


A la découverte de la Gastronomie du Lauragais
La gastronomie traditionnelle du Lauragais est d'une richesse infinie et d'une excellente qualité, tant la gastronomie des tables paysannes que celle que l'on découvre dans d'illustres restaurants contemporains. Mais, sauf le cassoulet, elle est peu connue car la publicité et l'information culinaire sont souvent insuffisantes. Couleur Lauragais vous fait découvrir la gastronomie traditionnelle, puis nous tracerons plusieurs pistes pour vous conduire vers quelques bonnes adresses.

Les 
    bases de la Gastronomie traditionnelle
    La gastronomie du Lauragais repose sur les productions locales, végétales 
    et animales. Le blé dur donne des farines de très haute qualité 
    pour le pain ; l'appellation "blé du Lauragais" perdure de 
    nos jours car il demeure très recherché ; au Moyen Age, le blé 
    était la plante courante donnant le pain blanc (ou pain de couvent) 
    alors qu'ailleurs régnait le seigle et l'épeautre.
    
    Le pain de maïs est de retour
    Le maïs américain apparaît dans notre histoire par une note 
    sur le journal de bord de Christophe Colomb en novembre 1492 lors du premier 
    voyage de découvreur du Nouveau Monde sous la forme "maïse". 
    Il s'agit d'une plante miracle pour le Lauragais ; il est coté pour 
    la première fois sur le marché de Castelnau-dary vers 1640 ; 
    il est certainement arrivé du Portugal et du Nord de l'Espagne par 
    la côte basque puis Bayonne, la Gascogne, Toulouse, Castelnaudary. Tout 
    est consommé dans le maïs : le cime fournit un fourrage vert aux 
    bovins vers le 15 août, puis desséché c'est le complément 
    en automne et hiver, le "charbon blanc" ; les racines mêmes 
    sont brûlées au feu de la grande pièce commune des bordes 
    lauragaises. La farine est très blanche et très fine car tirée 
    de grains très petits et d'un épi (la millette) de 10 cm de 
    long ; elle est à la base du pain de maïs qui fait disparaître 
    très tôt les famines (seconde moitié du XVIIIème 
    siècle).
    
     Le 
    millas, une bouillie de farine et d'eau salée, est la base de l'alimentation 
    des paysans pauvres jusqu'en 1900 ; dans un grand chaudron de cuivre (le païrol) 
    on jette lentement la pluie de farine dans une eau frémissante en remuant 
    avec un gros bâton ; la bouillie obtenue est vidée ensuite sur 
    une table que l'on incline dans tous les sens pour obtenir une immense galette 
    d'épaisseur uniforme (2-3 cm environ). Le millas remplace le pain de 
    froment ; il peut être transformé en dessert, doré à 
    la poêle, avec du sucre. J'ai bien connu la préparation de ces 
    mets dans la cuisine de ma grand mère. Le mesturet est un millas avec 
    de la pulpe de citrouille rouge, puis du sucre, des ufs, des zestes 
    d'orange et de citron, du rhum, du beurre.
Le 
    millas, une bouillie de farine et d'eau salée, est la base de l'alimentation 
    des paysans pauvres jusqu'en 1900 ; dans un grand chaudron de cuivre (le païrol) 
    on jette lentement la pluie de farine dans une eau frémissante en remuant 
    avec un gros bâton ; la bouillie obtenue est vidée ensuite sur 
    une table que l'on incline dans tous les sens pour obtenir une immense galette 
    d'épaisseur uniforme (2-3 cm environ). Le millas remplace le pain de 
    froment ; il peut être transformé en dessert, doré à 
    la poêle, avec du sucre. J'ai bien connu la préparation de ces 
    mets dans la cuisine de ma grand mère. Le mesturet est un millas avec 
    de la pulpe de citrouille rouge, puis du sucre, des ufs, des zestes 
    d'orange et de citron, du rhum, du beurre.
    Le pain de maïs est de retour : dans le Lauragais, des boulangers nous 
    offrent du pain de maïs sous forme demi sphériques de diamètre 
    30cm et de 20 cml dépaisseur au centre, issu d'un mélange 
    mystérieux de farine de blé et de maïs, avec des levures.
    Le haricot est lui aussi d'origine américaine et ramené en Europe 
    par Christophe Colomb : c'est la troisième base végétale 
    de l'alimentation (avec les fèves) des lauragais ; il se répand 
    en Lauragais au milieu du XVIIème siècle. Il devient le support 
    incontournable du cassoulet.
    Les viandes sont nombreuses et abondantes avec les bufs de race gasconne 
    sacrifié à la fin de leur vie (10-12 ans) après engraissement 
    aux fèves-maïs et complété parfois avec du miel. 
    Les moutons et agneaux sont d'une race spécifique : la race lauragaise 
    ; grands, sans cornes, avec une très forte ossature, donnant peu de 
    lait, peu de laine, ils sont très rustiques. Les volailles sont très 
    nombreuses dans chaque borde ; les poules sont noires, ressemblant à 
    la race de Caussade ; l'oie de Toulouse recouvre tout le Lauragais ; les canards 
    mulards donnent des foies d'une finesse exceptionnelle. Les porcs sont 2-3 
    dans chaque exploitation et engraissés avec des fèves et du 
    maïs.
    Les foires aux bovins et moutons ont toutes disparu ; le marché aux 
    veaux de Puylaurens a connu un temps de célébrité internationale 
    avec des exportations massives vers l'Italie. Les marchés aux volailles 
    "naturelles" élevées en plein air, comme dans le passé, 
    perdurent à Revel (le samedi), Belpech, Castelnaudary, Ville-franche, 
    Puylaurens, Caraman, Auterive, Baziège. Un trait récent est 
    la création de nouveaux marchés dans quelques bourgades comme 
    Castanet, St-Orens, Montgiscard, Escalquens, Avignonet (la nuit).
    
