Histoire

Une tradition lauragaise : la couronne des Rois

L'épiphanie (en grec : manifestation) célébrée le premier dimanche de janvier, est aussi appelée la Fête des Rois. Odette Bedos nous raconte son origine et les particularités de cette coutume dans notre région.


La légende dit que trois Rois Mages d'Orient, Melchior le Vénérable, Balthazar de race noire, et Gaspard le plus jeune, suivirent il y a longtemps une étoile qui les conduisit à Jérusalem. Là, le Roi Hérode et les Scribes (les savants) leur indiquèrent la direction de Bethléem.
Les souverains s'arrêtèrent devant une grotte abritant une étable où le Roi des Juifs venait de naître. Aussitôt, les bergers s'écartèrent pour leur laisser le passage. Conformément à la tradition de leur pays, les Rois Mages offrirent au nouveau-né l'or, symbole de royauté, l'encens et la myrrhe, parfums précieux.

Dans le passé, pour commémorer cet évènement, la coutume locale voulait que, le premier dimanche de janvier, on partage une couronne symbolique faite de pâte à pain, la fouace (fouasso, fougasso ou flambado). Le pain était cuit sous la cendre du foyer. On en réservait une part pour le pauvre de passage. De façon à rendre cette fête plus conviviale on introduisit une fève dans la couronne et celui qui la trouvait était proclamé Roi. A l'origine, chez les romains, la fève servait de jeton pour désigner le Roi d'un banquet.
Par la suite, on ajouta des oeufs, du sucre, du beurre et un parfum (fleur d'oranger) à la pâte à pain de campagne. Les pâtissiers de Limoux l'agrémentèrent de fruits confits. C'est pourquoi on nom-ma cette couronne un « Limoux ».
Un dicton local faisait référence à cet évènement :
Bel temps als Reïs,
blat jusco als telhs
(Beau temps aux Rois,
blé jusqu'au toit).

Au nord de la Loire, on partage aussi la galette, mais elle est faite de pâte feuilletée et garnie de frangipane (pâte d'amande).

De nos jours encore, cette tradition est demeurée très ancrée et reste toujours largement fêtée, pour la plus grande joie des enfants qui collectionnent les fèves.

Odette Bedos

 

Couleur Lauragais N°18 - Décembre 1999 / Janvier 2000