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Couleur Lauragais : les journaux
" Balade du côté de Puylaurens "
Fièrement campé sur le rebord d'un plateau, à 350 mètres d'altitude et 15 km au Nord de Revel, Puylaurens fait partie de la judicature du Lauragais créée vers 1250 par Alphonse de Poitiers, l'époux de Jeanne de Toulouse, fille du dernier comte Raimon VII. Ce gros village, avec son important marché, possède un passé d'une richesse prodigieuse que nous limiterons ici à deux périodes : haut lieu du catharisme lauragais et place forte du protestantisme au XVIème siècle.


Le catharisme

Tous les villages du Lauragais qui existaient avant 1209 (ce qui exclut Revel fondé en 1342) ont un passé cathare. Le Pays de Laurac est la région où le catharisme fit le plus d'adeptes (50% de la population, selon Roquebert, éminent spécialiste de la question). Les castra comme Puylaurens, Cuq Toulza, Saint Paul Cap de Joux, Vielmur, Montgey et Vauré ont vu dans leurs ruelles se croiser Croyants, Parfaits et Parfaites.
Parmi les seigneurs de Puylaurens, Sicard est l'un des plus connus et il domine, avec sa famille, toute la région. Son fils Isarn est seigneur de Dourgne ; un autre fils Jourdain a hérité de Saissac, dans la Montagne Noire. En 1211, après la prise de Lavaur et la destruction totale de Montgey, Simon de Montfort, le chef de la Croisade, occupe Puylaurens où il ne rencontre aucune résistance. Les habitants, au nombre de 500 d'après le chroniqueur Guillaume de Tudèle, se soumettent aux Croisés. Leur seigneur Sicard avait abandonné château, bourg et villageois.
Le castrum possédait un cimetière cathare. Parfaits et Parfaites y tenaient des Maisons communautaires, avec des femmes dont nous avons conservé les prénoms : Alazaïs de Navarre, Flandine, Bérengère, Riche, Pomme, Roumenge de Roquefort. Après 1211 les seigneurs français remplacent les seigneurs occitans et Simon de Montfort donne la terre de Puylaurens à Guy de Lucy, puis Foucault de Berzy (ce dernier sera l'un des chefs croisés écrasés à la bataille de Baziège en 1219).

Le protestantisme

Puylaurens, au XVIème siècle, devient un des points forts du protestantisme lauragais : il semble bien, en effet, que les braises cathares du XIIIème siècle soient très mal éteintes et le vent fort de la Réforme suffit à rallumer un nouveau christianisme évangélique, avec comme centres Revel, Caraman ou Lanta (l'autre foyer de protestantisme se trouvant vers Gibel, Calmont, Mazères, Saverdun et Pamiers).


Porte de l'académie protestante
(crédit photo : Yves Rippol)

Puylaurens est aussi le siège d'une célèbre Académie qui formait les pasteurs de la religion réformée. Les luttes, en Lauragais, entre catholiques et protestants furent atroces. En nous dirigeant vers le Sud-Est, nous traversons Pechaudier et Aguts, puis nous atteignons Montgey - Auvezine, village célèbre dans les annales de la Croisade. En 1211, pendant le siège de Lavaur par Simon de Montfort, des renforts croisés venant de Carcassonne composés d'Allemands et de Frisons cheminaient vers Lavaur. Le comte de Foix, Raimon Roger, les intercepte vers Montgey. Les Occitans s'étaient dissimulés dans les bois. Bénéficiant de l'effet de surprise et avec l'aide des paysans de la contrée, ils massacrent à peu près intégralement les Allemands. Une stèle à Auvezines, témoigne de cette bataille. C'est l'un des rares monuments relatif à la Croisade contre les cathares (1209 - 1229). Il faut aussi voir la place Raimon d'Alfaro à Avignonet.

En poussant vers le Sud nous atteignons Nogaret, petit village qui a donné une famille remarquable, dont notamment Guillaume (il était né cependant à St Félix); ce dernier n'a pas hésité à gifler un pape (Boniface VIII) qui en mourut, dit-on, d'émotion. Plus loin encore se trouve St Félix, avec son énorme château, sa très belle collégiale, sa commanderie, sa butte des Trois Moulins où des centaines de Parfaits, en 1167, créèrent les quatre évêchés cathares d'Agen, Albi, Carcassonne et Toulouse. A Vauré qui fut certainement un castrum important, un dignitaire cathare (un diacre) s'occupait des Croyants.
Dans le Lauragais profond aux mille collines, partout, dans les ruelles des villages, dans les sentiers, dans les bois, nous nous trouvons face à face avec de très forts souvenirs de cette époque hérétique. Découvrons donc ces églises si belles, ou pittoresques parfois, ou ce chrisme gravé sur un linteau de la chapelle romane de Notre Dame de Noumérens, ou encore ces pigeonniers et les vestiges de moulins. Pénétrons enfin dans le superbe musée de Magrin pour ouvrir le livre de l'épopée du pastel.


Jean Odol

MARIANNE

La célébration du bi-centenaire de la République en 1989, a permis de confirmer l'origine puylaurentaise du prénom de Marianne attribué à son emblème (publication de l'historien Maurice Agulhon). C'est Guillaume Lavabre, cordonnier de son état, et troubadour à ses heures, qui, en octobre 1792, donna en effet à la nouvelle République ce prénom féminin très répandu à ce moment-là dans la région. Domicilié rue Foulimou depuis sa naissance, il composa en l'honneur de l'évènement une chanson intitulée " la Garisou de Marianna ", preuve que Puylaurens est bien le " Berceau de la Marianne républicaine " comme l'annoncent les panneaux placés aux entrées du bourg.
Gisèle Taillefer

Couleur Lauragais N°8 - Décembre 1998/Janvier 1999