    Découvrons la Gastronomie lauragaise
    Un vieux livre de recettes me sert de sources d'informations culinaires ; 
    des centaines sont toutes consacrées au Pays de Cocagne, avec des mets 
    simples mais somptueux, qu'avec amour nos ménines mitonnaient dans 
    leurs païrols ou leurs toupines. Leur variété est immense 
    et nous laissons de côté, provisoirement, bien des recettes que 
    Couleur Lauragais reprendra dans d'autres numéros.
    Les soupes
    D'abord les soupes qui étaient la base de l'alimentation des paysans 
    pauvres jusqu'en 1900 environ ; nous citerons la soupe à l'ail rose 
    de Lautrec, la soupe à la citrouille, la soupe au boudin du jour où 
    on tue le cochon (ou "festo pourcalo"), la soupe de fèves. 
    
    Je laisse en attente la poule au pot de cocagne qui, curieusement, figure 
    avec les soupes.
    
    Les entrées et viandes
    Il faut déguster le jambon de Lacaune au beurre de cocagne, les févettes 
    du cathare, le foie de canard confit, le melsat (ou boudin blanc), la saucisse 
    à l'ail, la sanguette, les sept omelettes. 
    Pour les poissons, nous retiendrons la brandade tarnaise, bifteck de thon 
    à la poêle, des crevettes (gambas) à la braise, l'anguille 
    au vin de Fitou, des grenouilles sautées à l'ail confit, les 
    vairons et goujons frits du Sor.
    Les viandes les plus connues sont l'agneau de Pâques, la blanquette 
    d'agneau, la côte de buf à la toulousaine, la daube de 
    mouton, la daube d'auroch (à Baziège et Avignonet), la joue 
    de veau de Puylaurens.
    
    Les volailles et gibiers
    Un choix parmi des dizaines de recettes ; vieux coq aux deux vins, lapin à 
    l'ail de Lautrec, canard musqué aux olives, pigeon au four, poulet 
    à la braise, coq à la bière, poulet à la pierre, 
    la pioto de Nadal (la dinde de Noël). Pour les gibiers ; la caille avec 
    ses ufs, côtellettes de sanglier, faisan farci au foie gras, lièvre 
    à la broche, perdreau aux lentilles, lapin sauvage à la moutarde.
    
    Les légumes
    On peut déguster des aubergines à la lauragaise, des asperges, 
    les petits pois du cathare à la sarriette, des culs d'artichauts, les 
    deux gratins de cocagne (au Roquefort et au fromage de table de Laguiole), 
    les tomates farcies.
    
    Les plats de résistance
    Citons l'alicuit d'oie, escargots au foie salé, le magret en gelée, 
    les lentilles au confit d'oie ; la padénado de cocagne est une sorte 
    de paëlla avec de la graisse de canard, du riz, du bouillon de volaille, 
    des curs d'oie confits, des gésiers d'oies, des morceaux de cous 
    d'oies, du safran. 
    
