entretien". De plus, il était moins à l'aise sur les chemins pentus de la Piège et moins résistant que le mulet sur de longs parcours. Le mulet a constitué pendant longtemps le "véhicule" privilégié pour acheminer les marchandises au marché. Bien bâté, il transportait, par exemple, les pièces de drap soigneusement pliées et enveloppées dans une housse de toile grossière qu'on appelait "la serpillière". A l'origine, la serpillière était tissée avec une espèce d'ajonc : le scirpicus. Lorsqu'elle était usée, on la taillait pour faire des tabliers aux commis et commises des auberges. Et comme on ne jetait rien, la serpillière finissait sa vie comme chiffon pour nettoyer le sol.
La charge du mulet faite de draps, se composait de deux "balles", une de chaque côté du bât. Depuis, le mot et surtout ses dérivés ont été conservés par les forains. Ainsi, on "déballe", on "remballe" et ... le produit vendu et protégé par un "emballage".

Le cycle des marchés
Ces rendez-vous à caractère commercial se répétant plusieurs fois dans le mois ou la semaine sont très anciens. Les premiers marchés auraient été organisés en Chine vers 2780 avant JC. Les romains avaient établi un cycle de huit jours. Mais dès le 1èr siècle, à ce cycle se substitue un cycle plus court, de sept jours. Cependant, il peut exister plusieurs marchés dans la semaine. Exemple : en 1687, on relève beaucoup de localités qui possèdent deux et même trois marchés hebdomadaires. Pour éviter la "concurrence", les jours de marché de villes voisines sont différents. Ainsi, en cette même année, on relève à Castelnaudary, le lundi, mercredi et vendredi comme jours de marché. A Puylaurens aussi. Alors qu'à Revel, il s'agit du mardi, jeudi et samedi.
La population rurale du Lauragais était très attachée à ces rendez-vous hebdomadaires. La plupart du temps, elle privilégiait un jour. Si bien que si l'on ajoutait le dimanche (jour de repos "obligatoire") les ruraux actifs abandonnaient les travaux des champs, et non le soin aux "bêtes", deux jours par semaine, soit une centaine de jours dans l'année.
Mais pourquoi se précipiter ainsi au marché ? D'abord, l'intérêt économique : on y venait, même si on ne vendait rien, pour s'informer des prix, ou comme l'on disait encore au siècle dernier savoir quel était le "cours" ! Jusqu'au XIXème siècle, en effet, le seul moyen d'information important était le bouche à oreille. Certes, le dimanche, à la sortie de la messe, notamment, on se transmettait des informations, mais pour tout ce qui était prix des denrées agricoles, et surtout leur évolution, rien ne valait le marché. C'était aussi le lieu où l'on communiquait sur les techniques agraires en perpétuelle évolution depuis le début du XVIIIème siècle, sur les semences... Et puis, le marché était aussi un lieu de rencontres privilégié. On y échangeait des "nouvelles" concernant le pays, la politique mais pas seulement ! On s'informait sur la santé de tel ou tel voisin. On raconte que, retournant chez lui un jour de marché, le fermier lauragais, en réponse à la question :"Qui as-tu vu au marché ?" répondait "Eh bien, il n'y avait pas "un tel", peut-être qu'il est malade ?" ce qui sous-entendait que, comme tout le monde, il aurait dû y être, mais...
Que le vide-grenier ait hérité de ce que l'on pouvait qualifier de "lien social du marché" ne fait pas de doute ! A la différence du marché, le vide-grenier ne respecte aucun cycle. Il a lieu le plus souvent le dimanche durant la belle saison.

