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Couleur Lauragais : les journaux
Spécial mariage

Les Mariages d'Autrefois au Mas Saintes Puelles

Autrefois, les mariages étaient célébrés principalement le samedi à onze heures. La cérémonie était empreinte de sérieux et de dignité. Le cortège s'organisait chez la mariée et c'est en rang bien formé que l'on se rendait tout d'abord à la mairie.

Le mariage de la cousine Elise au Mas Saintes Puelles
Le mariage de la cousine Elise au Mas Saintes Puelles

Une cérémonie organisée dans ses moindres détails

Les couples étaient formés. Le père de la mariée amenait sa fille. Suivaient les enfants tenant la traîne. Venaient ensuite les garçons et les filles d'honneur, les couples (créés pour l'occasion) cavaliers et cavalières célibataires, les couples mariés, les grands-parents et amis et, fermant la marche, le marié au bras de sa mère. A la sortie de la mairie, le cortège gardait sa forme initiale ; le père de la mariée amenait sa fille jusqu'à l'autel à l'église : robe blanche immaculée, petit bouquet et couronne de fleurs d'oranger (couronne gardée en souvenir, prenant place dans un globe en verre sur la cheminée de la chambre).

  Les fleurs d'oranger, très parfumées étaient dans l'Antiquité un symbole de la pureté et servaient à la fabrication des couronnes des jeunes mariées.
Les fleurs d'oranger, très parfumées étaient dans l'Antiquité un symbole de la pureté
et servaient à la fabrication des couronnes des jeunes mariées. Crédit photo : collection Thérèse Sigu

La mariée sortait de l'église au bras de son époux. L'église illuminée et fleurie accueillait parents et amis et, sur les bancs du fond de l'église, les badauds. Une partie de la population s'était massée à la sortie de la mairie et tout au long du cortège pour faire honneur à la mariée. A la sortie de la messe, après avoir versé une obole aux enfants de chœur, le cortège, si le temps le permettait, faisait le "tour du Bosquet", avant de regagner l'un des cafés (il y en avait trois) pour l'apéritif. Le repas de noce, servi le plus souvent dans une des salles du café, dans une remise ou dans le hangar pour les mariages des jeunes gens des fermes, était un véritable festin.

Un véritable festin

Les jeunes invités avaient décoré la salle ou le hangar. Des draps avaient été tendus et décorés avec des fleurs, des branches de houx, et souvent les deux initiales des jeunes époux au-dessus de leur tête au beau milieu de la pièce.

Un énorme poisson, du merlan, occupait la place d'honneur en face des mariés. On venait l'admirer avant le repas. Il trônait sur un lit de persil entouré de tranches de citron artistiquement découpées, et enrobé de guirlandes de mayonnaise d'un éclat doré qui faisaient de ce plat un mets royal. Des hors-d'œuvre au dessert, sauces, rôtis se succédaient, et c'est de grand appétit que les invités faisaient honneur au menu. C'était la fête ! Un bon repas, un banquet étaient d'autant plus appréciés qu'on mangeait frugalement tous les jours.

Le repas traînait en longueur. On chantait. La chanson avait été préparée des mois à l'avance. Pas de blagues ou d'histoires comme aujourd'hui. Il se disait beaucoup de monologues, écrits en vers, appris par cœur, révélant par leur longueur une certaine aptitude intellectuelle de la part de leurs auteurs et interprètes.

Le repas de fiançailles pouvait être aussi important que celui du mariage. En photo, les fiancailles des parents de l'auteur :  Marie-Jeanne et Ernest

menu fiancailles 1954

Le repas de fiançailles pouvait être aussi important que celui du mariage.
En photo, les fiancailles des parents de l'auteur : Marie-Jeanne et Ernest
Crédit photo : collection Alfred Cazeneuve

menu mariage 1952
menu 1955

menu 1941

Quelques exemples de
menus de banquet
(fiançailles, mariages…)

Place à la musique

Le repas terminé, place était donnée au bal. On dansait jusqu'à minuit. Les villageois jeunes et moins jeunes venaient se joindre à l'assistance. Vers minuit, le souper réunissait à nouveau tous les invités. Un bouillon de poule et une bonne farce sortie des entrailles volatiles aiguisaient les appétits. Quelques chansons encore, puisqu'on en avait préparé pour les deux repas ! Puis le bal reprenait ses droits. Au petit matin les mariés s'éclipsaient. Com-mençait alors une espèce de course-poursuite pour retrouver les nouveaux époux dans leur lit nuptial. Auparavant, la cuisinière avait préparé à leur intention une "aillado", soupe à l'ail, bien poivrée. Tout se terminait par de bons mots et le verre de l'amitié. Le matin, un véritable repas en guise de petit-déjeuner était servi aux invités venus de loin.

Même les mariages, obéissaient à un rite. On convolait en justes noces entre célibataires. Une veuve ou une divorcée qui reprenait époux se voyait obligée d'accepter une chose assez barbare : les jeunes gens du village aidés bien souvent par des aînés jaloux de voir leur compatriote se remarier, lui faisaient "callibari", charivari. Tapant sur des boîtes, employant des crécerelles ou tout autre objet sonore, ils faisaient du tapage devant sa porte. Cela durait quelquefois longtemps !

Alfred CAZENEUVE

Texte tiré du livre
"Le goût de la vie dans le Lauragais d'autrefois"
aux éditions La Gouttière mars 2005 - Alfred Cazeneuve
En vente chez l’auteur : 04 68 23 07 14


Couleur Lauragais n°116 - Octobre 2009