    Le divin cassoulet
     On 
    l'appelle aussi très simplement : les haricots de cocagne ; c'est le 
    plus connu de la gastronomie lauragaise ; c'est le dieu de la cuisine occitane, 
    avec la célèbre trilogie : Dieu le Père est le cassoulet 
    de Castelnaudary, Dieu le Fils celui de Carcassonne, le Saint Esprit celui 
    de Toulouse. Le grand centre est Castelnaudary, sans rival, mais chaque restaurant 
    ou auberge a pratiquement son cassoulet maison, avec de nombreuses variantes 
    ou présentations ; il faut au minimum la cassole en terre d'Issel et 
    des haricots, soit lingots, soit cocos ; La singularité, pour celui 
    de Castelnaudary, étant de le finir dans le four du boulanger chauffé 
    aux genêts épineux de la Montagne Noire et pendant la dernière 
    phase de la préparation on mélange à sept reprises aux 
    haricots la peau transparente qui se forme en surface.
On 
    l'appelle aussi très simplement : les haricots de cocagne ; c'est le 
    plus connu de la gastronomie lauragaise ; c'est le dieu de la cuisine occitane, 
    avec la célèbre trilogie : Dieu le Père est le cassoulet 
    de Castelnaudary, Dieu le Fils celui de Carcassonne, le Saint Esprit celui 
    de Toulouse. Le grand centre est Castelnaudary, sans rival, mais chaque restaurant 
    ou auberge a pratiquement son cassoulet maison, avec de nombreuses variantes 
    ou présentations ; il faut au minimum la cassole en terre d'Issel et 
    des haricots, soit lingots, soit cocos ; La singularité, pour celui 
    de Castelnaudary, étant de le finir dans le four du boulanger chauffé 
    aux genêts épineux de la Montagne Noire et pendant la dernière 
    phase de la préparation on mélange à sept reprises aux 
    haricots la peau transparente qui se forme en surface.
    
    Les desserts
    Ils sont très nombreux ; citons les oreillettes, la croustade des vendanges, 
    la fouace des rois, les méringues d'autrefois, mélange de fruits 
    occitan, le mesturet, la millasine, les crêpes (pescajous).
    
    Fromagers et conserveurs
    Le Lauragais ancien connaissait peu de fromagers ; récemment des élevages 
    de chèvres et de vaches fournissent d'excellents produits, à 
    peine connus et cependant, pour l'un d'entre eux (de Marquein) ses fromages, 
    type parmesan sont exportés en Allemagne. Les principaux fromagers 
    sont installés à Auzielle, Saint Félix, Marquein, la 
    Pomarède, Revel, Tréville, Labastide-Couloumat, Payra sur l'Hers, 
    Pech Luna, Gaja la Selve.
    De très gros conserveurs sont surtout à Castelnaudary, où 
    certains ont un rayonnement international notamment pour le cassoulet, mais 
    également des ateliers importants sont à Salles sur l'Hers, 
    Villenouvelle, Saint Félix, Belpech, Bram, Montgiscard, Corronsac, 
    Revel, Villefranche, Montgaillard, Lanta.
    
    Les bonnes adresses gastronomiques
    Le Lauragais compte d'excellents restaurants. Castelnaudary est la capitale 
    du cassoulet et la conserverie mais dans tous le Lauragais on trouve dexcellents 
    restaurateurs et conserveurs. Sur la carte ci-jointe, nous avons localisé 
    les restaurants et auberges du Lauragais; que ceux qu auraient été 
    oubliés veuillent bien nous en excuser.
    On peut distinguer 3 types de restaurants :
    - les auberges
    - les restaurants réservant une large place aux spécialités 
    lauragaises
    - les restaurants que j'appelle "polyvalents", avec spécialités 
    régionales, spécialités maison, et menus "nouvelle 
    cuisine".

    
    Les vins
    Nous gardons les vins en conclusion. Le Lauragais produisait jusqu'en 1885 
    des vins abondants mais de bien piètre qualité, une véritable 
    piquette ; la crise du phylloxéra (1885-1890) a détruit totalement 
    ce vignoble qui a été ensuite partiellement reconstitué 
    avec des porte greffes américains ; la qualité restait médiocre 
    ; il n'y a jamais eu de bons vins en Lauragais. A partir de 1960 les vignes 
    lauragaises disparaissent et aujourd'hui elles sont devenues une curiosité 
    ; cependant depuis 2001 apparaît sur nos tables un vin chaurien, produit 
    par le lycée agricole de Castelnaudary : il présente de très 
    intéressantes promesses.
    On assiste actuellement chez les gourmets et amateurs éclairés 
    de la gastronomie lauragaise à un retour aux sources avec une demande 
    grandissante de mets régionaux et spécialités locales. 
    
    
    
    Ami lecteur, Couleur Lauragais publie dans ses colonnes tous les mois des 
    annonces de restaurants, avec une carte ; aussi les lecteurs pourront y trouver 
    l'adresse précise des sorties gastronomiques dominicales. 
    
    
Jean ODOL
Couleur Lauragais N°43 - juin 2002