Les vide-greniers se déroulent sur la voie publique, dans des salles des fêtes, salles omnisport, salles polyvalentes etc. Ils attirent de plus en plus de visiteurs à la recherche d’une sortie le week-end. Ici, le vide grenier en plein air de Quint Fonsegrives.
Les vide-greniers se déroulent sur la voie publique, dans des salles des fêtes, salles omnisport, salles polyvalentes etc.
Ils attirent de plus en plus de visiteurs à la recherche d’une sortie le week-end. Ici, le vide grenier en plein air de Quint Fonsegrives. Crédit photo : Couleur Média

Les lieux où se tiennent le marché et le vide-grenier
Au Moyen Age, certains marchés se tiennent à l'extérieur des villes. Lorsque les villes se dotent de murailles, ils ont lieu à l'extérieur des portes. Ils entrent dans les cités avec les aménageurs des bastides dès le XIIème siècle. Les actes de paréage des bastides prévoyaient que ces villes nouvelles soient dotées au moins d'un marché par semaine. Le lieu privilégié est la place généralement au centre comme à Revel ou Villefranche. Il est symbolique que ces deux villes connaissent encore aujourd'hui une grande affluence le jour du marché : "Si ces manifestations conviviales perdurent au même endroit de la ville depuis huit ou neuf siècles, c'est évidemment que les décideurs médiévaux ont fait le bon choix lorsqu'ils ont déterminé l'emplacement." P.A. Clément.

Couverts et halles
Les aménageurs médiévaux avaient tout prévu. Pour que les marchandises fragiles soient à l'abri des intempéries, il fallait qu'elles soient protégées. On voit mal, en effet, des sacs de bleds, c'est-à-dire de céréales panifiables, exposés à la pluie. D'où la création de halles, dites aux grains, et de galeries souvent périphériques à la place que l'on appelle "couverts".
Selon leur statut juridique, les couverts devaient "être libres pour les bourgeois à qui appartiennent les maisons". En réalité, l'immeuble, dont une partie du rez-de-chaussée était réservée à la galerie de circulation, était la propriété du seigneur du lieu. Comme pour toutes les autres maisons de la ville, l'habitant n'avait que le droit d'usage. A noter que le loyer était symbolique et... délicieux : en général, il consistait à remettre au seigneur quelques gaufres de forme cylindrique, les oublies.
Donc, la libre circulation sous les couverts de Revel, par exemple, représentait une servitude de passage à laquelle nul ne pouvait se soustraire. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des marchés, lorsque, en 1789, survint la Révolution ! L'article 555 du Code Civil stipule, en effet, que la propriété du sol l'emporte sur le dessus et le dessous. Le "dessus" étant constitué par les maisons, le "dessous" par les caves et les galeries. Selon cet article, donc, tout propriétaire pouvait établir une construction sur l'emplacement autrefois dévolu au passage. L'espace public, devenait privé ! Drôle d'héritage révolutionnaire ! C'est alors qu'intervinrent certaines municipalités soucieuses de protéger ces espaces à l'activité commerciale : le couvert seigneurial redevenait public ! Ouf : la Révolution avait fait son oeuvre !

La Halle de Revel, qui date de 1342 année de la fondation de la bastide royale par le souverain Philippe VI de Valois est un écrin d’exception pour l’accueil du marché, classé parmi les “100 plus beaux marchés de France”.
La Halle de Revel, qui date de 1342 année de la fondation de la bastide royale par le souverain Philippe VI de Valois est un écrin d’exception pour l’accueil du marché, classé parmi les “100 plus beaux marchés de France”. Crédit photo : collection ?C.C.L.R.S.

Les halles
Toujours avec le même souci de mettre à l'abri des marchandises mais aussi les personnes, la place a été couverte d'une sorte de hangar : la halle.
La halle a la particularité de s'ouvrir au public sur les quatre côtés, elle permet ainsi la circulation des animaux de bât, des chariots et charrettes qui transportent les sacs de grains. Beaucoup de halles médiévales ont disparu, car la plupart avaient une charpente en bois. Quelques unes ont subsisté comme celle de Revel. La description que l'on en faisait en 1687, n'a guère évolué : "Au milieu de ladite ville (Revel), il y a une place carrée. Sous le couvert qui est dans icelle, est la maison consulaire [...] et au dessus, les prisons et l'habitation du concierge y ayant un clocher et horloge." Cette halle de 40 mètres de côté a été sauvegardée et l'on peut, encore aujourd'hui admirer ses piliers et sa charpente. Le concepteur a prévu, à l'origine une pente douce orientée nord-sud pour faciliter l'écoulement des eaux.
Certaines halles construites, ou reconstruites, étaient pourvues de mesures à grains taillées dans la pierre, mais aussi des bancs, le plus souvent en bois. Aujourd'hui, le mot "banc" désigne toute l'installation du marchand ambulant. On peut encore entendre des "anciens" dire :"Je suis allé acheter des chaussures au banc de X ou Y...". Dans les marchés transalpins, on utilisait, dès le Moyen Age, le terme de "banco" pour désigner à la fois table, étal ou comptoir. Les opérations de change étant l'activité de prédilection des lombards, on est passé du masculin banco au féminin banca qui, aujourd'hui, sous la forme du mot "banque" ou "bank" désigne les établissements financiers du monde entier.
Halles et couverts sont utilisés aujourd'hui pour les opérations de vide-greniers ou "foires à tout", mais ces nouveaux marchands ambulants utilisent les rues et les trottoirs pour exposer leurs marchandises qui sont souvent installées à même le sol. Les aménageurs médiévaux qui avaient tout prévu doivent se retourner dans leur tombe !

