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Couleur Lauragais : les journaux

Balade

" Balade du côté de Laurac et dans la Piège "

La Piège est une micro-région incluse dans le Lauragais. Elle est située au sud-est de Castelnaudary sur une partie des communes des cantons de Fanjeaux, de Salles et de Belpech. Les couches géologiques qui affleurent sont constituées de lentilles de marne, de grès, de bancs calcaires. Dans un Lauragais globalement très riche, c'est une région dont la faiblesse économique est dûe à une terre relativement médiocre, recouverte de vastes étendues de bois et de forêts, de landes du côté de Laurac, Génerville, Fonters du Razès ou Payra. C'est la route aux solitudes avec de très petits villages et une population relativement clairsemée.

Laurac
(crédit photo : B. Bouchard)

Il faut admirer le village de Laurac le Grand depuis les collines qui le dominent au sud, au Puy du Faucher (altitude 400 mètres). Cette ancienne capitale féodale du Lauragais présente un plan circulaire d'un castrum type avec des ruelles se lovant autour de l'église occupant le point le plus haut. C'est le plus beau castrum cathare du Lauragais. L'église est énorme par ses dimensions. Il s'agit d'un bâtiment prestigieux de la Reconquête catholique comme à Fanjeaux, Saint Félix ou Avignonet. Elle occupe vraisemblablement l'emplacement du château du 12ème siècle aujourd'hui disparu. Un très vieux mur, appelé "le mur de Blanche", garde le souvenir pathétique de Blanche de Laurac, seigneuresse du lieu et haute figure du catharisme lauragais. La famille des Laurac est la plus puissante du Lauragais. Aux 12ème et 13ème siècles, elle possédait pratiquement tout le Lauragais oriental. Une autre figure célèbre, Bernard Oth de Niort, le dernier seigneur de Laurac qui résiste longuement à la Croisade depuis ses châteaux de Niort, au fond des forêts du Pays de Sault. Laurac recèle une porte, de vieilles pierres, de vieux murs qui témoignent d'un passé particulièrement brillant. Ah, si seulement ces pierres pouvaient parler...

En nous dirigeant vers le sud-ouest, sur les bords de la Vixiège, nous trouvons un autre castrum intéressant : Cazalrenoux. C'est une porte fortifiée avec des restes de remparts, mais qui vaut surtout le détour pour son église romane fortifiée avec d'énormes piliers de soutènement et aucune ouverture. Des murs en gros blocs de pierres donnent un cachet unique et archaïque à cet édifice datant environ des 11-12èmes siècles.

Tout près de là, Gaja la Selve, village à proximité d'une immense forêt. Ce lieu boisé est célèbre par un épisode de mai 1242. Les inquisiteurs sont massacrés à Avignonet dans la nuit de l'Ascension du 28 au 29 mai. Les meurtriers sont des chevaliers faidits descendus de Montségur. Ils ont couché ici, dans la forêt de Gaja, dans la forge de Gennevières. Du village féodal, il reste quelques pans de murs d'enceinte et, dans l'église, certains chapiteaux seraient du 13ème siècle.

Continuons notre chemin jusqu'à Salles sur l'Hers. Il s'agit d'une bastide dont la position stratégique commande deux vallées qui confluent au pied du village. Cette bastide a parfaitement conservé le plan orthogonal avec ses rues droites et une place très vaste qui traduit un puissant marché aujourd'hui disparu. C'était le centre d'une petite région d'élevage de moutons, comme toute la Piège, dans un pays qui vécut longtemps de la production de laine. Vers l'est, un énorme donjon domine le village avec un plan grossièrement carré, des murs très épais et sans ouverture. Il daterait du 12ème siècle et serait donc l'un des monuments d'architecture militaire parmi les plus anciens du Lauragais, avec le donjon d'Auriac sur Vendinelle. L'église, en grès, présente un très beau clocher pignon.

En remontant la vallée de la Vixiège, nous atteignons Fanjeaux, un haut lieu dominicain et en même temps cathare. Son nom vient de Fanum Jovis (fanum=temple ; jovis=Jupiter), c'est donc une fondation romaine. L'histoire de ce castrum est d'une richesse exceptionnelle : c'est ici que Dominique a été curé de Fanjeaux de 1206 à 1214, qu'il a fondé l'ordre des dominicaines à Prouille. C'est ici qu'Esclarmonde de Foix, la soeur du comte, a reçu le consolament cathare.

Jean ODOL


Couleur Lauragais N°5 - septembre 1998