Les mesures
Les mesures à grains étaient le plus souvent placées sous les halles. Creusées dans la pierre, elles étaient situées sur un élément surélevé de façon à ce que le sac destiné à recevoir le grain, se trouve au dessous. Ainsi la manipulation était plus simple. Chaque mesure était particulière quant à sa contenance car le seigneur du lieu avait sa propre mesure. Le système métrique révolutionnaire a apporté une fantastique simplification en ramenant tous les étalons à un seul et unique à l'échelon national. Mais que ce fût long et laborieux ! En 1790, Talleyrand propose le système métrique qui est adopté par la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795). L'application de cette loi se heurta à de nombreuses réticences. Les "mentalités", comme aujourd'hui, évoluent très lentement : chacun, le marchand, le client... avait l'impression que dans cette affaire il perdait beaucoup. Ce n'est qu'en 1812 qu'un décret napoléonien conféra aux nouvelles unités le nom des principales mesures de l'ancien régime comme le quintal ou la livre... En 1840 (enfin), toutes les communes de France utilisèrent des références identiques. Donc, depuis 843, date du partage de l'état carolingien et jusqu'en 1840, la France a vécu dix siècles de la plus totale anarchie en matière de poids et mesures. Pendant les neuf siècles précédents la métrologie romaine était restée en vigueur !
Quelques exemples d'unités de compte pour la mesure des grains : la salmée ou la charge selon les régions, le setier qui valait 1/6 de salmée ce qui représentait 33,3 litres de froment soit suivant un poids spécifique moyen : 25 kg.

Le marché de potiers, sur la place Guillaume Nogaret à Saint Félix Lauragais, rendez-vous annuel de l’art et de l’amitié entre les Saint-Féliciens et les maîtres de la poterie et de la céramique, dans un cadre typique du Lauragais.
Le marché de potiers, sur la place Guillaume Nogaret à Saint Félix Lauragais, rendez-vous annuel de l’art et de l’amitié
entre les Saint-Féliciens et les maîtres de la poterie et de la céramique, dans un cadre typique du Lauragais. crédit photo : Couleur Média

Ces mesures de pierre avaient de nombreux avantages : massives donc difficiles à bouger, ne se dilatant pas à la chaleur... Elles constituaient le témoin privilégié. Bien entendu, leur usage était payant... Elles présentaient aussi pas mal d'inconvénients : le jour du marché si on voulait mesurer un setier de froment, il fallait faire la queue... car les candidats à la mesure étaient nombreux. D'où la nécessité de "copies" c'est-à-dire des mesures en bois ou en cuivre. Les "lois et règlements" imposaient aux personnes détentrices de tels récipients de les présenter à l'autorité locale pour, chaque année, vérifier leur conformité. On peut y lire sur un petit rectangle de tôle cette "marque" du seigneur, en général les armes, ou celle de la ville. Si dans les vide-greniers ce genre d'objet se fait rare, il est possible de voir aujourd'hui des "cinquièmes" proposés à la vente et sont estampillés : "double décalitre". La plupart du temps, ces nobles objets, en-core en vigueur au XXème siècle achèvent leur deuxième vie, en porte-parapluie... Comme leurs étalons de pierre, les mesures de bois et de cuivre, aisément transportables avaient leurs inconvénients. Les tricheries étaient nombreuses ! L'une d'entre elles consistait à bien remplir la mesure sans que le vendeur s'en aperçoive. Le stratagème, connu de tous les acteurs était le suivant :
1) Détourner l'attention du vendeur
2) Donner un coup de pied dans la mesure (par exemple "le cinquième") ce qui avait pour effet de tasser le grain. Par ce moyen on en obtenait davantage ! Suivant que la mesure était pleine à ras bord ou un peu plus. On distinguait les mesures "rase" ou "coumoule", c'est-à-dire "pointue", avec du "cumul". De cette époque datent les expressions comme "outre mesure", "ne pas avoir de commune mesure", "dépasser la mesure", "la mesure est comble", "faire deux poids, deux mesures", "au fur et à mesure" c'est-à-dire au prix du forum (du marché) et à la mesure en vigueur.

Les droits
Le marchand, surtout s'il vient de l'extérieur, paie à l'autorité un droit de place. Il s'agit là de la taxe la plus ancienne. Pendant longtemps, on a voulu privilégier les autochtones. A Castelnaudary, par exemple, en l'année 1687, les chauriens sont exemptés de payer le droit de coupage et de péage. Le droit de coupage étant une redevance sur les "bleds".
A ces droits de place, s'ajoutent, sous l'ancien régime, d'autres taxes comme les leudes (droits perçus sur les marchandises). Citons la leude sur le vin, le pain, les poissons, les fruits, les légumes, les grains... Au XVIIème siècle, le terme de leude s'efface progressivement. Il est remplacé par l'octroi lui-même aboli en 1948. A la périphérie de certaines villes, comme Bram, le toponyme "leude" est demeuré.
On pourrait penser que la multiplicité de ces droits et taxes constituait un frein à l'activité commerciale. Il n'en était rien, car la modicité des sommes prélevées était loin d'atteindre les taux de la TVA actuelle !
TVA que l'on retrouve sur d'autres marchés : qu'ils s'appellent hyper ou super ou internet. Mais, alors que logiquement on devrait assister à la mort des marchés hebdomadaires, on constate, au contraire, qu'ils rassemblent de plus en plus de monde. Que viennent chercher ces clients dans des lieux pas toujours équipés pour le commerce moderne ? Ils viennent se pourvoir en produits souvent issus du terroir dans une ambiance propice à la convivialité. Au marché de Revel, de Villefranche ou de Castelnaudary, on peut entendre des conversations en occitan. Pour combien de temps encore ?

Le Marché de plein vent d’Escalquens a  lieu tous les dimanche matin depuis 1995 et réunit de nombreux commerçants ambulants : fruits, légumes, viandes rôties, spécialités traiteurs sont proposés….
Le Marché de plein vent d’Escalquens a lieu tous les dimanche matin depuis 1995 et réunit de nombreux commerçants ambulants : fruits, légumes, viandes rôties, spécialités traiteurs sont proposés….

Le marché de plein vent est un lieu d'échanges et de culture. De culture me dites-vous ? Laquelle ? Il suffit de réfléchir et de s'attarder un peu... Prendre le temps de raconter à ses enfants ou petits enfants comment ces lieux ont évolué dans l'histoire : leçons de calcul (mental) aussi, de psychologie, de sociologie, parfois de langue vivante étrangère. Comme le dit Pierre Albert Clément : "Le marchand forain est nécessairement un homme de contact et de communication. Le plus performant est celui qui sait se donner en spectacle et possède des dons de bateleur et de metteur en scène." Certes, la pièce de théâtre ne se représente plus au foirail comme il y a 50 ans... mais on la retrouve sous d'autres formes aujourd'hui. Comment imaginer que nous puissions assister au dernier acte de cette pièce de théâtre qui a débuté il y a 5000 ans ?

Régis Gabrielli

Bibliographie :
"Le temps des foires" Jack Thomas - Presses Universitaires du Mirail - 1993
"Foires et marchés d'Occita-nie" P.A. Clément - Presses du Languedoc - 1999


Couleur Lauragais n°128 - Décembre 2010/Janvier 2011